Il était une fois... - V

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Hazel eut trois jours pour réfléchir à cette étrange proposition. Félix n'avait rien d'un tortionnaire et il laissait le choix à la jeune femme de refuser son offre. Seulement, elle n'aurait pas de deuxième chance et si elle se ravisait après le départ, il serait trop tard pour faire machine arrière.

Durant trois jours, elle se creusa la tête, assise sur son lit. Un matin, elle faisait ses bagages et, le soir venu, elle vidait son sac et rangeait tout à sa place, incapable de choisir. On la vit beaucoup dans les couloirs, car la recrue passait ses journées à fulminer, à réfléchir, à peser le pour et le contre. Elle ne mettait le nez dehors que pour se rendre à l'écurie et râler à côté de Bayard qui, d'une oreille aussi attentive que celle d'un équidé, écoutait sans répondre.

Comme à son habitude, Jack la rejoignait régulièrement pour s'assurer qu'elle ne se morfondait pas ou qu'elle ne s'énervait pas toute seule. L'avantage de cette situation, c'est que la jeune fille avait complètement oublié sa culpabilité. Avec ce choix décisif qui pendait au-dessus de sa tête, tout le reste était passé au second plan. Le garçon lui amenait aussi ses repas, car Hazel risquait d'oublier de se nourrir tant elle était obnubilée par ce dilemme. Elle n'en dormait plus et passait même ses nuits à faire les cents pas. Toute cette angoisse attaquait aussi le sommeil de Jack. À deux, ils commencèrent vite à débattre pour savoir s'il s'agissait d'une bonne idée ou non. Au soir du dernier jour avant le départ, juste avant de s'endormir, Jack s'écria :

— Si tu n'y vas pas, tu vas me le rabâcher pendant une éternité, alors décampe ! Je ne veux pas entendre des jérémiades pleines de regrets jusqu'à ma mort.

Et il s'endormit dans une ballade de ronflements.

Le lendemain matin on arçonna tant bien que mal Bayard au chariot le plus cossu de tout le château. Une toile brodée en couvait l'intérieur et les bancs rembourrés de coussins pouvaient parfaitement servir de couchettes pour la nuit. Félix, ne voulant pas abuser de l'hospitalité du capitaine, chargea lui-même les provisions qu'il embarquait pour le voyage. Pas le moindre signe de Hazel ni même de Cole, tous deux invisibles depuis l'aube.

Alors qu'il s'apprêtait à envoyer le cheval sur les routes, un immense « ATTENDEZ ! » manqua de le faire tressaillir. Le chat se retourna d'un seul geste en même temps que tous les gardes.

Depuis la tour ouest, une petite silhouette encapuchonnée jaillit. Hazel portait son uniforme, mais aussi une cape rouge surmontée d'un capuche : le cadeau de Cole pour son dix-huitième anniversaire. Il savait bien que la jeune fille n'aimait pas les couleurs de l'uniforme conventionnel, alors il avait fait broder expressément cette cape pour que Hazel puisse arborer sa couleur préférée tout en gardant l'uniforme. Sur son dos, elle portait un gros sac chargé par une couverture, les rares livres qu'elle aimait, deux trois outils de première nécessité et quelques vêtements pour la route. Sans hésiter, elle bondit dans le chariot, y déposa son sac et passa sur le banc du conducteur, à l'avant, à côté du chat.

— Pas d'autre compagnon ? demanda le marquis.

— Non, je ne veux pas embarquer quelqu'un d'autre sans raison, répondit Hazel avec un grand sourire.

— Parce que t'as besoin d'une bosse raison, maintenant ?!

La jeune fille leva les yeux vers une des meurtrières de la tour ouest. Le soleil brillait sur le mur et, dans cette fenêtre sombre, elle n'eut aucun mal à distinguer la silhouette de Jack. Ce dernier disparut aussitôt et descendit les marches de la tour en un éclair. Il surgit dans la cour extérieure et jeta un sac – plus petit que celui de Hazel – à l'arrière du chariot, et ce dans un silence général. Aussitôt à bord, il avança au plus près du banc conducteur et donna un petit coup à l'arrière du crâne de Hazel.

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⏰ Dernière mise à jour : 4 days ago ⏰

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