Chapitre 2

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Qui est Seraphine ? C'est une question que beaucoup se posent, y compris Monsieur Vesper.
Seraphine est une jeune femme de 24 ans, fraîchement arrivée pour sa première année à l'Académie de Sorcellerie de Luminara. Comme beaucoup de sorciers de son âge, elle a vu ses pouvoirs se manifester tardivement, atteignant leur pleine puissance seulement récemment, ce qui l'a poussée à rejoindre cette école prestigieuse pour les maîtriser.

Elle a de longs cheveux bruns, souvent laissés libres, encadrant un visage fin et délicat. Ses yeux, d'une teinte profonde semblable à celle de sa chevelure, semblent refléter chaque nuance d'ombre autour d'elle. D'une silhouette élancée, Seraphine possède cette grâce naturelle qui attire le regard sans qu'elle n'en ait conscience. Contrairement aux autres élèves de l'Académie, elle préfère s'habiller entièrement de noir, ajoutant à son allure une touche de mystère presque gothique.

Malgré sa beauté à couper le souffle, Seraphine n'a jamais cherché à attirer l'attention. Elle est plutôt une observatrice, une solitaire. Les autres étudiants, eux, la perçoivent comme distante, presque froide. Mais ceux qui la connaissent un peu mieux savent que ce n'est pas par choix : Seraphine a toujours eu du mal à se faire des amis et à s'ouvrir aux autres. Son apparente indifférence cache en réalité une profonde timidité et une crainte d'être mal perçue.

En dehors de l'Académie, elle mène une vie tranquille dans un petit appartement au-dessus d'une boîte de nuit, en plein centre-ville. Elle y habite seule, avec pour seule compagnie son chat noir nommé Obsidian, ainsi appelé en hommage à une pierre noire qu'elle a toujours admirée. Parfois, le soir, elle descend dans le club en bas de chez elle, attirée par les lumières, la musique, et la présence humaine, mais elle n'y reste jamais très longtemps. Quelque chose dans l'atmosphère des lieux la met mal à l'aise, comme si elle ne parvenait pas à se fondre dans la foule, à s'accorder avec l'effervescence de la vie humaine qui l'entoure.

Elle supporte plutôt bien les humains, pourtant, une étrange fascination la pousse à les observer de loin, tout en restant méfiante. Seraphine ne sait pas encore si elle souhaite réellement créer des liens avec eux, ou si elle préfère se tenir à distance, préservant le fragile équilibre entre leur monde et le sien. Chaque fois qu'elle quitte la boîte de nuit, elle retrouve son refuge dans son petit appartement, où elle s'installe près de la fenêtre, le violon en main, jouant doucement jusqu'à ce que la mélodie des cordes l'apaise et la guide vers le sommeil.

Et c'est là, dans cette existence partagée entre l'Académie et son petit monde nocturne, que Seraphine commence lentement à se révéler. Mais qui est-elle réellement ? Pourquoi semble-t-elle toujours en retrait, à la fois attirée et repoussée par les autres ? C'est une question que peu de gens se posent vraiment... mais elle hante Monsieur Vesper.

Monsieur Vesper n'avait jamais rencontré une femme aussi belle dans ses souvenirs. Seraphine, avec son sérieux et son implication dans ses leçons, était tout l'opposée de ses jeunes élèves, qui s'efforçaient tant bien que mal de capter son attention par des moyens peu subtils. Elle ne lui faisait pas la cour ; elle ne cherchait pas à le séduire de manière grotesque. Son sérieux était naturel, et elle ne se comportait pas comme ses camarades masculins qui, eux, se permettaient de le tutoyer.

Entre ce professeur et son élève, l'écart d'âge était minime : il avait 27 ans, à peine plus âgé qu'elle. Cette proximité d'âge expliquait sans doute la popularité dont il bénéficiait au sein de l'établissement. Sa jeunesse et son charisme ne laissaient personne indifférent. Pourtant, cette même jeunesse était parfois une source de désagrément pour lui. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine gêne face à l'attention démesurée qu'il suscitait, surtout celle de ses élèves qui, avec leur admiration naïve, semblaient ignorer la ligne invisible qui les séparait.

