Chapitre 6

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Décembre approchait, et avec lui l'occasion pour Seraphine de rendre visite à sa famille. L'académie fermerait exceptionnellement pour les vacances, et elle devait quitter son petit village, préparer sa robe pour les fêtes, et surtout, trouver des cadeaux pour ses proches. Elle avait déjà acheté celui de Lyra, mais elle hésitait à en choisir un pour Elysian. Ce simple geste lui semblait puéril, surtout après plusieurs semaines de silence entre eux. Seraphine passait désormais plus de temps à la bibliothèque que dans les cours, se réfugiant dans les livres pour éviter la réalité. Elle s'était rapprochée de Lyra, tentant de maintenir un semblant de normalité, mais à chaque question de son amie concernant Elysian, elle mentait. Elle prétendait ne plus rien ressentir, alors qu'en vérité, ses sentiments pour lui étaient toujours là, enfouis, mais bien réels.

Un jour, alors qu'elle errait dans les couloirs, une douce odeur d'encens attira son attention. Elle suivit ce parfum jusqu'à la salle de classe, où elle trouva Elysian, appuyé contre une fenêtre, perdu dans ses pensées. Il semblait différent, plus ancré dans la réalité que d'habitude. Quand elle fit un pas de plus, le bruit de ses talons résonna dans la pièce, attirant son attention.

« Puis-je savoir ce qui t'amène ici ? » demanda Elysian d'un ton sec, presque distant.

« L'odeur de l'encens m'a guidée jusqu'à vous, monsieur, » répondit-elle, presque sur la défensive, sentant la tension dans l'air.

Elysian s'approcha et ferma la porte derrière elle, isolant la salle dans un silence solennel. Le moment lui rappelait leurs jours plus doux, avant que tout ne change. Il se tourna vers elle, franchissant la distance, et d'un geste doux, caressa son visage. Le contact de ses doigts glacés fit frissonner Seraphine, mais elle se laissa emporter par la tendresse du moment.

« Tu m'as manqué, Seraphine, » murmura-t-il, sa voix pleine de regret.

« Vous aussi, Elysian, » souffla-t-elle en retour.

Il s'approcha davantage, jusqu'à ce que leurs souffles se mêlent. Seraphine, troublée, baissa les yeux, incapable de détacher son regard de ses lèvres. Son cœur battait à tout rompre, ses sentiments refoulés menaçant d'éclater. Tous ses fantasmes, tous ses rêves réprimés, pouvaient enfin se réaliser.

« Tu m'as terriblement manqué, » répéta Elysian, sa voix presque brisée par l'émotion.

« Vous m'avez manqué aussi, » avoua-t-elle, son cœur prêt à exploser.

Sans un mot de plus, Elysian prit son visage entre ses mains et posa un baiser délicat sur ses lèvres. Le monde s'effaça autour d'eux. Seraphine, prise de vertige, sentait ses jambes flancher sous l'intensité du moment. L'homme qu'elle aimait secrètement l'embrassait, là, dans cette salle de classe déserte, avec pour seul témoin le parfum d'encens qui se dissipait dans l'air. Elle répondit à son baiser, l'intensifiant, ne voulant plus jamais lâcher prise. Quand ils se séparèrent, à bout de souffle, Elysian la serra contre lui, comme s'il ne voulait jamais la laisser partir.

« Je suis désolé... J'aurais dû te dire la vérité bien plus tôt. J'aurais dû faire cela bien avant, » murmura-t-il, la voix tremblante.

« Ce n'est rien, » répondit Seraphine, soulagée, un poids immense enfin levé de ses épaules.

Pour elle, ce moment était libérateur. Elle venait de retrouver l'ami qu'elle aimait tant, et aujourd'hui, ils avaient échangé un baiser qu'elle n'aurait jamais cru possible, un baiser digne d'un film romantique, parfait dans toute sa simplicité. L'encens se consumait lentement, marquant la fin de cet instant volé.

« Il est temps de rentrer, » dit Elysian, rompant le silence.

Ils quittèrent l'établissement en silence, marchant côte à côte à travers la forêt jusqu'au village. Ce fut leur dernier moment ensemble avant les vacances. Seraphine se coucha ce soir-là le cœur léger, tandis qu'Elysian, allongé dans son lit, ne put s'empêcher de repenser à elle toute la nuit, incapable d'effacer l'image de ses lèvres contre les siennes.

Malgré elle, le lendemain, Seraphine se retrouva devant le portail de l'académie, son cœur battant d'une appréhension douce-amère. Elle l'attendait, décidée à offrir un dernier geste avant de quitter la ville pour les fêtes. Dans ses mains tremblantes reposait un cadeau de dernière minute – un poème, simple et sincère, qu'elle avait rédigé avec son cœur, destiné à l'homme qu'elle aimait.

C'est alors qu'elle le vit. Elysian, vêtu de noir comme à son habitude, avec cette cravate rouge qui tranchait élégamment avec son apparence sombre. Ses cheveux en bataille dansaient dans le vent hivernal.

« Bonjour Seraphine, » commença-t-il, sa voix calme initiant une conversation presque banale, mais chaque mot semblait vibrer dans l'air entre eux.

« Bonjour, monsieur. Tout d'abord... ceci est pour vous. Ce n'est pas grand-chose, juste une lettre que j'ai écrite moi-même. Et ensuite, je tenais à vous informer que je vais m'absenter pour quelques jours, pour les fêtes... Je vais rendre visite à ma famille, mais je reviendrai vite, je vous le promets, » dit-elle, un peu précipitée, tout en lui tendant la lettre.

Elysian, surpris, prit la lettre avec douceur. « Oh... c'est adorable. Merci. Je suis désolé, je n'ai pas de cadeau à t'offrir en retour. »

Seraphine sourit, amusée. « Ne vous inquiétez pas. À mon retour, vous n'aurez qu'à m'offrir un présent. »

Il lui rendit un sourire plus assuré. « Tu sais quoi ? Je t'offrirai une soirée entière en ma compagnie. Qu'en dis-tu ? »

Le cœur de Seraphine manqua un battement. « Très bien, » répondit-elle, un peu déconcertée, mais comblée par cette promesse inattendue.

Elysian inclina la tête légèrement. « Alors... Joyeux Noël, Seraphine. »

« Joyeux Noël à vous, Elysian, » murmura-t-elle en retour.

Dans un geste tendre, il se pencha et déposa un baiser délicat sur sa joue, un contact éphémère mais brûlant, avant de se tourner et de disparaître dans l'ombre de la forêt. Seraphine, son cœur en émoi, ramassa ses bagages et se dirigea vers la gare, prête à quitter la ville pour un temps.

Le voyage en train vers la maison familiale lui sembla à la fois interminable et irréel. Assise près de la fenêtre, elle observait le paysage défiler, mais ses pensées étaient ailleurs, entièrement capturées par l'image d'Elysian. Elle revivait encore et encore ce baiser si simple, mais empli de promesses non dites.

De son côté, Elysian, seul dans son bureau, ouvrit lentement la lettre que Seraphine lui avait confiée. Les mots tracés à la main le frappèrent en plein cœur :

**"Sous la lune, je murmure ton nom,
Écho d'un secret, voile d'abandon,
Chaque souffle, chaque nuit, te réclame,
Toi, l'ombre et la lumière de mon âme.

Ton regard, tel un voile d'étoiles,
Effleure mon cœur, me dévoile,
Et malgré les ténèbres de ton sort,
C'est à toi, à ton être, que je m'accroche fort.

Le vent, complice de nos silences,
Porte l'écho de ta douce absence.
Si seulement, dans un instant volé,
Nos lèvres pouvaient se retrouver.

Je t'aime, d'un amour éternel,
Toi qui défies les lois du ciel,
Et même si la mort te tient captif,
Mon cœur, à toi, reste attentif.

Sous la lune, je murmure ton nom,
Et chaque étoile devient un frisson,
Dans l'espoir que nos âmes, enfin réunies,
Bravent l'éternité et l'infini.
Tendrement,
Seraphine"**

Le papier portait des marques subtiles de brûlures, typiques de la magie délicate de Seraphine, mais chaque mot restait intact, vibrant d'émotions. Il referma la lettre avec précaution et la rangea dans un tiroir, le cœur lourd et empli d'espoir.

Comme chaque année, Elysian passerait Noël seul, en compagnie de sa solitude. Mais cette fois, quelque chose avait changé. Pour la première fois depuis des décennies, il espérait. Peut-être que l'année prochaine, il ne serait plus seul, et qu'il passerait Noël avec Seraphine.

Souffles Éthérées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant