Cela fait longtemps maintenant... Trop longtemps. Il n'y a plus de lumière naturelle ici, juste les ténèbres constantes qui enveloppent chaque recoin de ce sous-sol. Je ne sais plus combien de jours se sont écoulés depuis que ma mère m'a kidnappée. Le temps s'étire, se dilue, se mélange. Une minute peut durer des heures, une heure peut paraître comme une éternité. Tout se confond dans cette prison glaciale.Je suis enfermée comme un animal. Comme un monstre qu'on préfère cacher. Les chaînes qui m'entravent ne sont pas de fer, elles sont dans ma tête, tissées par la peur, la colère, et l'impuissance. Je ne reconnais plus celle qui me regarde dans le reflet brisé du petit miroir accroché au mur. Mon visage est fatigué, mes yeux cernés, mais il y a encore cette étincelle dans mon regard. Cette étincelle qui refuse de mourir.
Depuis que je suis là, une seule pensée m'obsède : mon père. Il me manque tellement que ça fait mal. Un vide s'est creusé dans mon cœur, un vide que rien ni personne ne peut combler. Je ne sais même pas s'il est encore en vie. Cette incertitude me ronge, me hante, comme un cauchemar qui se répète. Comment va-t-il ? Est-il blessé ? Est-il mort ? Je m'invente des scénarios terribles, des visions où il souffre à cause de moi.
Chaque jour, ma mère descend ici, me regardant comme si je n'étais qu'un projet inachevé, un jouet qu'elle compte façonner à son image. Elle me nourrit une seule fois par jour. Un plateau de nourriture à peine suffisant pour me maintenir debout. Elle dit que c'est tout ce dont j'ai besoin. Rien de plus. Elle me regarde avec ce sourire froid, comme si elle s'amusait de ma détresse, comme si ma douleur était une partie d'un jeu cruel dont je ne connais pas les règles.
Et puis viennent les coups. Toujours les coups. Inévitables, réguliers. Chaque matin, chaque soir. Je n'ai pas le droit de flancher. Ma mère me dit que c'est pour mon bien, pour que je devienne plus forte. Elle parle de « formation », de « discipline », mais tout ce que je ressens, c'est la souffrance. Elle frappe, encore et encore, jusqu'à ce que mon corps hurle de douleur. J'ai appris à ne plus crier. Crier, c'est lui donner ce qu'elle veut. Alors je me tais. Je garde tout à l'intérieur, caché sous une façade.
Les exercices sont pires que les coups. Elle m'oblige à courir dans ce sous-sol, à frapper des sacs de sable jusqu'à ce que mes poings saignent, à m'entraîner sans répit. Elle dit que c'est pour m'endurcir, pour me préparer à être la prochaine à régner dans son empire. Je déteste chaque seconde. Chaque geste, chaque ordre me rappelle que je ne suis plus libre.
Mes muscles sont fatigués, mes os sont douloureux. J'ai des ecchymoses partout, des coupures qui ne cicatrisent pas. Mon corps est en train de céder, mais mon esprit... il tient encore. Parce que je ne peux pas abandonner. Parce que je ne suis pas prête à être celle qu'elle veut que je devienne.
Parfois, je pense à mon père, à ses bras qui me protégeaient. À sa voix qui me disait que tout irait bien. J'essaie de me souvenir de lui dans ses moments de tendresse, d'imaginer qu'il viendra me sauver. C'est tout ce qui me maintient en vie. La promesse silencieuse que je me suis faite : je vais le revoir. Je vais le retrouver, peu importe le prix.
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Zafira
Fiksi RemajaZafira a toujours vécu à l'abri du chaos, entourée de l'amour protecteur de son père depuis la séparation de ses parents. Passionnée de boxe, elle trouve dans ce sport une échappatoire et une force. Alors que son père se bat pour la préserver du mon...