À la croisée des destins

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ROSALÍA

Le temps semble s'étirer. Nous continuons à parler, ou plutôt à échanger quelques phrases brèves, chaque mot pesant d'un sous-entendu que je ne comprends pas encore. Il y a quelque chose d'insondable chez Angelo, comme s'il portait un secret trop lourd pour être partagé. Pourtant, malgré la distance que je tente de maintenir, je me surprends à me détendre petit à petit en sa compagnie.

Les gens quittent lentement la boîte de nuit. La musique est moins assourdissante, les lumières plus tamisées, et la foule s'est largement dispersée. Il ne reste plus qu'une poignée de personnes qui traînent autour du bar ou sur la piste de danse. La voix d'Angelo continue de résonner dans mon esprit. Il parle peu, mais chaque mot qu'il prononce semble calculé, pensé.

À un moment, je remarque que le personnel commence à ranger les verres et à éteindre certains éclairages.
- On dirait qu'il est temps de partir, dis-je en regardant autour de moi.

Angelo acquiesce d'un léger signe de tête. -On dirait bien. Mais ni lui ni moi ne faisons immédiatement le mouvement de nous lever. Nous restons encore quelques instants, comme suspendus dans cette bulle de silence qui nous entoure, tandis que le monde autour de nous s'éteint lentement.

Finalement, il se lève, et je l'imite. Nous sortons ensemble de la boîte de nuit, l'air frais de la nuit venant caresser mon visage. La rue est déserte, éclairée seulement par les réverbères solitaires.

Nous continuons à marcher côte à côte, chacun perdu dans ses pensées. Il y a une certaine distance entre nous, une distance que ni lui ni moi ne cherchons vraiment à combler. Ce moment est éphémère, et nous le savons tous les deux.

Au bout de quelques minutes, nous arrivons au coin d'une rue où nos chemins semblent se séparer. Angelo ralentit et s'arrête, et sans vraiment y réfléchir, je fais de même. Le silence s'étire un instant avant qu'il ne prenne la parole.

-C'était sympa, dit-il, d'un ton neutre, comme si la soirée n'avait été qu'un simple moment partagé entre deux inconnus.

-Oui, c'était sympa, réponds, mon regard fixé quelque part dans la rue déserte devant nous. Ni lui ni moi ne faisons le moindre geste pour prolonger la conversation.

Il y a un bref silence, puis il me regarde, sans sourire cette fois.
-Bonne chance, Rosalía.

Je hoche la tête, reconnaissant que c'est la fin de cette rencontre.
-Toi aussi, Angelo.

Il acquiesce doucement, sans insister. Il tourne les talons, et sans un mot de plus, il s'éloigne dans la rue sombre. Je reste là quelques instants, observant sa silhouette qui s'efface dans l'obscurité, puis je me retourne à mon tour. Nous ne nous reverrons jamais. Il n'y a pas de regrets, pas de promesses. C'était juste une soirée, une rencontre, rien de plus.

Je marche vers chez moi, le vent froid balayant les rues désertes. Je ne sais pas où il habite, et il ne sait pas où je vais. C'est mieux ainsi. Nous nous croiserons peut-être à nouveau dans cette immense ville, ou peut-être pas. Mais cela n'a pas d'importance.

En arrivant chez moi, je ferme la porte derrière moi et me laisse tomber sur mon lit, le corps lourd de fatigue. Je repense brièvement à la soirée, à cette rencontre inattendue, mais je sais que tout cela s'effacera au matin. C'est ce que je me dis en fermant les yeux. Demain, Angelo ne sera qu'un vague souvenir, une rencontre sans lendemain dans cette ville où tout le monde finit par s'oublier.

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3 mois plus tard..

Le matin se lève lentement sur la ville, baignant tout dans une lumière dorée. Je me tiens devant le miroir, ajustant ma blouse blanche en soie qui tombe délicatement sur mes hanches. Mes cheveux, noués en une queue de cheval soignée, laissent échapper quelques mèches rebelles qui encadrent mon visage. Je me regarde avec une détermination mêlée d'anxiété. Ce nouveau départ est tout ce que j'espérais.

(Nouvelle Histoire) ROSALÍA - AMOUR DANGEREUXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant