Je me débattais en griffant le bras de l'individu qui me trainait de force dans ma chambre. On claqua ma porte d'un coup de pied, et la seconde d'après, j'étais plaqué sans ménagement contre celle-ci. Ma tête cogna avec l'impact, sous le choc qui faisait vibrer mon dos, je fermai les yeux. Un râle de douleur s'échappa de mes lèvres scellées quand la main qui me tenait par la nuque pivota sur mon cou pour l'enserrer d'une poigne ferme, mais indolore. Avec la même rapidité que lui, je posais mes mains sur ses poignets, interloquée par l'agilité de son geste, je fronçais les sourcils en rouvrant les yeux.
Mon cœur rate un battement devant les deux billes bleu saphir chargées de colère qui me toisent. La moitié du visage dissimulée par un foulard rouge, son regard me transperçait de milliers de reproches sur les flèches acres de sa haine apparente. Ses boucles brunes s'échappaient de la capuche de son sweat noir, tombant sur ces sourcils durement froncés. Lui. Je savais que c'était lui, le surnaturel de la veille. Si j'écarquillais les yeux de surprise à le revoir, je déglutis face à son hostilité. Je n'avais pas besoin qu'il retire son foulard, jamais, je n'oublierais ses yeux. Nos respirations saccadées étaient la seule chose qui venait perturber le silence, que je ne briserais pas, même lorsque j'apercevais du mouvement derrière lui. Les renards me regardaient perplexe, lorsque le blanc voulut s'avancer, le surnaturel grogna et il s'immobilisa. C'est alors que je remarquai que ma boite à musique tournait. Il avait réussi à actionner le mécanisme, même si aucun son n'en sortait.
Le surnaturel me décolla de la porte avant de me plaquer plus violemment contre le bois brut, comme pour me rappeler qu'il était là. La deuxième fois avait été moins douloureuse, j'avais juste eu le temps de contracter mes muscles. Il réveilla une colère que je n'avais plus ressentie depuis la mort de mes parents. Pour autant, qu'il soit incontestablement très fort, cela ne lui donnait pas le droit de s'introduire chez moi, de m'agresser et de toucher à mes affaires. C'est à mon tour de le toiser avec haine et dégoût.
Notre seconde rencontre est aussi silencieuse que la première et pourtant ma rage est assourdissante quand je lui arrache son foulard et le griffe par la même occasion au visage. Le sourire froid qu'il m'adresse déferle sur moi, une vague de violence me submerge quand je mords sa main. Son sang gicle dans ma bouche sous la pression de ma morsure, entre son pouce et son index.
Il ne cille pas, alors que son sang au goût sucré inonde ma bouche et que je le recrache immédiatement. Je reste figé en constant la rapidité avec laquelle il cicatrise. Il ne reste aucune trace de mes griffures ou de ma morsure. Quand je remonte mes pieds sur son bassin pour l'éloigner de moi le plus possible, il ne recule même pas d'un millimètre alors que son sourire s'élargit.
Je comprends qu'après un moment à m'observer lutter, il décide que c'en est assez. Inclinant la tête sur le côté, il plisse les paupières, et avec une rapidité déconcertante, il ôte sa main de ma bouche. D'un geste sec, il dégage mes pieds de son bassin qu'il colle contre le mien juste avant de menotter mes poignets au-dessus de ma tête. Sa démonstration de force, qui ne semble pas lui avoir demandé le moindre effort.
Je ne faisais pas le poids face à lui. Nos visages à quelques centimètres, il me regardait d'un air de défi, comme s'il était curieux de voir ce que je ferais à présent. Dans une situation pareille, San m'aurait accablé, "tu as été inattentive, Gallagher ! Tu es morte !". Les paroles de Kinan résonnèrent dans ma mémoire alors que j'osais un regard vers celui-ci qui n'avait plus l'air aussi sarcastique. Je refusais de mourir, songeais-je en réalisant qu'Hunt avait raison. Nous étions fous de croire que nous pourrions avoir l'ascendant sur une créature surnaturelle.
Si j'étais trop fière pour renoncer, je n'en étais pas moins suicidaire. Je lui crachais au visage sans ressentir le moindre regret, c'était sans aucun doute le meilleur moyen de me faire tuer plus rapidement. Pourtant, je ressentais une immense satisfaction lorsque son sourire se fana et qu'il éclot sur mes lèvres. Mon crachat coulait le long de sa joue et j'admirais fièrement le liquide baveux blanchâtre se répandre sur sa mâchoire qui tressautait frénétiquement.
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RED RIDDING WOODS
FantasiPromenons-nous dans les bois... Tara, une jeune femme de 23 ans, étudie dans un institut prestigieux qui forme les protecteurs d'élite entre les mondes humain et surnaturel. Elle espère intégrer leurs rangs, tout en essayant de surmonter un traumati...