Chapitre III

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La nuit était tombée depuis longtemps, enveloppant Emma dans un profond sommeil. Sa respiration était calme, et pourtant, dans son esprit, quelque chose d'inhabituel se préparait. Emma, flottant entre les frontières du rêve et de la réalité, ouvrit les yeux dans un monde d'une beauté mystique. Elle se trouvait au cœur d'une vaste plaine dorée, les couleurs étaient plus vives, presque irréelles, comme si le monde lui-même était imprégné de magie. Autour d'elle, des pyramides majestueuses élevaient leurs cimes vers le ciel, projetant des ombres étendues sur les terres fertiles nourries par les eaux du Nil. Au loin, le fleuve s'étirait, scintillant sous le soleil, ses rives bordées de palmiers géants et d'oasis luxuriantes. Dans ce monde baigné de lumière dorée, Emma aperçut des formes gracieuses flottant dans l'air. C'étaient les Fleurs de Nout, ces entités mystiques en forme de lotus flottants, leur tige lumineuse reliant le ciel à la terre. Leurs pétales s'ouvraient et se fermaient doucement, comme des respirations célestes, et à chaque battement, elles répandaient une énergie douce et apaisante. Les Fleurs de Nout, reliées à la déesse du ciel, nourrissaient la terre de leurs émanations magiques, apportant fertilité et harmonie. Leur rôle était essentiel dans l'équilibre cosmique, liant le ciel étoilé aux mondes inférieurs.

Emma se tenait dans un champ de blé, entourée par des créatures aussi anciennes que ce monde. Devant elle, un majestueux sphinx gardait l'entrée d'un temple. Sa silhouette, Mi-lion, Mi-homme, était imposante. Ses yeux d'un bleu profond semblaient percer l'âme, tandis que ses ailes repliées brillaient légèrement sous le soleil. Gardien des secrets des anciens rois, le sphinx posait des énigmes à ceux qui souhaitaient pénétrer les sanctuaires sacrés. Seuls les plus sages, ceux capables de comprendre les mystères du monde, pouvaient espérer franchir ses portes. Non loin, un phénix aux plumes flamboyantes s'élevait dans le ciel, laissant derrière lui une traînée de cendres scintillantes. Cet oiseau mythique renaissait éternellement de ses propres flammes, portant en lui le pouvoir de la guérison et la sagesse des cycles infinis de la vie et de la mort. Sa présence symbolisait l'espoir et la renaissance, même au cœur des épreuves les plus sombres. Elle reconnue les Khepriens, ces êtres Mi-hommes, Mi-scarabées, qui marchaient dignement à travers les plaines. Ces créatures divines étaient les protecteurs du cycle solaire. Chaque matin, ils faisaient rouler le soleil dans le ciel, assurant ainsi la lumière et la chaleur pour le monde. Leur peau scintillante rappelait les carapaces des scarabées, et leurs gestes, empreints de grâce et de puissance, semblaient dictés par un ordre cosmique. Le rôle des Khepriens était crucial : sans eux, la lumière disparaîtrait, et l'obscurité s'étendrait sur la terre.

Elle aperçut un peuple qui vivait en harmonie avec ces créatures mythiques et qui s'affairait dans leurs villages. Il semblait être de fiers bâtisseurs et des artisans. Leurs villages, faits de briques d'argile et de pierres sacrées, s'étendaient autour de temples majestueux, dédiés aux dieux. Les Bennu, majestueux oiseaux aux ailes scintillantes, planaient haut dans le ciel, veillant sur le peuple qui les considérait comme des messagers entre les mondes, capables de voler entre les étoiles et d'apporter la sagesse des dieux à ceux qui savaient écouter. À l'orée d'une forêt, de plus sombres créatures se mouvaient. Les Anubistes, êtres imposants aux traits de chacal, veillaient sur les âmes des défunts, les guidant vers leur destinée dans l'au-delà. Silencieux et solennels, ils marchaient parmi les tombes et les mausolées, assurant la paix éternelle des esprits.