Aussi cliché que cela puisse paraître, il incarnait parfaitement l'image du jeune et séduisant professeur mystérieux. Ses cheveux noirs épais et ses yeux d'un bleu profond faisaient fondre plus d'une étudiante, tandis que sa tenue vestimentaire, elle aussi, était loin de passer inaperçue. Contrairement à la majorité des enseignants qui adoptaient un style plus décontracté ou classique, Monsieur Vesper optait toujours pour un costume noir impeccable, assorti d'une chemise de la même teinte et d'une cravate rouge vif. Cette apparence stricte et un peu désuète le distinguait de ses collègues, et donnait à son allure une aura ténébreuse mais captivante. Un style rétro, certes, mais qui, étrangement, lui allait à merveille. Il incarnait à la perfection le fantasme du professeur séduisant, alimentant les conversations et les rêveries de ses élèves féminines.

Sauf pour Seraphine. Contrairement à toutes les autres, elle semblait indifférente à son charme. Pour elle, il n'était rien d'autre qu'un enseignant, et elle n'avait d'yeux que pour ses cours. Comme si elle n'avait aucun autre but dans sa vie, comme si quelque chose, au fond d'elle, était éteint. Et pourtant, c'est ce contraste entre sa beauté rayonnante et ce vide intérieur apparent qui le fascinait. Monsieur Vesper ne pouvait s'empêcher de la regarder, essayant de percer ce mystère silencieux. Toujours discrètement, bien sûr, pour que personne ne remarque que son regard se posait trop souvent sur elle.

Il observait chacun de ses rares sourires, épiant la moindre émotion sur son visage. Il voulait être ce professeur bienveillant qui saurait la pousser à s'ouvrir, celui qui lui donnerait la confiance nécessaire pour s'épanouir, pour enfin révéler tout son potentiel. Mais il n'osait pas franchir cette barrière invisible qui les séparait, se contentant de garder ses pensées secrètes.

Jusqu'au jour où, après un de ses cours, Seraphine brisa ce silence. Lorsqu'elle lui posa cette fameuse question, sa voix douce résonna dans la salle, le sortant de ses pensées. Pendant un instant, il se sentit figé, comme si le temps s'était suspendu. Il répondit rapidement, de peur que son hésitation ne se remarque, et lorsqu'elle tourna les talons pour partir, il ne put s'empêcher de la suivre du regard.

Il aurait voulu la retenir, trouver un prétexte pour prolonger la conversation, pour échanger avec elle de tout et de rien. Mais il resta là, immobile, observant cette silhouette mystérieuse s'éloigner. Car, au fond, Seraphine était pour lui un mystère qu'il rêvait de percer, une énigme fascinante qu'il souhaitait découvrir, même s'il devait le faire dans l'ombre de ses propres doutes.

Après ce moment intense, il s'installa lentement sur la chaise de son bureau, les pensées tourbillonnant dans son esprit comme un vent d'automne agitant les feuilles mortes. Ses yeux se perdirent un instant dans la lueur pâle de la lune qui filtrait à travers les fenêtres de la salle de classe. Il crut, l'espace d'un clignement de paupières, distinguer la silhouette de Seraphine, une apparition fugace qui sembla se dessiner dans la lueur argentée.

Un soupir échappa à ses lèvres, comme s'il essayait de relâcher le poids qui pesait sur sa poitrine. Il savait qu'il passait trop de temps à se perdre dans ses propres pensées, à ressasser les fragments d'une existence qu'il ne pouvait totalement comprendre. Pourtant, chaque réflexion le ramenait toujours vers le même point : Seraphine.

Un instant, il décida de se laisser aller, fermant les yeux pour laisser son corps se soulever doucement, flottant légèrement au-dessus de son siège. C'était son unique moyen d'échapper aux contraintes physiques du monde, de se libérer de tout ce qui l'oppressait. C'était son moment de tranquillité, où il pouvait s'élever, littéralement, au-dessus de ses soucis. Mais ce soir, même cette sensation d'apesanteur n'apaisa pas ses pensées.

Seraphine. Elle hantait son esprit comme un écho lointain, insaisissable mais omniprésent. Chaque expression de son visage, chaque mot qu'elle prononçait restait gravé dans son esprit, l'entraînant dans un tourbillon d'interrogations et d'émotions qu'il avait appris à réprimer.

Il tenta de ramener son esprit sur terre, de retrouver son calme. Mais il sentait que quelque chose avait changé, qu'il était déjà bien trop profondément absorbé par ce mystère qu'était Seraphine. Ce n'était plus simplement de la curiosité. C'était une obsession naissante qui le rongeait peu à peu, le faisant vaciller dangereusement sur le fil ténu qui séparait le professeur attentif de l'homme troublé.

Souffles Éthérées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant