•IDOLS•

CHAPITRE • 6

PRESENT

– Le discours de bienvenue commence dans cinq minutes, à l'atrium, nous informe Mme Tao. Je vous retrouve au rez-de-chaussée.

Nous restons figées jusqu'à ce qu'elle sorte, mais dès qu'elle n'est plus là, Candie change radicalement d'attitude.

C'est son impeccable sourire de scène qui disparaît en premier. Puis son language corporel passe de l'ouverture à l'hostilité manifeste. Je ne suis plis en présence de la youtubeuse charismatique, toujours prête à dispenser ses conseils beauté, ou de l'étincelante idol k-pop capable de capter l'attention d'un stade rempli de fans en folie. Sous cette façade de princesse à la douceur sirupeuse se cache la véritable Candice Tsai : une despote tyrannique, intransigeante, dure comme l'acier, prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut.

Elle était là personne la plus chère à mon cœur. Mais après m'avoir promis qu'elle serait éternellement là pour moi, elle m'a d'abandonnée à l'instant où le monde s'effondrait autour de nous. J'ai passé des journées entières à imaginer nos retrouvailles, à affiner des répliques aussi spirituelles que vengeresse à lui jeter au visage.

– J'aime bien ta frange...

Voilà tout ce que je trouve à dire.

Candie effleure ses cheveux du bout des doigts, puis laisse retomber sa main.

– Qu'est ce que tu fais là ?

Son ton est accusateur, comme si ma présence représentait un affront personnel.

– La même chose que toi, rétorqué-je, les bras croisés. Et alors ? Tu as le droit de vouloir ranimer ta carrière, mais pas moi ?

D'instinct, je suis sur la défensive. A la fin de notre relation, nous étions en conflit permanent. Mina devait sans cesse jouer les diplomates.

Or, Mina n'est plus là désormais.

– Je ne cherche pas la dispute, Sunny. Je ne m'attendais pas à te voir, c'est tout.

Je suis piquée au vif par son intonation condescendante et par le fait qu'elle utilise mon surnom, comme si nous n'avions pas été étrangères l'une pour l'autre pendant ces deux dernières années.

– Si la situation te paraît trop gênante, je peux demander à Mme Tao de me changer de chambre,  répliqué-je insolamment.

Elle me fixe sans ciller.

– Et pourquoi serais-je gênée ?

Pendant trois bonnes secondes, nous nous devisageons en silence, puis elle finit par remporter le duel ; je suis la premier à creuser sous son regard impérieux.

– Eh bien...parce que...nous...

A cet instant, quelqu'un frappe frénétiquement à notre porte, elle se détourne pour aller ouvrir. Subitement, un concert d'exclamation enthousiastes résonne depuis le seuil de la porte et dans le couloir. Quelques-unes des participantes à l'atelier se sont rassemblée dans le seul but de rencontrer la célèbre Candice Tsai.