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Arrivés au bas des escaliers, ils pénétrèrent dans un couloir lugubre, noyé dans l'ombre. Les murs gris, ruisselants d'humidité, semblaient les observer, suintant une tristesse ancienne. Partout, les cellules abandonnées de l'asile ouvraient leurs bouches noires, comme des cages rouillées prêtes à engloutir les vivants. Léo frissonna, jetant des regards anxieux à l'intérieur de ces cavités, imaginant les vies oubliées, les âmes tourmentées qui avaient dû arpenter ce lieu. La douleur y flottait, palpable, une présence étouffante.

Un murmure se fit entendre, de plus en plus insistant, comme une brise glaciale se glissant dans leurs oreilles. Les murs semblaient respirer, s'éveiller autour d'eux, et Léo sentit ses mains trembler. Il chercha la main de Raven pour se rassurer, mais sa paume était froide comme celle d'une morte, presque étrangère. Pris d'effroi, il osa enfin poser la question qui le hantait.

Raven, murmura-t-il, la gorge serrée, pourquoi... pourquoi m'as-tu emmené ici ? Qu'est-ce que tu veux vraiment ?

Elle le regarda, son visage baigné d'une lueur étrange, et Léo vit quelque chose qu'il n'avait jamais remarqué : une cruauté glaciale qui n'avait rien d'humain. Cette étincelle, il l'avait toujours aperçue sans y prêter attention. Ce soir, elle semblait plus vive, plus tranchante.

Oh, Léo... Mon doux, naïf Léo... dit-elle avec un sourire méprisant. Elle laissa son regard errer sur les murs souillés du couloir. Il y a longtemps, Marancy était un village paisible. Mais ici, dans cet endroit, on enfermait ceux qui gênaient, ceux qu'on voulait oublier. J'ai été l'une de ces âmes, une parmi d'autres, condamnée à errer, à languir... Ils m'ont enfermée et laissée mourir ici, alors que je n'étais encore qu'une adolescente.

Léo sentit son cœur se serrer, et une terreur glacée s'empara de lui. Les mots de Raven lui parvenaient comme un mauvais rêve, une absurdité à laquelle il refusait de croire.

Tu... tu veux dire que tu es... que tu es morte ici ? souffla-t-il, sa voix tremblante, presque un murmure.

Le sourire de Raven s'élargit, prenant une allure démente, et dans son regard, Léo ne vit plus rien d'humain. Elle hocha lentement la tête, sa silhouette se fondant de plus en plus dans l'ombre qui les entourait.

Une ombre, une âme qui erre depuis bien avant ta naissance, lui répondit-elle doucement. Les hommes m'ont enfermée ici, pensant m'emprisonner pour l'éternité. Mais toi, Léo... toi, tu m'as donné une raison de revenir et de me venger.

Il sentit une terreur viscérale monter en lui, mais son corps refusait de bouger. Ses muscles étaient paralysés, comme sous le poids d'une force invisible qui lui volait peu à peu sa liberté.

Je... je t'ai donné... murmura-t-il, le souffle court.

Une raison de me venger, répéta-t-elle, une lueur cruelle dans les yeux. Tous les hommes m'ont trahie, m'ont laissée dans l'oubli. Je ne suis devenue qu'un souvenir flou dans leur mémoire. Pour me libérer de cette prison, j'ai besoin d'une âme qui m'aime. Une âme qui serait prête à tout sacrifier pour moi, et qui choisira de rester à mes côtés, quoi qu'il en coûte.

Léo sentit son cœur se serrer, douloureusement. Dans ce sourire cruel, il voyait les promesses et les espoirs qu'il avait placés en elle se désintégrer. Il avait été trompé, et il ne s'en rendait compte que maintenant, bien trop tard.

Tu m'as dit que tu m'aimais..., souffla-t-elle, douce comme un venin. Alors libère-moi, Léo. Reste ici, avec moi... pour l'éternité.

Un gouffre sans fond s'ouvrit dans son regard, et Léo y plongea, impuissant. Ce visage qu'il avait aimé n'était plus celui de Raven ; c'était autre chose, une force obscure, une entité ancienne et inhumaine. Il tenta de reculer, mais l'étreinte de Raven se resserra, glaciale, implacable.

Raven... je t'aime... mais je... je ne veux pas mourir, murmura-t-il, des larmes d'horreur coulant sur ses joues.

Elle pencha la tête, le regard impassible, détaché. Puis, elle sourit, un sourire cruel qui semblait s'étirer jusqu'à l'inhumain.

Mourir ? Oh, non, Léo. Mourir serait trop facile. Tu m'as donné ton amour, ta confiance... Et maintenant, tu m'appartiens. Pour toujours.

Les ombres se refermèrent autour de lui, s'enroulant comme des chaînes glaciales. Léo sentit ses forces l'abandonner, son âme aspirée dans une nuit sans fin, tandis que la voix de Raven résonnait dans l'obscurité, écho éternel d'une promesse damnée. Sa dernière vision fut celle de son visage, figé dans un sourire cruel, triomphant.

 Sa dernière vision fut celle de son visage, figé dans un sourire cruel, triomphant

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Les ombres de MarancyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant