Chapitre 1: Dans l'Ombre de la Forêt

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Chapitre 1: Dans l'Ombre de la Forêt

Le chalet se dressait, solitaire, au milieu de la forêt enneigée. La brume épaisse enserrait les arbres, et la nuit tombante assombrissait encore plus les contours du paysage. Le silence pesant, entrecoupé seulement par le bruit sourd de leurs pas dans la neige, semblait oppresser les quelques amis qui s'étaient aventurés jusqu'à cette retraite reculée.

Helena marchait légèrement en retrait, jetant des coups d'œil inquiets à Lenie, qui paraissait de plus en plus tendue. Son regard était rivé vers l'horizon invisible, comme si quelque chose, ou quelqu'un, se cachait derrière les arbres. Une sensation de malaise grandissait en elle, mais elle préféra ne rien dire. Peut-être était-ce seulement la fatigue après leur longue marche.

« Ça va ? » demanda Helena, brisant le silence avec une voix douce, presque murmurée.

Lenie sursauta légèrement avant de tourner la tête vers elle. Son visage, à peine éclairé par la faible lueur du crépuscule, montrait des signes de nervosité qu'elle tentait de dissimuler.

« Oui... c'est juste que... cet endroit me met mal à l'aise, » avoua Lenie, regardant à nouveau droit devant elle, ses épaules se crispant légèrement.

Helena hocha la tête, comprenant ce qu'elle ressentait. Ce chalet, bien qu'isolé et propice à la détente, avait quelque chose de sinistre. Tout semblait figé, immobile, comme si la nature elle-même retenait son souffle.

« Il n'y a rien ici, Lenie. » Elle essayait de la rassurer, mais sa voix trahissait une certaine hésitation.

Le groupe finit par atteindre le chalet, une immense bâtisse en bois sombre qui, malgré sa taille imposante, semblait minuscule face à l'immensité de la forêt qui l'encerclait. Pierre, toujours aussi enthousiaste, courut vers l'entrée, suivi de Djebril et Victorien, alors que Julien plaisantait encore, tentant de cacher une nervosité latente.

« J'ai l'impression d'être dans un film d'horreur, » lâcha Julien, son rire nerveux brisant le calme oppressant. « Vous savez, ces vieux chalets isolés où tout le monde finit par se faire... »

« Julien, arrête ! » s'écria Marie Maude, coupant court à la blague avant qu'il ne puisse finir. Elle semblait aussi affectée par l'atmosphère étrange du lieu.

« Détends-toi, » répondit-il avec un sourire crispé. « C'est juste une blague... »

Helena restait silencieuse, mais elle ne pouvait pas ignorer l'effet que ces mots avaient eu sur tout le monde. Même Pierre, pourtant toujours aussi jovial, paraissait moins sûr de lui alors qu'il regardait autour de lui, le regard méfiant.

Une fois à l'intérieur, l'angoisse ne fit que s'intensifier. Le chalet était immense, mais il semblait vide, presque abandonné. Les murs étaient ornés de vieilles photos en noir et blanc, représentant des visages anonymes qui semblaient les suivre du regard à chaque pas. Une cheminée occupait la majeure partie du salon, où des bûches à moitié consumées étaient disposées. Il n'y avait aucun signe d'occupation récente.

Helena sentit un frisson glisser le long de son échine. Elle n'était pas du genre à s'effrayer facilement, mais cet endroit... il y avait quelque chose de profondément troublant. Elle se tourna vers Lenie, qui fixait toujours les photos avec une intensité inhabituelle.

« Tu trouves pas ça un peu... glauque ? » murmura Helena.

Lenie acquiesça sans un mot, ses doigts se crispant autour de son téléphone. Helena s'approcha d'elle, lui effleurant doucement le bras.

« Hé, on est juste un peu tendus parce que c'est un endroit isolé. Ça va aller, » murmura-t-elle, cherchant à la rassurer, même si au fond d'elle, quelque chose criait que tout n'allait pas bien.

Soudain, un bruit sourd retentit dans la pièce. Un craquement, comme si quelque chose avait bougé dans le grenier. Le silence qui suivit était encore plus oppressant que le bruit lui-même.

« Qu'est-ce que c'était ? » demanda Pierre, figé, ses yeux écarquillés.

« Probablement le bois qui travaille, » tenta de plaisanter Djebril, mais sa voix manquait de conviction.

Julien regarda autour de lui, les sourcils froncés. « Il y a un grenier ici ? »

Personne ne répondit. Helena sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Ce bruit avait semblé si... proche. Trop proche.

La tension monta d'un cran lorsque la lumière vacilla soudainement. Les ampoules grésillèrent avant de s'éteindre d'un coup, plongeant le chalet dans une obscurité totale. Seul le crépitement des flammes dans la cheminée brisait le silence, accompagnant les respirations accélérées de chacun.

« Super, une panne de courant, » marmonna Victorien, mais sa voix ne masquait pas l'anxiété qui montait dans le groupe.

Helena sortit son téléphone de sa poche, cherchant à allumer la lampe torche, mais avant qu'elle ne puisse le faire, une vibration inattendue la fit sursauter. Une notification venait d'apparaître sur son écran.

"Ne jouez pas avec le feu, vous en brûleriez."

Elle fixa l'écran, incrédule. Ses mains tremblaient légèrement. Sans un mot, elle leva les yeux et remarqua que les autres fixaient également leurs téléphones, le visage pâle. Ils venaient tous de recevoir le même message.

« C'est quoi ce bordel ? » murmura Julien, sa voix tremblante, rompant enfin le silence.

Helena déglutit, tentant de comprendre ce qui se passait. Une blague ? Mais comment... ?

« Qui a fait ça ? » demanda Lenie, son souffle court, sa voix presque inaudible. Elle regardait autour d'elle, cherchant un coupable parmi leurs amis.

« Ce n'est pas moi, je te le jure, » répondit Djebril en levant les mains, sa panique visible sur son visage.

« Arrêtez avec vos conneries, » lança Victorien, son ton sec. « Ce n'est pas drôle. »

Helena sentit son cœur s'emballer. Quelqu'un d'autre avait-il accès à leurs téléphones ? Ou pire, y avait-il quelqu'un d'autre ici, dans ce chalet ? La pensée fit naître une sueur froide dans sa nuque.

« On devrait partir, » dit soudain Marie Maude, sa voix résonnant dans le silence oppressant. « Ce n'est pas normal. »

Personne ne répondit, mais l'idée fit son chemin dans l'esprit de chacun. Helena, elle, se tourna vers Lenie, qui semblait de plus en plus nerveuse. Elle lui attrapa la main, sentant ses doigts froids et tremblants sous les siens.

« On va comprendre ce qui se passe, » murmura-t-elle, mais la peur dans sa propre voix la trahissait.

Soudain, un second bruit résonna au-dessus de leurs têtes. Cette fois, c'était plus clair : un pas. Lent, lourd, comme si quelqu'un – ou quelque chose – se déplaçait dans le grenier.

Helena retint son souffle. Elle n'était plus certaine de vouloir découvrir l'origine de ce bruit.

« Qui monte voir ? » demanda Pierre, sa tentative de bravoure teintée de panique.

« Personne ne bouge, » répliqua Helena, d'une voix plus ferme qu'elle ne se sentait réellement.

Lenie se rapprocha instinctivement d'Helena, son regard rempli de terreur. Un nouveau pas résonna au-dessus d'eux, suivi d'un grincement. Puis un autre... plus lent, plus menaçant. 

Derrière le masque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant