Chapitre 4

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L'avion atterrit en douceur sur la piste d'atterrissage de l'aéroport de Los Angeles. Victoria ouvrit les yeux au moment où les roues touchèrent le sol, brisant le calme qu'elle avait enfin trouvé dans les airs. Autour d'elle, les passagers s'agitaient déjà, attrapant leurs bagages, impatients de quitter l'appareil.

Clara, toujours aussi excitée, se pencha vers elle. « Ça y est, on est là ! Los Angeles ! » lança-t-elle d'une voix joyeuse.

Victoria répondit par un sourire, mais son cœur battait la chamade. Elle se sentait perdue, étrangère dans cette ville gigantesque. La chaleur californienne l'enveloppa dès qu'ils descendirent de l'avion, une chaleur sèche et différente de l'air du Texas. À travers les grandes baies vitrées de l'aéroport, elle aperçut les palmiers, les voitures brillantes, et surtout, la ville qui s'étendait à perte de vue.

« Bienvenue à Los Angeles, » murmura sa mère, le regard ému en observant ce nouvel horizon.

Après avoir récupéré leurs valises, ils montèrent dans un taxi qui les emmena vers leur nouvelle maison. Le trajet leur parut à la fois long et court. Long, parce que la fatigue pesait sur eux après le voyage, mais court, car la ville défilait rapidement derrière les vitres du véhicule. Los Angeles ressemblait à un monde différent, avec ses gratte-ciels, ses avenues bordées de boutiques de luxe et ses quartiers résidentiels impeccables.

Victoria se sentait submergée par tout ce qu'elle voyait. Tout lui semblait trop grand, trop lumineux, trop... parfait.

« C'est si différent du Texas, » dit son père, presque pour lui-même, alors qu'ils quittaient le centre-ville pour s'enfoncer dans des quartiers plus calmes.

Le taxi tourna finalement dans une rue bordée d'arbres soigneusement taillés et de maisons aux façades immaculées. Ils entrèrent dans ce qui semblait être un quartier résidentiel cossu, chaque maison rivalisant de grandeur et d'élégance avec la suivante.

« Je crois qu'on est arrivés, » annonça le chauffeur en s'arrêtant devant une grande maison blanche aux volets bleus. Victoria resta bouche bée en voyant la taille de leur nouvelle demeure.

La maison était entourée d'un jardin parfaitement entretenu, avec des buissons taillés en formes géométriques et des fleurs colorées qui décoraient les allées en pierre. Deux étages s'élevaient fièrement, avec de grandes fenêtres qui laissaient entrevoir l'intérieur spacieux. Le porche, abrité par une élégante arche, donnait à la maison un air accueillant.

« Waouh... » murmura Clara, ébahie. Même elle, habituée à se réjouir de tout, semblait impressionnée par la beauté du lieu.

Victoria descendit du taxi, le cœur battant. Elle prit une grande inspiration, mais l'air ne lui parut pas aussi doux que dans leur ancienne maison au Texas. Ici, tout semblait trop lisse, trop parfait, comme dans un film. Elle ne savait pas si elle était censée se réjouir ou se sentir étrangère.

Son père paya le taxi pendant que sa mère ouvrait la porte d'entrée, et bientôt, ils se retrouvèrent tous à l'intérieur de leur nouvelle maison. Dès qu'elle franchit le seuil, Victoria se sentit minuscule dans cet espace vaste et lumineux. Le salon s'étendait sous un plafond voûté, baigné de lumière grâce aux grandes fenêtres. Les meubles, déjà installés par une entreprise de déménagement, étaient modernes et épurés, parfaitement assortis aux tons clairs des murs.

« C'est incroyable, » s'exclama sa mère en faisant le tour de la pièce. « C'est exactement ce dont nous avions besoin. »

Victoria, elle, ne partageait pas cet enthousiasme. Certes, la maison était belle. Immense, même. Mais quelque chose manquait. Peut-être était-ce l'absence des vieilles odeurs de bois et de terre de leur maison au Texas. Ici, tout sentait le neuf, le moderne, et rien ne lui semblait familier.

« Viens voir à l'étage, » lui dit Clara en courant vers l'escalier en colimaçon qui menait aux chambres. « Ta chambre est énorme ! »

Sans grande conviction, Victoria la suivit, montant lentement les marches en bois. La maison, bien qu'impressionnante, lui paraissait presque impersonnelle. À l'étage, elle découvrit sa chambre : spacieuse, avec une grande fenêtre donnant sur le jardin et des murs blancs immaculés. Un grand lit trônait au centre, déjà recouvert de draps neufs. Un bureau était placé près de la fenêtre, et des étagères vides attendaient d'être remplies.

« Alors, tu aimes ? » demanda Clara, un sourire impatient aux lèvres.

Victoria hocha la tête, mais au fond, elle ne savait pas. Tout semblait trop parfait, trop artificiel. Elle se dirigea vers la fenêtre et observa le voisinage. Des maisons tout aussi grandes et imposantes bordaient la rue, avec des voitures brillantes garées dans les allées et des enfants qui jouaient dans les jardins impeccables. L'endroit était tranquille, presque irréel dans sa propreté et son ordre.

« Ça va aller, » murmura-t-elle pour elle-même, tentant de s'en convaincre.

En bas, elle entendit ses parents discuter joyeusement de l'installation et de la chance qu'ils avaient de pouvoir s'offrir une maison aussi magnifique. Mais Victoria ne parvenait pas à partager leur enthousiasme. Elle se sentait comme une pièce mal ajustée dans ce puzzle parfait. Elle repensa à leur petite ferme texane, où tout était plus simple, plus naturel.

La soirée passa dans une sorte de flou. Après avoir mangé des pizzas livrées – leur premier repas dans la nouvelle maison – ils passèrent du temps à défaire quelques cartons. Victoria resta un moment dans sa chambre, observant les objets qu'elle posait sur les étagères sans réelle conviction. Chaque souvenir semblait moins important ici, dans cet espace trop grand pour elle.

Alors que la nuit tombait, elle s'assit sur le bord de son lit et fixa le plafond. Elle se sentait comme une étrangère, non seulement dans cette nouvelle ville, mais aussi dans cette nouvelle maison. Elle se demanda combien de temps il lui faudrait pour s'habituer. Ou si elle s'habituerait jamais.

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