Arcanes [ EN PAUSE ]

Chapitre 4

L'amphithéâtre était une vaste pièce circulaire, toute en boiseries claires, pouvant accueillir au moins mille personnes. Les bancs en face de l'estrade étaient recouverts de centaines de para-humains en uniformes bleu nuit et blanc.

L'uniforme de l'académie, qu'ils avaient trouvé dans leurs armoires respectives, était composé, pour les filles, d'une chemise blanche dont les manches étaient cerclées de runes, d'une jupe bleu nuit et d'une cape assortie ornée de runes argentées imprimées en bas. Celui des garçons, que portaient Nagamay et Dylan, était identique, à ceci près qu'ils avaient des pantalons et non des jupes.

Soudain, le brouhaha s'estompa, et le directeur fit son entrée, suivi par la sous-directrice. C'était un para-bouc d'âge mûr, bedonnant et plutôt court sur pattes, avec une calvitie naissante sur le haut de la tête. Il portait avec fierté une petite moustache noire et des lunettes rondes en écaille, assorties à une veste de velours verte qui semblait prête à craquer sous les rondeurs du bonhomme. Il portait aussi de multiples bagues serties de pierres, enfilées sur ses doigts boudinés. L'ensemble lui conférait un air assez grotesque. Malgré son apparence, il imposait néanmoins le respect par sa posture gracieuse, presque royale.

Derrière lui, se tenait debout, droite comme un poteau, la sous-directrice. Ou du moins, la personne qui semblait l'être. Il s'agissait d'une para-pie, de grande taille, fine comme une épluchure de pomme de terre. Approchant la quarantaine, tirée à quatre épingles dans un tailleur noir, elle dégageait une aura froide et stricte, et son regard perçant semblait fusiller l'assemblée.

Le directeur commença alors son discours, penché derrière un pupitre de bois.
— Chers élèves, chers professeurs, je suis ravi de passer avec vous cette nouvelle année dans notre noble académie. Vous revoir, ou bien vous rencontrer pour les nouveaux arrivants, est un réel plaisir pour moi. Je souhaite avant tout que cette année se passe dans les meilleures conditions possibles pour vous. Les employés et le corps enseignant travaillent ici pour cela. Je vais maintenant laisser la parole à mon indispensable sous-directrice. Et que s'ouvrent à vous les arcanes du savoir !

Il dit cette dernière phrase, les bras ouverts vers l'assemblée, qui lui répondit par un tonnerre d'applaudissements. La sous-directrice s'avança à son tour devant le petit pupitre de bois, le visage impassible et froid. Sans préambule, celle-ci commença à énumérer une interminable liste de règles, la voix monotone, telle un fantôme.
— Les déplacements dans les couloirs après 22 h sont interdits. Les repas du midi et du soir devront être pris à la cantine. Il est interdit de manger dans le parc, sauf avec une autorisation spéciale délivrée pour les beaux jours. Chaque étudiant est tenu de porter son uniforme pendant toutes ses heures de cours sans exception...

Elle continua ainsi, énonçant les règles les unes après les autres, sans marquer une seule pause, même pas pour respirer. Les élèves se regardèrent entre eux et un léger brouhaha s'installa dans l'amphithéâtre, des chuchotements discrets parcourant la salle. Harori, assise au milieu de ses camarades, se pencha discrètement vers Lune Polaire et lui murmura :
— Tu crois qu'elle va nous réciter tout le règlement intérieur d'un coup ?

Elles pouffèrent discrètement. Soudain, la sous-directrice se racla la gorge et fusilla du regard l'assemblée en demandant :
— Ça va, je ne vous dérange pas ? Une petite tasse de thé, peut-être ?

Tous les élèves baissèrent la tête et la sous-directrice reprit la lecture du règlement intérieur. Le discours dura de longues minutes, toute l'assemblée somnolant sur son siège. Yukana s'était carrément endormie, penchée sur l'épaule d'Aventurine, qui, malgré son impassibilité apparente, laissait échapper un sourire amusé.

Soudain, le directeur reprit la parole, sortant les élèves de leur torpeur. Tous sursautèrent et relevèrent la tête. Après avoir longuement remercié sa collègue, il demanda à chacun de sortir le petit « cube » qui leur avait été fourni à l'accueil.