L'aube de la vérité

Chapitre 11

Léonor

Ce soir, le prophète a prévu un bal afin que tout le monde oublie ce qui s'est passé ces derniers jours. Les plus riches habitants de la cité sont invités ainsi que quelques paysans qui ont pu se faire attaquer dernièrement.

Nous sommes à quelques jours de la cérémonie d'honneur du prophète, il voulait profiter des préparatifs déjà prêts afin d'organiser sa soirée si peu prévue. Malheureusement, les servantes vont devoir travailler plus ardemment ces prochains jours à cause de sa décision idiote.

"Argh, j'arrive plus à respirer."

Devant mon miroir, je me retourne vers Jane. Une couturière dans son dos serre au maximum son corsage, essaie de le faire tenir. Ce soir, nous ne porterons pas de robe similaire.

Ma sœur est habillée d'une robe beige en soie qui met en valeur son teint doré. Des lignes dorées dessinent sa taille et lui donnent une forme d'un battement de papillons. Ses cheveux bouclés sont lâchés sur ses épaules et des perles dorées y sont glissées, apportant de la lumière à ses cheveux bruns. Sur son crâne, notre tiare habituelle y est déposée mais elle est maintenant dorée. Elle est si jolie; je crois que c'est la première fois que je la vois habillée d'une manière aussi différente de d'habitude.

"Est-ce qu'on a une tenue de rechange?" demande-t-elle, se retournant faiblement vers la couturière.

" - Non. Le prophète veut vous voir en tenue éternelle.

- Ce ne sont pas des tenues éternelles. Demain, on remet nos robes hideuses.

- Il veut que les gens ne vous oublient pas.

- C'est sûr qu'ils ne vont pas m'oublier quand je vais faire un malaise." marmonna-t-elle.

La couturière roule ses yeux et glisse une cape transparente aux fils d'or sur les épaules de ma sœur. Elle sourit grandement et remet quelques plis en place, se plaçant en face d'elle.

"Vous êtes si jolie!"

Jane se regarde attentivement dans le miroir, retire une mèche de cheveux qui lui tombait sur l'épaule. Son regard se pose sur ma silhouette et elle sourit.

Les couturières m'ont glissé une robe courte en soie blanche qui dévoile mes jambes. Des fines lignes de diamants entourent ma taille et mes épaules pour glisser dans mon dos nu. Sur celui-ci, d'autres lignes de diamants permettent de fermer la robe et d'y accrocher un voile transparent à la couleur blanche. Celui-ci recouvre mes épaules jusqu'à glisser au sol en deux parties, s'envolant à chaque pas que je fais.

Elles ont attaché mes cheveux en un chignon tressé que je n'ai pas l'habitude de porter, permettant d'y glisser ma tiare en argent. Comme Jane, elles m'ont maquillée d'une manière indécente qui va faire parler les bourgeoises qui restent dans les couleurs flashys.

"Prête?" me demande ma sœur, haussant l'un de ses sourcils.

On ne voit pas mon ventre de grossesse grâce à la ligne de diamants qui attire l'œil par sa lumière. Et heureusement. Je n'aurai pas voulu que le prophète annonce la présence de son héritier sans que je ne sois au courant. Du moins, pas avant la cérémonie.

"Et toi?" je lui demande en retour.

Elle sourit, caressant son collier qui glisse jusqu'à la naissance de sa poitrine.

"Allons-y."

Elle descend de l'estrade prévue pour les couturières et s'avance vers la porte. A quelques mètres de là, nous entendons déjà la musique dans la salle et les nombreux bavardages des invités commencent déjà à arriver. Lorsque nous sortons, Madame Maintenon nous attend en compagnie des autres femmes. Alors que certaines portent des tenues "éternelles" comme nous, d'autres ont choisi la simplicité pour que le prophète reste le seul homme important ce soir.