Chapitre 4

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Léonor.

Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin devant le bureau du prophète. Des voix se font entendre à l'intérieur, me signifiant déjà que ma présence demandée est pour une certaine raison. Je soupire, lissant rapidement ma robe et replaçant correctement mes cheveux derrière mes oreilles.

Je tape deux coups contre la porte et c'est l'un des conseillers du prophète qui m'ouvre. Il m'étudie de haut en bas, s'attardant sur la bosse de mon ventre. La voix du prophète se fait entendre derrière lui alors il se décale, me laissant rentrer dans la pièce froide.

Madame Maintenon est à la droite du prophète, derrière le bureau. Elle observe attentivement la vue des jardins qu'offre l'immense fenêtre. A côté, sur un canapé, il y a deux autres conseillers de Hydrelin, lisant des papiers. Puis, sur la gauche, contre un mur, deux silhouettes m'observent.

Je reconnais aussitôt le lieutenant Genner. Il m'offre un sourire d'encouragement. Mais, la deuxième silhouette à ses côtés, presque cachée dans l'ombre, me fait écarquiller les yeux.

Grâce à la lumière du jour, ses traits augmentent la beauté qui était alors cachée par les feuilles du figuier. Ses yeux ont toujours la couleur d'un ciel bleu et ses cheveux sont attachés en une demi-queue de cheval, comme hier. Seulement, j'ai l'impression qu'ils sont légèrement moins foncés que cette nuit.

"Avances Léonor, n'ai pas peur." j'entend le prophète dire.

Je déglutis, m'avance d'un pas timide.

"Vous m'avez appelé, monsieur."

"- Oui, j'avais besoin de te voir.

- Oh. Est-ce qu'il y a une urgence? Quelque chose que j'ai pu faire? Je ne m'attendais pas à voir autant de monde en entrant ici.

- Es-tu angoissée?" me demande-t-il.

"Oh non. Juste curieuse. Surtout que le Lieutenant est présent."

Le prophète regarde George et sourit.

" - Le lieutenant Genner m'a dit que tu as été informée quant à la présence des nouveaux soldats dans le palais.

- Exact.

- Maintenant c'est à mon tour de te tenir informer de quelque chose que je souhaite faire.

- Je vous écoute."

Il me montre le siège en face du bureau. Je m'y assois silencieusement et la gouvernante se retourne vers moi, s'adossant à la fenêtre. Je déglutis de nouveau et gesticule sur mon siège, embarrassée face au silence.

" - Il y a eu une nouvelle attaque des Vitoxierins dans la citée. Nous avons trouvé dans une maison les symboles rouges qui les représentent. Ils ont capturé toute une famille et les ont probablement tués, comme toutes les victimes.

- Savez-vous qui était la famille?" je demande.

"Une vulgaire famille de fermiers."

Je fronce des sourcils.

" - Les membres de ma famille sont fermiers je-

- Nous sommes ta famille." me coupe froidement le prophète.

Je mord mes lèvres entre elles, baissant le regard vers mon ventre.

" - Les soldats ont trouvé des menaces me concernant et vous concernant, toi et les autres femmes. Comme tu le sais déjà, j'ai engagé des nouveaux soldats pour vous protéger en cas d'attaque au palais, mais aussi s'ils venaient à s'infiltrer. Seulement, mon espoir repose sur tes épaules Léonor. Tu es une cible facile pour eux.

L'aube de la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant