PDV: Marco
☆
Les jours passèrent, et nos rencontres devinrent rares. En fait depuis notre interaction mouvementée on ne s'est plus revu. Étrange, alors que je la voyais tout les jours.
Un après-midi, je la trouvai assise sur un banc près de la place centrale, un livre à la main. Je m'approchai, et avant même que je puisse dire quoi que ce soit, elle me regarda et, d'un geste rapide, ferma son livre.
— Marco, dit-elle doucement, avec une note de surprise dans la voix, mais aussi quelque chose de plus profond que je ne parvins pas à identifier.
Je m'assis à côté d'elle, pas trop près, mais assez pour sentir une certaine proximité. Le silence s'installa entre nous, et ce fut elle qui le rompit la première.
— Tu viens souvent ici, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en tournant son regard vers la fontaine en face.
— Oui, c'est l'un des seuls endroits où l'on peut encore ressentir un peu de calme, répondis-je en tentant de capter son regard.
Elle acquiesça sans répondre, et le silence retomba. Pourtant, il n'était pas lourd, pas oppressant. C'était un de ces silences où l'on sent que quelque chose pourrait être dit, mais où les mots sont inutiles. Elle sembla hésiter un instant, puis murmura :
— Parfois, je me demande si tout le monde ici a quelque chose à fuir.
Je restai figé un instant, surpris par cette remarque. C'était la première fois qu'elle parlait de manière aussi personnelle. Moi je ressens un certains malaise depuis la dernière fois. Je ne savais pas quoi dire, mais elle continua avant que je ne puisse répondre.
— Et toi, Marco ? Est-ce que tu fuis quelque chose ?
Sa question me frappa de plein fouet. Mon instinct me criait de répondre par une banalité, de détourner la conversation, mais quelque chose dans son regard m'empêcha de le faire. Il y avait une vulnérabilité dans ses yeux que je n'avais encore jamais vue.
— J'ai fui, oui, répondis-je finalement. Pendant des années. Mais je crois que j'ai fini par comprendre qu'on ne peut pas fuir indéfiniment.
Elle resta silencieuse un moment, absorbant mes paroles. Puis elle tourna de nouveau son regard vers moi, et cette fois, je vis quelque chose changer en elle. Une sorte de fissure, infime, dans la carapace qu'elle portait.
— Pourquoi es-tu ici, Marco ? demanda-t-elle, la voix à peine audible. Qu'est-ce que tu cherches ?
Je pris une profonde inspiration. Je n'avais jamais parlé de ce sujet avec qui que ce soit depuis mon arrivée dans ce village. Tout ce que j'avais laissé derrière moi, toutes les erreurs, les pertes, les fantômes... Tout cela, je l'avais enfoui, pensant pouvoir vivre une nouvelle vie. Mais maintenant, face à Clémonte, je sentais que mon passé était prêt à refaire surface, que je ne pourrais plus l'éviter.
— J'essaye de me racheter, murmurai-je. De faire la paix avec ce que j'ai fait. Je ne suis pas fier de la vie que j'ai menée avant d'arriver ici.
Elle me regarda en silence, mais je vis dans ses yeux qu'elle attendait plus. Elle voulait comprendre, savoir ce qui me hantait. Mais comment pourrais-je tout lui dire ? Comment pourrais-je lui expliquer que j'avais été mêlé à un monde de violence, de trahisons, et de pertes ?
— C'était... une époque différente, continuai-je. J'ai fait des choses dont je ne suis pas fier, des choses que j'aurais aimé pouvoir changer. Mais maintenant, tout ce que je veux, c'est essayer de vivre une vie simple. Loin de tout ça.
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Pas de rédemption sans vengeance
RomanceUn ancien mafieux, en quête de rédemption après avoir quitté le monde du crime, s'isole dans une petite ville tranquille. Il y rencontre une jeune femme mystérieuse, douce et fragile, qui semble être la lumière dans ses ténèbres. Cependant, il décou...