Ruby : Loneliness of the soul.

#05

18H00.
LIVING NIGHT CLUB.
PDV RUBY SABBATINI. 19 ANS.

Je respire fort. Ma cage thoracique se soulève tout comme ma poitrine. Nous sommes si proches que je peux ressentir son souffle chaud sur ma peau.

Monsieur va perdre le contrôle ?

-Je travaille ici. C'est quoi ton problème ? dis-je en ne baissant pas les yeux.

-Démissionne.

-Oui papa.

Il me toise du regard et, son doigt, relève mon menton. Pour une raison qui m'échappe, il est terriblement irrité. Il ne simule pas. Mais qu'ai-je fait pour qu'il soit tant énervé ?

-Je ne rigole pas Ruby. C'est pas un lieu de travail fait pour les fillettes comme toi.

-Des quoi ? répliqué-je.

-Tu m'as très bien entendu.

-Pousse-toi, Aden.

-Sinon quoi, mi linda princesa ? ( ma jolie princesse, en espagnol ).

-Je n'ai pas envie d'être virée à cause de ton immaturité car vois-tu, je suis attendue à mon poste. Donc, dégage.

-Princesa est vexée car je l'ai traitée de fillette ?

J'avais l'intention de répliquer, mais l'un de mes collègues est venu nous interrompre dans notre conflit.

-Ruby ? Patron ? commence-t-il sous l'incompréhension.

-Patron ? m'explamé-je choquée.

-Aden est notre-

-Tu veux quoi Raul ? lâche Aden, agacé.

-Il me faut Ruby en urgence ! Les commandes ne font qu'augmenter !

-D'accord, répond ce dernier.

Je me hâte de partir du mur qu'est son corps et de retrouver Raul, mais Aden me retient et enroule sa veste autour de ma taille.

-Je ne supporterai pas plus longtemps qu'on te regarde avec envie.

Je retire son blouson puis, le jette par terre. Avant de lui tourner le dos, je lui fais un doigt d'honneur.

-Supporte le.

2H00.

Mon service vient de se terminer et autant vous dire que je suis épuisée ! La soirée s'est déroulée sans encombres, même si j'ai été observé avec mécontentement par Aden.

D'ailleurs, j'ai essayer de soutirer des informations à Raul concernant Aden. Je ne veux pas croire qu'il est notre patron. 

Mon patron. 

En vain car il n'a rien souhaité écouter ! Il est resté muet jusqu'au bout sur le sujet. 

Enfin bref, je réfléchirai à ça plus tard car pour l'instant je n'ai pas la force de faire travailler mes méninges ! 

Demain nous sommes samedi donc pour mon plus grand bonheur je n'ai pas cours. Je compte rester chez moi toute la journée en compagnie de ma bonne et vieille amie.

La solitude.

-RUBY ?? me crie Raul en courant vers moi.

-Raul ? Qu'est-ce qui ce passe ?

-Tu rentres maintenant ? répond-t-il essoufflé. 

-Oui je viens de finir mon service. Pourquoi ?

-Tu veux que je te raccompagne ? Il est 2h00 du matin ! C'est dangereux de rentrer seule !

-C'est gentil de ta part mais j'habite vraiment loin donc je préfère refuser...

-Mais non ne t'en fais pas, ça ne me dérange pas du tout ! Ça nous permettrait de faire plus ample connaissance en plus ! 

-Euh... désolée mais non merci.

Je le sens mal. Son attitude est clairement suspecte. S'il avait vraiment voulu faire une bonne action, il se serait stoppé au moment où j'ai décliné son offre pour la première fois, mais au lieu de cela, il s'obstine. Je n'ai qu'une envie : lui en coller une pour qu'il assimile dans sa petite tête que c'est n.o.n mais je préfère éviter de m'attirer des ennuis alors que j'ai enfin trouvé un travail qui rémunère généreusement.

Mon corps fait demi-tour pour se diriger vers la sortie de mon lieu de travail et pour surtout, fuir Raul. Cependant, ce dernier se positionne face à moi, un sourire en coin.

-Je suis têtu Ruby donc j'insiste. Je n'arriverai plus à dormir la nuit s'il t'arrivait une mésaventure.

OK ce mec est beaucoup trop louche.

-Vous fichez quoi encore ici à cette heure ? réagit une voix grave, que je connais que trop bien, derrière mon dos.

-Purée patron je ne vous ai même pas entendu arriver ! 

-Tu évites ma question Raul ? dit-il en s'approchant dangereusement de lui.

-Ab...absolument pas ! J'aimerais pouvoir rentrer chez moi mais depuis tout à l'heure elle me force à rester auprès d'elle !

Aden me dévisage du regard pourtant dans ses yeux réside une lueur inexplicable. Ses iris me souffle discrètement un message mais lequel ? Nous continuons cet échange silencieux mais à la fois bruyant jusqu'à ce qu'il décide de prendre la parole.

-Tu confirmes Ruby ? m'interroge Aden.

-C'est totalement fau-

-Assumes ! J'ai une famille qui m'attend à la maison donc pourquoi crois tu que je perdrai mon temps avec un fillette comme toi ?! s'énerve Raul.

Je n'ai pas les mots pour expliquer la haine qui envahit mon corps. Je dois sûrement être devenue rouge de rage. En plus d'être un forceur, ce gars est un trompeur et un père de famille ?! Je plains sa femme... Aucune femme ne mérite d'être traitée de cette manière.

-Dis moi Raul, tu t'appelles Ruby ? lâche d'une manière glaciale, Aden.

-Non. Pardon. 

-Voilà. Où en étais-je.

-Il ment. Il m'a proposé de me raccompagner chez moi mais j'ai refusé à plusieurs reprises malgré ça il a continué de persister, dis je à bout de forces.

La situation m'exaspère, il est 2h00, je n'ai qu'une envie, c'est de retrouver mon lit douillet. De plus, je ne peux m'empêcher de stresser. L'idée de perdre ce travail me monte à la tête, comme un fait qui deviendra réalité si je ne me débats pas pour qu'il me donne raison.

-Tu es folle ! Tu mérites d'être enfermer ! se défend Raul en entamant une enjambée furieuse vers moi.

Son bras est sauvagement attrapé et tordu. Le bruit de son os qui craque provoque en moi un haut le cœur que je parviens à contenir en appuyant la paume de main sur ma bouche. 

-T'allais lever la main sur elle là ?! En ma putain de présence Raul ?! 

Raul ne réagit pas tant la douleur paralyse son corps. Ses yeux s'embuent de larmes qui ne coulent pas. Ses lèvres s'ouvrent puis se referment instantanément, comme s'il lui était impossible de composer une phrase.

-C'est bon Aden, calme-toi, parvenais-je à dire.

Mes paroles ne l'atteignent pas. Il continue de lui infliger un calvaire et je me déçois à ressentir de la peine pour lui.

Soudainement, il le balance brutalement dans les chaises qui, elles, terminent par s'écrouler. Un bruit assourdissant s'installe dans la pièce et je présume que c'est à cause de cela que je ne l'ai pas perçu accrocher ma main à la sienne.

-Ce soir tu rentres avec moi.