Emma se mit à marcher à travers ces merveilles, ébahie par la grandeur et l'harmonie de ce monde. Au loin, les chuchoteurs de Kemet planaient au-dessus des temples et des villages, leurs voix murmurant des secrets anciens que seuls les initiés pouvaient entendre. Ces êtres éthérés, faits de brume et de vent, étaient les gardiens des histoires perdues et des légendes oubliées. Ils voyageaient avec les vents, portant la sagesse et les avertissements des temps passés.

Elle aperçut au loin une grande cité, flottant au-dessus du sol, suspendue par un pouvoir invisible. Ses tours élancées, faites de cristal et de marbre, brillaient dans la lumière, et des ponts de lumière reliaient les différentes structures entre elles. Des jardins suspendus regorgeaient de plantes qu'Emma n'avait jamais vues, des fleurs aux teintes irréelles, des arbres gigantesques dont les branches s'étendaient comme des ailes protectrices.

Alors qu'elle s'approchait de cette cité, le ciel, auparavant d'un bleu immaculé, commença à s'assombrir. L'air se fit plus lourd, et la lumière dorée perdit de son éclat. Une ombre, obscure et menaçante, apparut à l'horizon. Elle avançait, telle une vague dévorante, effaçant tout sur son passage. Les Khepriens levèrent les yeux, sentant le danger, mais leurs efforts pour ralentir cette force furent vains. L'ombre, implacable, enveloppait le ciel et la terre, engloutissant les champs dorés et les eaux du Nil. Là où elle passait, les Fleurs de Nout fanaient, se desséchant en un instant, tandis que les Bennu disparaissaient dans des éclairs de lumière. Les sphinx se redressèrent pour faire face à l'ombre, mais même leur sagesse et leur force furent insuffisantes pour la contenir. Les Anubistes, voyant les âmes des défunts tourmentées par cette obscurité, se préparèrent à défendre l'équilibre, mais ils tombèrent un à un. Les créatures majestueuses qui volaient quelques instants plus tôt furent emportées dans la tempête d'ombres, leurs cris se perdant dans l'obscurité qui gagnait du terrain. Des bâtiments s'effondraient sous l'assaut de cette force destructrice, tandis que la lumière dorée se faisait engloutir peu à peu. La cité flottante, autrefois symbole de grandeur et de paix, tombait lentement, aspirée par le néant. L'ombre continua son avancée, et avec elle, la destruction s'abattit sur ce monde autrefois parfait. Les pyramides se fissurèrent, les temples s'effondrèrent, et les rivières se tarirent. Le peuple, autrefois serein, était maintenant en proie à la panique, fuyant une menace qu'ils ne pouvaient comprendre ni stopper. Des fragments de souvenirs, comme des éclats de verre brisé, se superposèrent dans l'esprit d'Emma. Elle voyait des visages : ceux des gardiens, les protecteurs de ce monde, unis dans leur combat contre cette ombre maléfique. Ils utilisaient leur magie pour ériger des boucliers, mais c'était peine perdue. L'ombre s'infiltrait partout, corrompait tout. Une à une, les défenses tombaient, et avec elles, les espoirs de ce monde. Emma voulut hurler, prévenir ces êtres majestueux, mais elle se trouvait incapable de bouger ou de parler. Elle assista, impuissante, à la chute de ce monde ancien, un monde de merveilles, où les Fleurs de Nout nourrissaient la terre, où les Khepriens apportaient la lumière, et où les Phénix apportaient guérison et espoir.

Un froid glacial envahit son corps. L'ombre, immense et dévorante, semblait maintenant s'étirer vers elle, comme si elle la voyait, comme si elle savait qu'elle observait ce moment de leur histoire. La peur lui serra la gorge, son instinct lui hurlant de fuir, mais son corps restait figé. Elle sentit la menace, cette ombre qui avait tout détruit, et qui revenait désormais. Elle se réveilla brusquement, le souffle coupé, le corps en sueur, comme si elle avait réellement affronté cette terreur. Son cœur battait à tout rompre, et il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'elle était dans sa chambre, en sécurité.

Ce qu'elle venait de voir était plus qu'unrêve, c'était un appel, un vestige du passé qu'elle ne pouvait plus ignorer.

L'Amulette du Temps : Les Sables d'ÉternitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant