▪︎ chapitre 11

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Jisung n'avait pas eu de nouvelles de Minho depuis que Chan s'était chargé de lui. De toute façon, comment aurait-il pu en avoir puisqu'il avait changé de numéro et ne le lui avait pas communiqué.

Cela faisait deux semaines depuis que le vernissage avait eu lieu, et même s'il était un peu inquiet, il n'allait pas envoyer un message à Hyunjin pour savoir comment allait son patron. Ou même pour obtenir son numéro. Quoi que… C'était peut-être ça la solution. Il pouvait toujours trouver un prétexte pour le drama, ça passerait inaperçu et il serait enfin rassuré.

Il secoua la tête pour chasser ces idées idiotes.

Ça tournait de nouveau à l'obsession. Minho était adulte et responsable — normalement. Il n'allait pas lui courir après pour s'assurer que tout allait bien et qu'il s'était remis de sa gueule de bois. Ça n'avait aucun sens. Mais Jisung n'était pas serein. Oui, il en voulait toujours à Minho. Oui, il n’avait aucune envie de reparler du passé avec lui. Cependant, ça ne changeait rien au fait qu'il était perturbé par l'attitude que l'homme avait envers lui. Tantôt il se montrait fier et hautain, tantôt il était complètement misérable.

Il avait connu Minho lunatique, avec des changements de comportements plutôt prononcés. L'homme s'était montré rude, froid, impassible, pour ensuite devenir souriant, presque tendre. Doux. Mais aujourd'hui, son comportement n'avait plus rien à voir avec celui qu'il avait eu par le passé. C'était un homme qui avait toujours une aura écrasante, mais qui, parfois, s'effaçait comme s'il souhaitait juste disparaître.

Dans la grande pièce à l'entrée du salon de tatouage, le soupir de Jisung résonna. Assis dans un fauteuil en velours bleu canard, sa jambe droite ne cessait de soubresauter sous le stress qui montait un peu plus à chaque seconde. Et ses réflexions au sujet de Minho n'arrangeaient en rien son état. Peut-être aurait-il dû demander son numéro ?

Un nouveau soupir quitta sa bouche et il bascula la tête en arrière. Il se trouva tellement bête qu'il eut envie de se donner deux bonnes claques. D'ailleurs, c'était à Minho de revenir vers lui, d'obtenir son numéro et de le remercier pour ce qu'il avait fait. C'était peut-être normal de l'avoir aidé, il l'aurait fait avec n'importe qui, mais c'était aussi la moindre des choses que l'homme agisse en conséquence.

Le grand rideau qui le coupait de la salle où Ryujin tatouait s'ouvrit pour dévoiler la jeune femme et son client. Elle adressa un sourire à Jisung avant d'emmener l'homme au comptoir pour le règlement. Elle lui donna quelques directives pour prendre soin de son tout nouveau tatouage, lui proposa une crème spécifique et il lui tendit quelques billets pour le paiement. D'un pas assuré, elle le conduisit jusqu'à la porte et la referma derrière lui.

— Ça va, ça s'est bien passé ?

Ryujin acquiesça avec un sourire.

— Nickel, c'était pas une grosse pièce. Pas comme le tien.

Tout fier, Jisung se leva. Il était prêt à passer entre les mains expertes de son amie pour son deuxième tatouage. Le premier — le médiator dans sa nuque —, il l'avait fait pour ses dix-neuf ans et il n'était pas très gros, cinq centimètres à peine. Là, il était question de se faire tatouer le torse, et le dessin que Ryujin avait élaboré avec lui prenait place sur ses pectoraux pour légèrement descendre au niveau de son estomac. Il appréhendait un peu, comme avant chaque modification corporelle d'ailleurs, et il ne se souvenait pas avoir autant stressé depuis qu'il s'était fait percer la langue.

Il s'assit sur le fauteuil et retira son t-shirt avec une certaine hésitation. Ryujin s'affairait déjà à préparer ses outils. Le bruit des gants en latex qui résonna dans la pièce contrastait avec l'ambiance feutrée de l'endroit. Il inspira profondément, tentant de calmer la tension qui ne cessait de grimper en lui. Ce n'était pas tant la douleur qui l'inquiétait — il connaissait déjà la sensation d'une aiguille dansant sur sa peau — mais plutôt tout ce qu'il ressentait depuis quelques jours. Comme une angoisse sourde qui ne le quittait pas. Une inquiétude qui le rongeait et le rendait amer. Il ferma les yeux un instant, en colère contre lui-même pour encore et toujours avoir cet homme à l'esprit.

ENTRE SES MAINS [TOME 2] ➹ minsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant