CHAPITRE 2

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Le prénom d'Helena n'est jamais réapparu sur l'écran de Pierre. Elle ne l'a jamais rappelé et ça fait cinq ans. La photo de son fond de verrouillage a changé, la blonde a laissé la place au nouveau compagnon de Pierre, un bouvier bernois du nom de Haru, qui veut dire printemps en japonais. Pierre n'a pas du tout suivi la lettre qui devait commencer le prénom de son chien, mais il s'en fiche. Il l'a adopté quelques semaines après sa séparation avec Helena, quand il a compris qu'elle ne reviendrait pas. Maintenant, Pierre se promène partout avec son énorme chien, un peu comme Michel Drucker. C'est ce qu'on lui a dit lors d'une interview une fois et ça l'a fait rire.

Haru a aussi pris la place d'Helena dans le lit de Pierre. Si Pierre venait à avoir une nouvelle copine, il faudrait qu'elle accepte de partager son lit avec un chien de quarante-cinq kilos. De toute façon, Pierre n'a pas envie d'avoir une nouvelle petite copine et ça fait cinq ans qu'il préfère rester célibataire. Ses parents voudraient qu'il trouve quelqu'un, mais à ses yeux, toutes les autres filles sont fades quand il repense à Helena.

Le réveil sonne et Pierre l'arrête de suite d'un geste automatique. Il se retourne et souhaite continuer sa nuit. Pourtant, il n'a pas le temps. Il doit sortir Haru et se préparer pour quitter son appartement. Il prend quelques minutes de plus et quand il sent qu'il va se rendormir, il ouvre les yeux dans un sursaut. Il attrape son téléphone. Dix minutes sont passées depuis son réveil. Il soupire. Il finit par se lever et regarde son chien encore endormi.

— Il y en a qui ont de la chance, dit-il à un Haru qui semble totalement le comprendre.

Le chien se lève et suit son maître à travers les pièces de l'appartement. Quand Pierre s'habille dans la salle de bain, Haru patiente la truffe collée à la porte. Pierre en ressort, un short et un tee-shirt sur lui. Il attrape son téléphone posé sur la table, actionne son application de musique pour mettre du son dans les écouteurs qu'il enfonce dans ses oreilles. Il met le harnais à un Haru bien trop excité par sa sortie sportive quotidienne.

Pendant une trentaine de minutes, Pierre fait le tour de son quartier et de ceux pas trop loin, son chien en laisse, tout en courant. Courir l'aide à avancer, à se poser sur sa vie et surtout, ça lui donne bonne conscience, par rapport aux bières qu'il a bu la veille. Il le sait, il en boit sûrement une de trop, mais cette dernière, elle l'aide à s'endormir, alors il estime qu'elle est bénéfique. Dans ses oreilles passent une dizaine de chansons des plus aléatoires. Il avait essayé une playlist créer pour aller courir, mais il n'a pas aimé. Il préfère laisser la sienne couler sur ses heures de sport.

En revenant chez lui, Pierre s'offre une douche pour enlever toute trace de sueur et il s'habille pour sortir. Il porte un pantalon cargo beige, un tee-shirt noir et une veste en jean de la même couleur. À ses pieds, la dernière paire de Nike à la mode qui lui ont tapé dans l'œil quand il est passé au magasin. Comme à son habitude, il prend son chien avec lui pour sortir. Il rejoint un van noir dans lequel il monte. Là, il y trouve sa manager qui le prend dans ses bras et qui fait une caresse à Haru.

— Qu'il est beau celui-ci, s'étonne-t-elle, on n'aura même pas besoin de demander à TF1 qu'ils t'habillent.

— C'est pour ça que j'ai préféré prendre les devants, quand on voit comment TF1 habille les invités.

Sa manager se pince les lèvres pour ne pas rire.

— On a demandé, ils autorisent Haru et ils nous font confiance pour qu'il ne casse rien dans le château.

— Promis, il ne fera pas de bêtises.

— Ils pensent que voir un chien fera du bien aux académiciens.

Pierre hoche la tête. Il regarde de loin cette saison, c'est à peine s'il sait comment s'appellent les élèves. Tout ce qui lui est remonté aux oreilles par sa production, c'est que la saison ne fonctionne pas vraiment. Les audiences baissent de samedi en samedi et les élèves vivent mal leurs histoires au château. On a invité Pierre pour qu'il aille les remotiver. Ça fait bien longtemps qu'il n'est pas revenu à Dammaries, cinq ans pour être honnête. Même quand il était le parrain de la saison qui a suivi la sienne, il n'y est pas retourné.

Avec le recul, il peut affirmer qu'il a vécu les plus beaux mois de sa vie dans ce château. Il avait des partenaires de jeu incroyables, dont l'une d'entre eux qui a fait battre son cœur dès la seconde où il a posé les yeux sur elle. À sa première phrase chantée, Pierre était sous le charme de cette blonde toute timide à l'époque. Il se met à repenser à elle dans le van et les larmes lui montent aux yeux. Pierre se met à caresser mécaniquement la tête de son chien. Il se murmure que ça va aller, même si à présent, il a peur d'être submergé par tous les souvenirs de cette aventure. Ils sont tous restés soudés de longs mois après la tournée. Mais le temps a fait son œuvre et même s'ils ne s'oublient pas, ils partagent moins. Bien sûr, ils s'envoient des photos, ils se disent pour les couples, les naissances et les mariages. D'ailleurs, il en a une qui ne va pas tarder à se marier. Elle l'a mis sur le groupe, une photo d'elle, de son fiancé et de la bague qu'il lui a offerte. Pierre est le seul qui n'a pas réagi. Il aurait pu mettre un cœur pour être gentil, mais il n'avait pas envie de l'être. Savoir qu'Helena va se marier avec un autre le rend fou.

Sans s'en rendre compte, Pierre a serré son poing à sa dernière pensée. Il en vient à rire à l'idée qu'il espère pour le fiancé d'Helena de ne pas le croiser, sinon il lui mettrait son poing dans la figure. Sa manager se racle la gorge, ce qui attire l'attention du jeune homme. Il fronce les sourcils, elle sourit timidement.

— Pierre, il y a quelque chose dont on ne t'a pas parlé.

— D'accord. Ça m'inquiète tu sais.

— Non, ne t'inquiète pas. Juste...

Il voit sa manager prendre une grande inspiration avant de lui faire ses aveux.

— Vous serez deux à faire la masterclass aux académiciens.

— OK. C'est qui ?

— On ne peut pas te dire tout de suite.

— C'est une surprise ? Rit-il.

Elle essaie au maximum de ne rien montrer sur son visage pour qu'il ne s'inquiète pas, mais elle le sait, il risque de ne pas aimer la surprise. Cependant, TF1 obligeait de les faire venir tous les deux, lui et Helena.

— Oui, répond-elle à la hâte. Tu verras.

Elle détourne le regard vers son téléphone. Pierre aimerait des indices pour essayer de trouver de qui il s'agit pour les dernières minutes du trajet, mais il sent qu'il ne doit pas en demander plus. C'est bizarre, parce qu'il a hâte.


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Vous avez été adorables sur le premier chapitre, vous avez fait monté les vues sur la fanfic à 1000 alors, je vous offre en avance le chapitre 2 !

Le prochain viendra bien mercredi 13 à 18h30 (je n'ai pas continué à écrire, je vais me retrouver à sec)

#farfromshallow


We're far from the shallow now (PIERRINA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant