Chapitre 1

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                                                                                             ADA


Je lève la tête vers le ciel. Les yeux fermés, je laisse ce bien-être grandir en moi. Parce qu'il y a longtemps que je ne l'ai pas senti et c'est seulement dans ces courts instants, qu'il habite ma poitrine comme un nouveau souffle. Les goûtes tombent sur mon visage et j'esquisse un sourire. C'est comme si l'eau qui s'écrase sur ma joue est un signe que je suis encore là. Que je suis vivante. Elles me rappellent que je peux encore sentir ce froid sur ma peau. Comme ce son, celui de la pluie. C'est le même tonnerre qui gronde dans ma tête. La pluie est mon réconfort. Elle me comprend. L'orage crie haut et fort ce que je ressens. Ce que je garde au fond de mon âme.

J'aime la pluie. J'aime ce son. J'aime qu'elle me comprenne. J'aime qu'elle me fasse me sentir vivante comme en cet instant.

Je laisse mes bras retombés le long de mon corps. Je prends une profonde inspiration et expire en sentant combien mon cœuret mes pensées se calment. J'ouvre les yeux, les nuages gris m'accueillent, la pluie se fait plus forte, je suis trempée mais je n'en ai rien à faire parce que pour la première fois, depuis longtemps, je sais que je suis encore là.

Je tourne la tête vers mes camarades. Tous sont abrités à l'intérieur du bâtiment. Je suis la seule sous cette pluie. Tous me regardent sans étonnement, juste avec un regard de lassitude. Mais je m'en fiche. Je me sens bien, là. Personne ne peut comprendre ce que ça fait de se sentir vivante quand on a l'impression de ne plus l'être depuis longtemps.

Aucun d'eux n'est mon ami. Aucun d'entre eux ne me comprennent. En cet instant, comme chaque fois, je suis la fille solitaire qui est cinglée.

Touts ces regards sur moi ne me font plus d'effet. Plus rien ne semble me touché. Il n'y a que ce vide en moi. Un vide que je déteste et que j'aimerais expulser de ma poitrine.

Parmi touts ces regards, il y en a qu'un seul qui ne me regarde pas d'un air de lassitude, d'étonnements ou de pitié. Non...Son regard à lui, est rempli de curiosité, d'envie et de sincérité. Mon regard reste accroché au sien.

Il hausse un sourcil, son regard d'une couleur magnifique me fait déglutir. Je fronce les sourcils quand je me rappelle où j'avais vu cette couleur noisette. Justin Thomas. Il m'a pris mon annuaire de lycée quelques jours auparavant mais ne me l'a pas encore rendu. Je cherche toujours à comprendre cet épisode. Je ne le connais pas, lui non plus ne me connait pas alors pourquoi a-t-il pris mon annuaire ce jour-là ? Je l'ignore. Mais ce garçon semble en savoir plus que moi.

Ces lèvres pulpeuses s'étirent en un sourire que je ne lui rends pas. La pluie s'est arrêtée mais pourtant mon cœur continue de battre la chamade. Comme si je n'avais plus besoin d'elle pour me sentir moi-même, pour me sentir vivante. Les élèves à l'intérieur commencent à se disperser mais Justin continue de m'observer. Sa main sur son sac qu'il tient sur son épaule. Une fille à coter de lui, lui parle mais il ne semble pas y prêter attention.

Je relève la tête, replace mon sac sur mon dos et rompt tout contact avec lui. Mais son regard semble ne pas quitter mes pensées. Des yeux noisette si étincelants qu'on a l'impression d'y voir le soleil à l'intérieur. Comme si la noirceur des miens se complétaient avec la lumière des siens.

La sonnerie retentit, les élèves se dirigent dans le couloir mais je reste plantée là au milieu de la cour. J'attends que le monde disparaît. J'attends de ne plus rien entendre pour avancer vers la sortie à quelques pas de moi.

Personne pour me dire de rester dans ce lycée pourri, je fonce vers le portail ouvert. Je sais que je risque pire chez moi en sortant d'ici mais j'ai besoin de changer d'air. Je ne supporte plus ces bruits de couloir, ses chuchotements dans mon dos... Mais c'est fini, c'est la fin du lycée. Je n'aurais plus à supporter tout ça.

Ton Amour Pour GuérirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant