L'Etreinte des destins

Chapitre 6 : Premiers Frissons de l'Amour

Elora se tenait dans la clairière, entourée par une forêt épaisse, le vent frais caressant doucement sa peau. Le silence de la nature l'apaisait, mais ce calme n'effaçait pas les tourments intérieurs qui l'agitaient. Depuis des semaines maintenant, sa vie était partagée entre deux mondes, deux hommes aux destins opposés, et des émotions qu'elle n'arrivait pas à comprendre entièrement.

Ronan était là, à quelques mètres d'elle, appuyé contre un arbre, les bras croisés. Son regard perçant la suivait comme un fauve guettant sa proie. Il incarnait une force brute, une énergie indomptable qui émanait de lui, même lorsqu'il était immobile. Avec lui, Elora se sentait vivante, chaque sensation amplifiée, comme si son corps et son âme vibraient à l'unisson avec la nature sauvage qui l'entourait. Sa proximité éveillait en elle des instincts primaires qu'elle n'avait jamais ressentis auparavant. Une attraction irrésistible, presque animale, la poussait vers lui.

Pourtant, cette même force l'effrayait. Avec Ronan, tout semblait sur le point de basculer. Il ne contrôlait pas toujours ses pulsions, et la pleine lune qui approchait exacerbait sa tension. Elora le voyait, le sentait, dans ses mouvements plus brusques, dans la manière dont ses yeux luisaient d'un éclat doré quand il la regardait. Chaque fois qu'il la touchait, c'était comme si une étincelle traversait son corps, un frisson de désir brut qui la consumait.

"Tu es trop près du danger, Elora," murmura Ronan d'une voix rauque, brisant le silence. "Je peux sentir la pleine lune qui approche, et je ne sais pas si je pourrai me contrôler."

Elora s'avança vers lui, sentant la chaleur de sa présence avant même qu'elle ne le touche. "Je te fais confiance, Ronan," murmura-t-elle en le regardant droit dans les yeux, ses propres émotions confuses. "Je sais que tu ne me ferais jamais de mal."

Ronan poussa un soupir profond, et un sourire amer effleura ses lèvres. "Tu ne sais pas à quel point c'est difficile de se retenir avec toi, Elora. Tu es... tu es tout ce que je désire, et c'est ça qui est dangereux."

Elle tendit la main pour effleurer son bras, sentant la chaleur de sa peau à travers la fine chemise. Il frissonna à son contact, mais ne bougea pas, ses yeux d'or rivés sur elle. Il était à la fois sauvage et vulnérable, et elle ne pouvait s'empêcher d'être attirée par cette dualité.

"Tu n'es pas seul," murmura-t-elle, ses doigts glissant doucement sur son bras. "Je suis là."

Mais même dans cette intimité, l'ombre d'Aleksei planait sur son esprit. Chaque fois qu'elle était avec Ronan, une part d'elle pensait à lui. Aleksei, avec son calme glacial et son contrôle absolu, était l'opposé parfait de Ronan. Il ne s'abandonnait jamais à ses instincts, mais c'était précisément ce contrôle qui rendait chaque moment passé avec lui d'autant plus intense.

Plus tard, alors que la nuit tombait et qu'Elora se retrouvait dans la demeure obscure d'Aleksei, elle sentit la différence dans l'air. La lumière tamisée des chandeliers, le froid qui régnait dans le château ancien, tout semblait figé dans le temps. Aleksei s'avança vers elle avec cette élégance détachée qui lui était propre, mais dès qu'il était près d'elle, son regard brûlait d'une intensité silencieuse.

"Je t'attendais," dit-il doucement, sa voix comme un murmure dans le silence de la pièce.

Elora sentit son cœur s'emballer, mais pas avec la même férocité que près de Ronan. Avec Aleksei, c'était plus subtil, plus profond. Une attirance qui naissait dans l'esprit autant que dans le cœur. Il éveillait en elle des pensées qu'elle n'avait jamais explorées, une connexion qui semblait aller au-delà du temps.

"Tu es toujours là quand j'en ai besoin," dit-elle doucement en s'approchant de lui. "Mais je sens que tu t'éloignes parfois, comme si tu luttais contre ce que tu ressens."

Aleksei la regarda longuement, comme s'il pesait chaque mot. "Je lutte contre beaucoup de choses, Elora. Mais toi... tu es la plus difficile à ignorer."

Elle posa une main sur son torse, sentant les battements lents et réguliers de son cœur. Son corps était froid au toucher, mais il dégageait une certaine chaleur émotionnelle, une tendresse qu'il ne montrait que rarement.

"Tu n'as pas à te retenir avec moi," murmura-t-elle.

Aleksei ferma les yeux un instant, comme s'il absorbait ses paroles, puis il prit délicatement sa main dans la sienne. "Je crains de te perdre, Elora. Et avec Ronan... je sens que cela pourrait arriver."

Elle leva les yeux vers lui, surprise par cette confession. Aleksei n'était pas du genre à exprimer ses doutes, encore moins ses craintes. Mais sous cette froideur apparente, elle voyait maintenant la vulnérabilité qu'il dissimulait.

"Vous êtes tous les deux importants pour moi," dit-elle avec sincérité. "Et je... je ne sais pas comment gérer tout cela. Mais je sais que je ne veux pas choisir. Je ne peux pas."

Aleksei laissa échapper un léger soupir, mais ne dit rien. Il comprenait ses paroles, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles. Il tira doucement Elora contre lui, l'enveloppant dans une étreinte qui, bien que différente de celle de Ronan, était tout aussi puissante. Dans ses bras, elle se sentait protégée, mais elle savait que cette protection venait avec un prix. Aleksei ne partageait pas facilement ce qui lui appartenait, et elle craignait que sa jalousie ne le consume.

Le dilemme d'Elora grandissait de jour en jour. Ses sentiments pour Ronan étaient comme un feu sauvage, brûlant avec intensité, tandis qu'avec Aleksei, c'était comme une rivière calme mais profonde, pleine de mystère et de secrets. Comment pouvait-elle espérer équilibrer ces deux forces opposées sans se perdre elle-même ?

Les deux hommes, bien que méfiants l'un envers l'autre, commençaient à comprendre que leur destin à tous trois était inextricablement lié. Ils savaient que la prophétie parlait de l'union de leurs âmes pour combattre Thorne, mais l'amour et la jalousie rendaient cet équilibre presque impossible à atteindre. Ronan était prêt à se battre pour Elora, à la protéger à tout prix, tandis qu'Aleksei, plus calculateur, cherchait des moyens de garder son contrôle tout en lui offrant sa loyauté.

Mais cette jalousie silencieuse, ce désir partagé, risquait à tout moment de les détruire de l'intérieur.