Sparks of Attraction [ terminé ]

33. Âmes Perdues

Juan Maldonano

" from strangers to friends friends into lovers and strangers again"

- Céleste.

Le vent souffle légèrement, mais ça ne suffit pas à apaiser la tempête à l'intérieur de moi. Chaque jour, je me réveille avec cette même sensation, comme si quelque chose était resté inachevé, coincé dans le passé. Comme si un poids invisible m'écrasait le cœur. Je pensais qu'en restant ici, proche de lui d'une certaine manière, ça finirait par passer. Mais rien n'y fait.

La culpabilité et la douleur ne font qu'un.

Je n'arrive pas à oublier cette dernière conversation avec Alessandro. C'était froid, distant. Comme si on n'était plus les frères qu'on avait été. Je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé entre nous ce jour-là. Est-ce que c'était de ma faute ? Peut-être que je n'ai pas vu les signes. Peut-être que j'ai laissé la tension prendre le dessus.

« T'as changé, Juan. » C'est ce qu'il m'avait dit. D'une voix calme, presque neutre, mais qui me glaçait. À l'époque, je n'avais pas relevé. J'avais haussé les épaules, comme d'habitude, pensant que ça finirait par s'arranger. Après tout, combien de fois avait-on traversé des tempêtes ensemble ? Mais cette fois, c'était différent. Je le savais, au fond. Et maintenant, c'est trop tard pour faire marche arrière.

La mort d'Alessandro m'a frappé comme une balle en plein cœur. Pas seulement à cause de l'amitié qu'on avait, mais à cause de la façon dont on s'est quittés. Ce dernier échange me hante plus que sa mort elle-même. Je n'ai jamais eu la chance de le voir sourire une dernière fois, de partager un verre avec lui, de lui dire que j'étais là pour lui, malgré tout.

Je regarde l'océan. Ces vagues incessantes me rappellent que je suis encore en vie, que le monde continue de tourner alors que je reste hanté par cette conversation, dans ce moment où j'aurais dû dire quelque chose, n'importe quoi, pour réparer ce qui avait été brisé entre nous.

Je ne peux pas rester ici.

C'est décidé. Je vais retourner au Mexique. Je dois affronter tout ça. Revoir les gars, ceux avec qui j'ai partagé avant que ma vie ne bascule pour la NISA. Peut-être qu'ils sauront quelque chose que j'ignore. Peut-être qu'ils pourront me donner des réponses. Ou au moins, me permettre de tourner la page.

Je prends une longue inspiration, j'abaisse mon store, débranche mon frigo puis je me tourne vers ma valise, mes doigts tremblent légèrement quand je ferme celle-ci. Rien de plus que quelques vêtements, un passeport et de l'argent. En fermant la porte arrière, je regarde une dernière fois ma moto cachée par le drap blanc. Hawaï n'a jamais été un vrai refuge, juste une manière de fuir. Mais la fuite ne mène à rien, je le sais maintenant.

Je dois affronter la vérité.

Le voyage jusqu'à Mexico est long, mais je ne ressens rien. Aucune impatience, aucun soulagement, juste une froideur intérieure qui contraste avec la chaleur accablante de la ville.

Tout me paraît à la fois familier et étranger. Ça fait des années que j'ai quitté cet endroit, que j'ai laissé derrière moi ce monde de flics, de corruption et de violence. Pourtant, rien n'a vraiment changé, à part moi.

Quand je suis parti pour Hawaï, je pensais que ça m'apporterait une nouvelle vie, un nouveau départ avec la NISA. Mais en réalité, je n'ai fait que fuir. Fuir mes erreurs, fuir la mort d'Alessandro, fuir tout ce que j'avais laissé derrière moi ici, y compris ma propre famille. Je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis des années, et je doute qu'ils en cherchent.