CHAPITRE 1

844 51 39
                                    

Flash-back 2025,

Un poing sur la table, des mâchoires serrées et des regards qu'ils ne se sont jamais lancés jusqu'à présent. Pierre ferme les yeux et tente de se reprendre. Ce qu'il vient de dire est sorti de sa bouche sans même qu'il n'y réfléchisse et ça a fait l'impact d'une gifle sur le visage d'Helena. Il ne voulait pas, mais la colère a parlé.

— Tu t'entends me parler ? Demande Helena. Qui es-tu ? Le Pierre que j'aime, il ne m'aurait jamais dit quelque chose comme ça.

— Je suis désolé.

— C'est trop simple.

La voix d'Helena se brise. Tout va trop vite pour elle. Leur dispute a démarré il y a une dizaine de minutes et tout s'est déroulé sans qu'Helena ne voie rien. Une crise de jalousie de sa part, elle le sait qu'elle est la fautive des mots qu'ils se lancent. Elle l'a vu Pierre à cette soirée, avec cette fille qu'elle a trouvée trop proche de lui à son goût. Il a juré n'avoir rien fait, d'avoir à peine posé les yeux sur elle, car il ne voit que par sa petite-amie, mais prise dans l'engrenage de la jalousie, Helena n'a rien voulu entendre. Pourtant, il ne pouvait être plus sincère Pierre. Il a dû se défendre et bêtement, il a choisi de faire une remarque sur Helena sur sa façon de mal faire un truc à la maison, comme pour changer de sujet et ça n'a rien arrangé à la colère de sa petite-amie.

Les mots se sont envenimés jusqu'à la phrase de trop de Pierre, qui jusque-là prenait les coups. Il a dit la phrase de trop. Il y a tellement de laisser aller ici. En montrant Helena. Il a tout de suite regretté. Sans la colère, il n'aurait jamais dit quelque chose comme ça, surtout pas à Helena qu'il trouve parfaite, qu'il aime plus qu'il ne s'aime lui.

— Si tu n'arrives plus à me parler sans me manquer de respect, reprend Helena, tu pars de chez moi.

Ce n'est pas chez elle. C'est chez eux. Ils ont pris cet appartement après les fêtes de fin d'années. Chacun dans leurs familles, la distance géographique entre eux leur faisait trop mal. Ils ont trouvé ce cocon pour cacher leur amour. Tout cela n'a duré que trois mois, même si leur couple est plus ancien, datant de la fin de l'émission qui les a vu naître.

— S'il te plaît, pars, l'implore Helena en pleurant.

Ils pourraient régler le problème, se calmer, mais c'est trop pour Helena. Il a atteint le point de non-retour. La mâchoire de Pierre reste serrée quand il tourne les talons pour traverser leur appartement. Il va à leur chambre et il commence à sortir toutes ses affaires qu'il dépose sur le lit. Il ira chercher sa valise après pour mettre tout dedans. Il prend son temps, car il sait que le temps fait les choses. Il laisse Helena redescendre, mais ce qu'il ignore, c'est qu'il n'y a pas plus sûre d'elle que la Helena actuellement. Il rêve cependant qu'elle revienne vers lui, qu'elle le prenne dans ses bras en s'excusant, comme la dernière fois qu'ils ont eu un désaccord sur la vaisselle. Vivre ensemble, c'est apprendre à mettre en commun les pensées des deux êtres présents sur les choses de la vie quotidienne. Helena et Pierre y peinaient, mais ils faisaient de leur mieux.

Helena ne reviendra pas sur sa décision de le mettre à la porte, en tout cas, pas pour aujourd'hui. Pierre fait ses valises et les pose devant la porte d'entrée. Helena le regarde faire. Il se tourne vers elle, tente un sourire auquel elle ne répond pas.

— Tu sais que je n'ai pas voulu dire ça, s'excuse-t-il.

— N'oublie pas ça.

Elle dépose sur la table un cadre photo. Sur le cliché, ils sont tous les deux, c'est la première photo qu'ils ont prise ensemble à la sortie du château, le soir de la victoire de Pierre. Il soupire en regardant l'objet.

— Je ne peux pas, soupire-t-il.

— Super, je la balancerai par la fenêtre du coup.

Ce ne sera que symbolique, parce que cette photo est partout, sur leurs téléphones, sur leurs réseaux sociaux privés. Tout le monde l'a et ils ne pourront pas passer à côté. Pierre passe près d'Helena et s'arrête à sa hauteur. Ils se regardent dans les yeux. C'est à ce moment-là que tout pourrait basculer. S'il était courageux, il la prendrait dans ses bras, l'embrasserait comme lui sait le faire, il lui dirait qu'il l'aime et si elle se laisse faire, il pourrait l'amener dans leur chambre, comme l'autre fois pour la vaisselle. Pourtant, il reste là, à la regarder, à prendre une dernière image d'elle, même si ce n'est pas celle qu'il va préférer. Il aime trop quand elle sourit, pour apprécier ce visage si dur contre lui.

— Je présume que tu ne reviendras pas en arrière, lui dit-il dans un dernier espoir.

— Non.

Il est allé trop loin. Helena le regarde s'en aller, ouvrir la porte et quitter l'appartement. Dès la porte refermée, elle se laisse emportée par ses sanglots et doit se faire violence pour ne pas rouvrir cette porte et lui hurlait de revenir vers elle. Elle le laisse s'en aller, parce qu'elle pense que ce sera mieux pour elle. De toute façon, leur amour était trop beau pour être vrai. Elle l'a bien vu, depuis leur aménagement ensemble, les choses n'allaient plus si bien entre eux.

Pierre tire sa valise jusqu'à sa voiture dans le parking souterrain. Ils avaient demandé deux places, pour leurs deux voitures. Il ne rendra pas tout de suite la sienne, dans l'espoir qu'elle lui dise de revenir. Il espère que d'ici une ou deux journées, Helena fasse marche arrière. Il s'imagine déjà resté les yeux rivés sur l'écran de son téléphone pour voir si elle l'appelle. Il sursautera à chaque notification, pensant que c'est elle. Il sera déçu quand il ne verra pas son nom apparaître sur l'écran. Il met sa valise dans le coffre et s'assoit côté conducteur. Il branche son téléphone et il voit son écran de verrouillage, qui n'est d'autre que le doux visage d'Helena, celui qu'il aime caresser. Il doit rester fort, ne pas pleurer. Pas maintenant, pas ici. Il se connaît, s'il laisse couler une larme, il ne pourra plus s'arrêter. Il garde ça pour la chambre d'hôtel qu'il prend pas très loin de l'appartement, toujours dans l'optique d'être le plus rapidement là si Helena venait à le rappeler.

Sans Pierre, l'appartement semble vide à Helena. Il manque la voix de Pierre, le son de sa guitare qu'il actionne pour la draguer une nouvelle fois. Quand il se met à jouer, Helena en retombe automatiquement amoureuse. Il l'a laissé dans le salon. La blonde a la valeur des objets, sinon elle ne se serait pas gênée pour la jeter par la fenêtre. Elle s'assoit sur le canapé et dans le silence, elle se demande si elle a fait le bon choix. Elle commence à regretter, mais s'ordonne d'être une grande fille et d'être sûre d'elle. Pierre a dit le mot de trop et elle n'arrivera jamais à le digérer. Pour arrêter de penser, elle envoie un message à l'une de ses amies pour aller boire un verre et surtout pour se plaindre.

----


Voilà, on pose les termes sur leur séparation il y a quelques années. Une simple dispute...

J'espère que ça vous a plus même si je pense que ce n'est pas à ce à quoi vous vous attendiez pour le début.

Le prochain chapitre sortira mercredi prochain, à 18h30.

Si vous voulez tweeter sur la fiction vous pouvez utiliser le hashtag #farfromshallow (mon compte shallow_fic)

We're far from the shallow now (PIERRINA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant