Sous le masque

Chapitre 3 : Le Jeu Continue

La nuit tomba à nouveau sur Woodsboro, mais cette fois, elle semblait plus oppressante, plus lourde. Nalé et Tatum étaient rentrées de l'école sans un mot, chacune plongée dans ses propres pensées. Dewey n'était pas encore revenu, son travail avec le shérif s'étant prolongé à cause de l'enquête.

Assises dans le salon, les deux sœurs regardaient distraitement un film à la télévision. Un vieux classique d'horreur, que Tatum avait insisté pour regarder, comme pour défier le malaise ambiant.

« Sérieusement, tu ne crois pas que c'est un peu... inapproprié ? » murmura Nalé en jetant un coup d'œil à l'écran, où une victime tentait désespérément d'échapper à son bourreau.

Tatum haussa les épaules. « Quoi, tu veux que je regarde des films de princesses maintenant ? On va pas arrêter de vivre juste à cause de ce qui s'est passé. »

Nalé ne répondit pas. Elle savait que Tatum essayait de garder un visage brave, mais elle sentait la peur sous-jacente dans ses mots. Elle la connaissait mieux que quiconque, et cette façade de désinvolture ne trompait personne, surtout pas elle. Depuis la mort de Casey, l'atmosphère était trop lourde pour être ignorée. Même dans leur propre maison, elles n'arrivaient pas à se détendre.

Soudain, le téléphone sonna, brisant le silence oppressant. Nalé sursauta. Son cœur battit plus vite, l'appel de la veille revenant immédiatement à son esprit. Elle fixa le combiné posé sur la table basse, hésitant à décrocher.

Tatum fronça les sourcils et, d'un geste rapide, attrapa le téléphone. « Allô ? »

Nalé l'observa attentivement, ses doigts se crispant sur le bras du canapé.

« Dewey ? » répondit Tatum, visiblement soulagée. « Où t'es ? »

Nalé laissa échapper un soupir. C'était Dewey. Elle se détendit légèrement, mais pas totalement.

« Non, on est toujours à la maison. Rien de spécial, juste... un film. » Tatum haussa un sourcil en direction de sa sœur, avant d'ajouter : « Oui, tout va bien. D'accord. À tout à l'heure. » Elle raccrocha.

« Il rentre tard encore ? » demanda Nalé, essayant de masquer sa propre inquiétude.

« Ouais, il a dit que l'enquête avance, mais qu'ils n'ont toujours aucun suspect. » Tatum roula des yeux, visiblement frustrée. « Ça m'énerve de pas savoir ce qui se passe vraiment. »

Nalé acquiesça, mais une part d'elle était soulagée que Dewey ne leur ait pas tout raconté. Ce qu'ils savaient déjà était suffisant pour alimenter ses cauchemars.

« On va se coucher ? » demanda finalement Tatum en s'étirant.

Nalé hocha la tête. Elles montèrent ensemble dans leur chambre, s'assurant que toutes les portes étaient verrouillées et les fenêtres bien fermées. Nalé jeta un coup d'œil à son téléphone avant de se glisser sous les couvertures, espérant ne pas recevoir d'autre appel angoissant.

Plus tard dans la nuit

Un bruit la réveilla en sursaut. Nalé ouvrit les yeux, son cœur battant à tout rompre. Elle tendit l'oreille. Un grincement. Elle n'avait pas rêvé.

Elle se redressa, écoutant attentivement, mais tout semblait à présent silencieux. Peut-être que c'était juste la maison qui craquait, ou le vent. Mais elle ne pouvait se débarrasser de la sensation que quelque chose n'allait pas.

Prenant une grande inspiration, elle sortit du lit, ses pieds nus frôlant le sol froid. Elle jeta un coup d'œil vers Tatum, profondément endormie. Elle n'avait pas envie de la réveiller pour une paranoïa sans fondement.

Nalé quitta doucement la chambre, laissant la porte entrouverte derrière elle. Elle descendit les escaliers lentement, tentant de ne faire aucun bruit. En bas, tout semblait calme. La lumière du réverbère de la rue filtrait à travers les rideaux, projetant des ombres vacillantes sur les murs du salon.

Elle se dirigea vers la cuisine, vérifiant la porte arrière. Toujours verrouillée. Elle inspecta ensuite les fenêtres, mais là encore, rien d'anormal. Juste une maison silencieuse, plongée dans l'obscurité de la nuit.

Mais quelque chose clochait.

Alors qu'elle s'apprêtait à remonter, son téléphone vibra dans sa poche. Un frisson parcourut son échine. Elle le sortit lentement, le souffle court, et regarda l'écran. Un message d'un numéro inconnu. Encore.

"Tu devrais faire attention à ce qui t'entoure."

Son cœur s'emballa. Elle regarda nerveusement autour d'elle, ses yeux fouillant chaque recoin de la pièce, mais il n'y avait rien. Elle tenta de respirer profondément pour calmer son esprit en ébullition. C'était sans doute une mauvaise blague. Quelqu'un devait s'amuser à la faire paniquer.

Elle répondit, les doigts tremblant : "Qui êtes-vous ?"

Quelques secondes plus tard, un autre message apparut : "Le jeu ne fait que commencer, Nalé."

Nalé se figea. Un bruit derrière elle la fit pivoter brusquement. La porte arrière s'ouvrait lentement. Un souffle d'air frais s'engouffra dans la maison. Son cœur manqua un battement. Elle savait que cette porte était verrouillée il y a à peine une minute.

Elle recula d'un pas, le téléphone toujours dans sa main, et s'apprêtait à courir vers l'escalier quand une silhouette apparut dans l'encadrement de la porte. Son visage était masqué, le même masque terrifiant qu'elle avait vu aux informations. Le même masque qui avait tué Casey.

Nalé poussa un cri étouffé et tourna les talons, se précipitant à toute allure vers l'escalier. Elle montait les marches deux à deux, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Derrière elle, le tueur avançait calmement, comme s'il savourait chaque instant de terreur qu'il lui infligeait.

Elle atteignit la chambre de Tatum et referma la porte derrière elle, la verrouillant à double tour. « Tatum, réveille-toi ! » cria-t-elle en secouant sa sœur.

Tatum ouvrit les yeux, confuse. « Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? »

« Il est là ! Le tueur est là ! »

Tatum se redressa d'un bond, son regard devenant soudainement alerte. « Quoi ? T'es sûre ? »

Nalé hocha frénétiquement la tête, les larmes commençant à rouler sur ses joues. « J'ai reçu un message... et il est entré par la porte arrière. Je l'ai vu. »

Tatum sauta hors du lit, son regard se durcissant. « Ok, on doit sortir d'ici. »

Elles se dirigèrent vers la fenêtre de la chambre, mais avant qu'elles ne puissent l'ouvrir, un coup sourd résonna à la porte de la chambre. Le tueur tentait de forcer l'entrée. Nalé sentit son souffle se couper.

Tatum ouvrit enfin la fenêtre, et elles se glissèrent dehors, sautant sur le toit de la véranda. Le tueur frappa encore, plus fort cette fois. Elles n'avaient plus beaucoup de temps.

Elles descendirent en se laissant glisser le long de la gouttière, leurs pieds touchant finalement le sol humide du jardin. Elles coururent à travers la pelouse, le cœur battant, ne s'arrêtant que lorsqu'elles furent loin de la maison.

Nalé se retourna une dernière fois. Le tueur se tenait à la fenêtre de leur chambre, les observant en silence, son masque illuminé par la lumière de la lune.