Mio Angelo

Chapitre 16

Les jours passèrent dans un rythme incertain chez les Noveli. Emma s'adaptait lentement à sa nouvelle réalité, oscillant entre l'appréhension et l'étrange sentiment de sécurité qu'Angelo lui procurait. Chaque matin, elle se réveillait dans cette chambre au décor épuré, bercée par la lumière douce du matin qui filtrait à travers les rideaux.

Damiano, toujours aussi attentionné, faisait en quelque sorte de lui apporter un peu de réconfort. Il la trouve souvent en train de lire dans le jardin, un livre à la main, profitant du soleil. Les après-midi se déroulaient entre des discussions autour de la table, où elle partageait des plats typiques, et des moments d'apprentissage, où elle essayait de comprendre l'univers complexe dans lequel elle avait atterri.

Un jour, alors qu'elle se trouvait dans le jardin, un petit groupe de membres du gang s'approche. Emma reconnaissait quelques visages, mais elle ne connaissait pas encore leurs noms. Ils parlaient dans un mélange de dialecte napolitain et d'italien standard, ce qui rendait certaines de leurs phrases difficilement compréhensibles. Elle les observait discrètement, imposait d'absorber chaque mot, chaque expression.

Angelo, comme d'habitude, restait en retrait, mais ce jour-là, il s'approche d'elle avec un café à la main. « Ragazza », dit-il simplement, s'asseyant sur le banc à côté d'elle. Emma sentit une chaleur se répandre en elle, une sensation qu'elle ne comprenait pas totalement.

« Bonjour », répondit-elle avec un timide, posant son livre sur ses genoux. Elle avait du mal à se concentrer sur les mots, le regard d'Angelo la perturbant.

Il garda le silence, mais un léger sourire apparut sur son visage en voyant son intérêt pour la lecture. « Qu'est-ce que tu lis ? » exigea-t-il enfin, sa voix basse et calme.

« C'est un roman sur l'amour et la trahison », expliqua-t-elle, un peu hésitante à révéler ses pensées. « Ça parle des défis que les gens doivent surmonter. »

Angelo pencha légèrement la tête, son regard s'adoucissant. « Il y a toujours des défis », dit-il, presque pensif. « Mais parfois, on doit aussi choisir notre camp. »

Emma sentit une légère tension dans ses muscles, consciente que ses paroles résonnaient avec sa propre situation. Elle souhaitait comprendre, mais la peur d'ouvrir certaines portes la retenue.

Plus tard dans la soirée, alors qu'elle aidait Damiano à préparer le dîner, une certaine complicité naquit entre eux. « Tu es différent des autres », lui lance-t-il en coupant des légumes. « Tu ne sembles pas effrayée par eux. »

Emma le regarda, surprise par son affirmation. « Je ne sais pas si c'est ça. J'essaie juste de m'adapter. »

« C'est ça, tu t'adaptes, mais tu n'acceptes pas tout », répliqua-t-il, un sourire amusé sur le visage. « C'est bien. Ils ont besoin de gens comme toi. »

Elle haussait les épaules, ne sachant pas vraiment quoi dire. Au fond, elle se sentait perdue entre la peur des événements récents et le désir de se lier avec ceux qui l'entouraient.

Le soir, après le dîner, elle se retrouva dans le salon avec Angelo. Il était plongé dans un dossier, la lumière tamisée créant des ombres sur son visage. Emma s'approche, le regard curieux.

« Tu travailles beaucoup », observe-t-elle, un léger sourire aux lèvres.

« C'est nécessaire », répondit-il sans lever les yeux. « La famille est ma priorité. »

Emma acquiesça, sentant une admiration grandissante pour sa détermination. Elle s'assit en silence, lui laissant le temps de finir, mais elle ne pouvait s'empêcher de l'observer. Les traits de son visage, la façon dont il se concentrait, tout cela l'intrigait. Un frisson d'anticipation parcourut son échine.