Les deux compagnons s'unirent au conglomérat de pillards assemblés dans les rues de l'oasis. Affublés de cuirasses qui recouvraient chaque parcelle de leur corps, ils évoquaient une légion étrangère. Envahir le désert et s'emparer de ses richesses. La recherche de la fortune et de la gloire. Un seul objectif, pendant trois jours, pour ces aveugles de la concurrence, qui chassent la nature.
Depuis les fenêtres, la plèbe, toute vêtue de tissu protecteur, de blanc et de doré, criait son éloge pour les chevaliers des sables. Les miséreux balancèrent des sacs d'épices depuis les balustrades. En rencontrant les premières spores, les pochons explosèrent dans le ciel. Une odeur d'anis. Le message était connu des plus aguerris. Ils envoyaient du courage, de la force, tous leurs sentiments inexprimables pour les soutenir. Les aromates s'envolaient au vent, avant même d'atteindre les sas de respiration des combinaisons blindées.
Nohan et son alter ego reprirent la calèche qu'ils avaient abandonnée aux abords de la ville, afin de poursuivre le flot de mercenaires. Les bêtes s'étaient habillées, elles aussi, prêtes à affronter les dangers qui se dresseraient sur leur route. Étaient garées là deux belles créatures aux têtes penchées. Du folklore incarné. Dos arqué. Pattes au cuir crouté. Cornes coupées. Vision mutilée. Mousse pour salive. Un corps équestre criblé de clous et une gueule bovine : n'eurent pas couté trois sous. Rajouter à l'attirail une armure de plusieurs dizaines de kilos pour les protéger, et un collier pour les étrangler. Les animaux, avec des coups de fouet bien assenés, mèneraient le véhicule à travers le sable échaudé.
Durant le trajet, le sang bouillonnait, l'appât du gain excitait les chasseurs et diffusait l'hémoglobine dans le blanc oculaire. Anoïm se débattait avec sa combinaison pour s'injecter à nouveau un poison dans les veines. Il s'assurait, grâce au filtre malicieux, de se prévoir de tous les maux du monde. Le soupir qui suivit laissa percevoir sa satisfaction, tandis que Nohan le regardait, inquiet. Finalement, les Globuleurs d'Éther arrivèrent à destination, à l'extrémité du désert, où une forêt de dunes dressées en pins s'imposait.
Personne n'avait parlé d'un tel endroit.
Qui cachait sous les épines de conifères, crocs de tigrous arrachés, des champignons vénéneux. Les silicifères devaient dissimuler une hutte de choucrasse, car le ciel s'assombrissait sur la portion. Les novices ne purent dissimuler leur étonnement. Des effluves de chou se mêlaient à l'anis des nouveaux venus. Une boue épaisse, de la crasse de décoctions ratées, maculait le sable. Si tant est que la silice eût perdu ses danses.
Nohan ouvrit sa valise, et cent autres firent ouïr le même clic. Des gants empoignèrent les articles des mallettes : des sphères dont seul le butin faisait défaut. Les voyageurs se joignirent à ceux qui attendaient depuis la veille l'avènement de la chasse. Hommes et femmes avaient enterré leurs genoux dans le sable. Ils n'avaient pas bougé depuis la veille : la mélasse qui coulait des chaudrons en amont des dunes avait figé leurs chevilles. Ils offraient au ciel les réceptacles en suppliant l'inespérée fortune.
Quand le poète s'avança, le vent s'emporta. Depuis la cachette des champignons, les particules reproductrices s'envolèrent sur une bourrasque, bien que le sable restât inerte. Une turbulence un peu plus forte qu'à l'habitude. Un peu plus inouïe, génuine.
Sont-elles destinées à donner la vie ou la mort ?
Deux heures s'écoulèrent. Les membres s'ankylosaient. Ils s'abaissaient, remontaient, chutaient, escaladaient, dévalaient, se hissaient. Les yeux étincelaient sous l'effort. Le compte à rebours était lancé, et la durée de la chasse au trésor se limiterait à leurs endurances. Les prieurs devaient résister à l'écoulement de la vase en grosses vagues. Les choucrasses se fâchaient devant l'afflux de visiteurs, et les chaudrons furent brassés avec une telle vigueur que des typhons se formèrent. Elles déversaient leurs boues pour épuiser les chevaliers noirs ancrés dans le sable des dunes.
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Maestria
Science FictionThéâtre dantesque, où le flegme règne. Mère et fils, face à face. Roman de Science-Fantasy. Tous droits réservés ; sous enveloppe soleau.