CHAPITRE 5

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L'aube se levait péniblement, étirant des lueurs pâles sur les vitres du métro, tandis que Louis, droit et imposant, restait silencieux, une valise à la main.

La carrure plutôt massive de cet homme au teint mat et à la barbe méticuleusement taillée, occupait l’espace comme une présence indomptable.

Sa main droite enserrait la poignée de la valise avec une telle fermeté que ses phalanges en avaient blanchi, bien que ce ne soit ni le poids ni la valeur de ce qu’elle contenait qui en soient la cause.

Non, ce n’était que le souvenir de cette scène.. perturbante.

Il ne comprenait toujours pas pourquoi il avait pris la peine d’aider ce gamin dans le métro, cet étudiant d’une vingtaine d’années tout au plus.

Louis n’avait rien d’un bon samaritain, encore moins d’un chevalier servant prêt à sauver les étrangers en détresse.

Ce n’était pas son genre de s’encombrer des problèmes d’autrui. Alors, pourquoi était-il intervenu ?

Il fronça les sourcils, agacé par sa propre réaction, et se concentra sur les bruits mécaniques du métro pour chasser ce souvenir.

Il détestait les distractions inutiles, et cette intervention l’avait retardé, l’empêchant de suivre l’emploi du temps qu’il s’imposait scrupuleusement.

Il avait un rendez-vous, un lieu précis, une personne précise à voir.
Son retard le frustrait.

"Putain de merde, grogna-t-il intérieurement en serrant les dents, dissimulant son agacement derrière une façade de calme glacial."

Soudain, une secousse traversa la rame, projetant les passagers les uns contre les autres.

Louis sentit quelque chose s’abattre contre son torse et baissa les yeux. Une jeune femme, apparemment trop « surprise » pour se stabiliser, s’était retrouvée collée contre lui, les mains fermement posées sur ses épaules.

Elle poussa un cri feint, jouant à l’innocente égarée, ses joues rougies d’un rose calculé.

Il ne bougea pas, ne cligna pas des yeux. Immobile et impassible, Louis regardait droit devant lui, l'air indéchiffrable, les bras encore tendus autour de sa valise, ne daignant pas même lui adresser un sourire poli.

Son expression restait inchangée ; froide, presque méprisante, comme si la jeune femme n’était qu’un obstacle qu’il lui fallait ignorer.

Elle lâcha finalement une série d’excuses dans un murmure doux, cherchant désespérément à capter ses iris d’un bleu perçant.

Mais en vain.

Louis gardait son attention ailleurs, les yeux fixés dans le vide avec une indifférence palpable.

La jeune femme reprit alors sa position initiale, vexée, tentant de dissimuler sa déception derrière des gestes exagérément appliqués pour lisser son manteau froissé.

Finalement, elle détourna son attention, regard rivé sur son téléphone.

Louis esquissa un léger mouvement des yeux vers le plafond, un geste discret, presque imperceptible.

Puéril.

Le mafieux resta impassible, mais son esprit ne s’apaisa pas. Le visage du jeune rouquin qu'il avait croisé plus tôt revenait en flashs inattendus.

L'air effrayé et fragile de l’étudiant s’incrustait, malgré lui, dans sa mémoire.

Il ferma brièvement les yeux, secouant intérieurement ce souvenir comme pour effacer une erreur de parcours.

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