Chapitre 2: Mystèrieuse

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PDV Marco

Ce matin-là, alors que je buvais mon café comme à mon habitude sur le porche, j'ai remarqué une nouvelle présence en ville. Une jeune femme, frêle, aux cheveux bruns et au regard fuyant, venait de s'installer dans la maison juste en face de la mienne. Je l'avais déjà aperçue en ville à quelques reprises, mais à chaque fois, elle semblait se fondre dans le décor, presque invisible parmi les autres habitants. Pourtant, quelque chose chez elle attirait mon attention.

Elle marchait toujours rapidement, tête baissée, comme si elle fuyait quelqu'un ou quelque chose. Ses vêtements simples, ses gestes nerveux... Tout en elle respirait la discrétion, mais d'une manière qui semblait presque étudiée, comme si elle cherchait à ne pas être remarquée. Malgré cette apparente fragilité, il y avait une étincelle dans ses yeux, quelque chose que je n'arrivais pas à identifier. Était-ce de la peur ? De la colère ? Un mélange des deux, peut-être ?

Je ne pouvais m'empêcher de la regarder. Elle me rappelait quelque chose, ou plutôt quelqu'un, mais je n'arrivais pas à saisir quoi. Ce n'était pas juste de la curiosité qui me poussait à l'observer. C'était plus profond, presque viscéral. Une intuition, peut-être, un pressentiment que quelque chose de plus important se jouait ici, quelque chose qui me concernait d'une manière que je ne comprenais pas encore.

Elle est passée devant ma maison sans un mot, son regard croisant le mien l'espace d'un instant. Ce fut un court instant, à peine une fraction de seconde, mais suffisant pour que je sente quelque chose bouger en moi. C'était comme si un lien invisible, ténu, s'était formé entre nous, quelque chose que je n'avais pas cherché, mais qui, à cet instant, était devenu inévitable. J'ai tenté de secouer ce sentiment, me disant que ce n'était qu'une coïncidence. Une nouvelle venue dans le village, comme il en arrive de temps en temps.

Mais au fond de moi, je savais que ce n'était pas une simple coïncidence. Il y avait autre chose. Ce soir-là, je me suis tourné et retourné dans mon lit, incapable de chasser l'image de son visage de mon esprit. C'était plus fort que moi.

Les jours suivants, je la voyais passer de temps en temps. Toujours la même démarche rapide, les épaules légèrement voûtées, comme si elle voulait occuper le moins d'espace possible. Elle semblait éviter tout contact, toute conversation avec les habitants du village. Et pourtant, chaque fois que nos chemins se croisaient, je sentais ce même tiraillement en moi. Une sorte de curiosité mêlée d'appréhension, comme si j'étais attiré malgré moi vers quelque chose de dangereux.

J'essayais de la chasser de mes pensées, de me concentrer sur ma propre vie. Après tout, j'avais suffisamment de préoccupations pour ne pas m'embarrasser de celles d'une inconnue. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Il y avait quelque chose chez elle, une ombre, une tension permanente, qui me troublait.

Un matin, alors que je me préparais à quitter la maison pour me rendre au marché, je l'ai aperçue de l'autre côté de la rue. Elle était debout, immobile cette fois, ce qui était déjà inhabituel pour elle. Ses yeux étaient rivés sur quelque chose, ou peut-être sur quelqu'un. Son visage était pâle, et même de l'autre côté de la rue, je pouvais voir la peur qui crispait ses traits. Elle regardait fixement un homme que je n'avais jamais vu auparavant.

Il se tenait à quelques mètres d'elle, la fixant avec une intensité qui me mit mal à l'aise. Grand, corpulent, il portait un manteau sombre malgré la chaleur estivale. Quelque chose dans sa posture, dans son regard, me fit comprendre qu'il n'était pas là par hasard. Instinctivement, je me suis arrêté, observant la scène depuis mon porche.

La jeune femme, elle, semblait figée sur place, incapable de bouger. L'homme, après l'avoir observée un long moment, s'est finalement tourné et a disparu dans une ruelle, sans dire un mot. Dès qu'il a quitté son champ de vision, elle s'est précipitée dans sa maison, fermant la porte derrière elle avec une précipitation qui trahissait sa panique.

Je suis resté là un moment, essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Je sentais que quelque chose de grave se tramait, quelque chose qui échappait à ma compréhension. Mais plus je réfléchissais, plus je me sentais impliqué. C'était irrationnel, je le savais, mais cette étrangère éveillait en moi des instincts que je n'avais pas ressentis depuis longtemps. Une envie de protéger, de comprendre, mais aussi une peur sourde, presque primitive.

Je n'ai pas pu m'empêcher de garder un œil sur elle. J'ai essayé de l'aborder une ou deux fois, sous prétexte de politesse ou de voisinage, mais elle m'a toujours éconduit avec un sourire nerveux et quelques mots murmurés. Elle semblait encore plus effrayée qu'avant, et je ne pouvais m'empêcher de penser à cet homme. Qui était-il ? Quel lien avait-il avec elle ? Et pourquoi semblait-elle constamment sur le qui-vive, comme une proie traquée ?

Alors que la nuit tombait, j'ai entendu du bruit venant de l'extérieur. C'était faible, mais assez pour me tirer hors de ma grotte. Je me suis approché de la fenêtre et, à travers les rideaux, j'ai vu une silhouette se faufiler dans la ruelle derrière la maison de la jeune femme. Mon cœur s'est accéléré.

Je n'aurais peut-être pas dû, mais quelque chose en moi m'a poussé à sortir. Je me suis glissé hors de la maison, prenant soin de rester dans l'ombre pour ne pas être vu. La ruelle était sombre, à peine éclairée par la lueur lointaine des lampadaires, et je devais m'habituer à l'obscurité pour distinguer les formes.

Là, dans la pénombre, je l'ai vue. Elle était là, debout au milieu de la ruelle, faisant face à un homme que je ne reconnus pas tout de suite, mais que j'ai vite identifié comme celui que j'avais aperçu quelques jours plus tôt. Ils parlaient à voix basse, mais l'intensité de leur échange était palpable. Je n'arrivais pas à distinguer les mots, mais le ton était sans équivoque. C'était tendu, hostile.

Soudain, elle a reculé d'un pas, visiblement effrayée. L'homme a avancé vers elle, menaçant. C'est à ce moment-là que je suis intervenu, sans vraiment réfléchir à ce que je faisais. Je me suis avancé dans la ruelle, mon cœur battant à tout rompre.

— Est-ce que tout va bien ? ai-je lancé, essayant de masquer mon angoisse.

L'homme s'est figé, surpris par ma présence. Il m'a regardé avec des yeux durs, froids. La jeune femme, elle, semblait pétrifiée, son visage pâle et ses mains tremblantes.

— Ça ne vous regarde pas, a craché l'homme d'une voix rauque, pleine de mépris.

— Peut-être bien que si, ai-je répliqué, me sentant étrangement courageux malgré la peur qui me tenaillait.

L'homme m'a fixé pendant un long moment, comme s'il évaluait la situation, cherchant peut-être à déterminer si j'étais une menace ou juste un idiot imprudent. Puis, sans un mot de plus, il a fait demi-tour et s'est enfoncé dans l'obscurité de la ruelle.

La jeune femme était toujours là, immobile, respirant difficilement. Je me suis approché d'elle, lentement, pour ne pas l'effrayer davantage.

— Est-ce que ça va ? lui ai-je demandé doucement.

Elle a hoché la tête, mais ses yeux disaient le contraire. Ils étaient remplis de terreur, de confusion, comme si elle n'arrivait pas à croire ce qui venait de se passer. Après un long moment de silence, elle a finalement murmuré :

— Merci...

Sa voix était à peine audible, brisée. J'ai voulu lui poser des questions, comprendre ce qui se passait, mais je sentais que ce n'était pas le moment. Elle n'était pas prête à parler, pas encore.

— Si jamais vous avez besoin d'aide... n'hésitez pas, ai-je ajouté maladroitement.

Elle a esquissé un faible sourire, plus par politesse que par réelle gratitude, puis a tourné les talons pour rentrer chez elle.

Je suis resté là, seul dans la ruelle sombre, le cœur battant encore à tout rompre. Ce que je venais de faire me semblait irréel. Une part de moi se félicitait d'être intervenu, mais une autre, plus rationnelle, s'inquiétait des conséquences. Cet homme, qui qu'il soit, n'en resterait sûrement pas là.

Je rentrai chez moi, le cerveau en ébullition.

Qui était-elle vraiment ? Et surtout, dans quoi venais-je de me mêler ?

Pas de rédemption sans vengeance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant