Chapitre 19 : Layla

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 J'arrêtais de rire en première.

L'explication d'Alessio flottait dans mon esprit. Était-ce vraiment possible ? Étais-je vraiment la réincarnation de la Lune et de la Nuit ? Je faisais confiance à Ilona, je savais qu'elle ne me mentirait pas, mais et si elle croyait alors que c'était faux. Alessio était peut-être un menteur, et Ilona l'avait cru.

Mais... Ilona m'avait affirmé avoir des preuves de ses pouvoirs... En plus, depuis quelques temps, je n'arrêtais pas de dessiner un paysage nocturne, donc... Et moi aussi, j'avais eu une vision, bien que pas d'autres pouvoirs...

Au bout d'un moment, les deux autres finirent de rire aussi, Ilona retourna sur le lit et Alessio se tourna vers moi :

-Layla ?

-Oui ?

-Est-ce que... Est-ce qu'à des moments dans ta vie, tu as eu l'impression que les gens autour de toi te détestaient sans raison ? Parce qu'en général, la répulsion attire une répulsion instinctive aux humains. Et je sais pas s'ils sentent l'empreinte de la nuit en toi...

J'écarquillai les yeux. Son discours n'était pas clair, mais j'avais compris l'essentiel.

Alors c'était pour ça. On me détestait, on me traitait de sorcière ou de monstre parce que j'étais l'enfant de la nuit. Juste pour ça.

Je me tournai vers Ilona, qui avait la bouche entrouverte. Elle aussi avait compris. Elle aussi avait réalisé.

Alors je n'avais rien fait de mal. Le problème ne venait pas de moi. Ce n'était pas quelque chose dans mon comportement ou dans mon apparence qui attirait la haine des gens sur moi. C'était juste... ça.

Ma lèvre se mit à trembler. Ilona avait les larmes aux yeux, et Alessio nous regardait, l'air perdu.

Il ne savait pas. Il ne comprenait pas.

-Alessio, déclara Ilona. Tu pense que c'est à cause de ça que tout le monde la déteste.

C'était la première fois qu'elle l'avouait à voix haute. Avant, quand on parlait, elle me disait que non, on ne me détestait pas, c'était juste que... et elle changeait de sujet.

Mais là, elle l'avouait.

Tout le monde me détestait.

Elle n'osait pas me quitter des yeux. Je ne pouvais pas non plus arrêter de regarder ses yeux magnifiques. Elle était la seule personne à qui je pouvais encore m'accrocher. L'image de Brayden s'imposa à moi, mais je la chassais. Il était sympa avec moi uniquement par intérêt, pour attirer l'attention d'Ilona.

Alessio hocha la tête, puis ajouta :

-Et toi, tout le monde doit bien t'aimer, non ?

On écarquilla toutes les deux les yeux. C'était encore plus douloureux que pour moi. Si moi je venais d'apprendre qu'on me détestait pour rien, elle savait désormais que si elle avait été normale, on ne l'aurait pas aimé.

Son front se plissa, et elle se tourna vers Alessio. La peine se dessinait sur son visage. J'avais juste envie de l'attraper et de l'amener dans un endroit ou il n'y aurait plus que nous deux. Ou il n'y aurait pas cette fichue humanité, à laquelle nous n'appartenions même plus vraiment.

-Tu crois que c'est pour ça ? lui demanda-t-elle, livide.

Elle voulait une réponse négative. Elle avait besoin d'une réponse négative. Je m'apprêtai à lui donner ce qu'elle souhaitait quand Alessio répondit :

-Pas forcément. Il y a une partie qui vient de toi, mais... le reste se dégage de toi, sans que tu le veuille.

Elle tenta de sourire, puis hocha la tête.

La vengeance célesteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant