Tous les ans à la même période elle y pensait. Elle ne connaissait plus la date exacte. Mais elle gardait un souvenir presque intact de tout le reste et de sa première journée.
Cette année, encore plus que les années précédentes, elle voulait marquer le coup. Elle hésitait, elle savait que pour Pascal et Jean Paul cet anniversaire avait une tout autre signification. Du coup elle hésitait à organiser cette fête dont elle avait envie.
Les jours passés, et Florence y pensait toujours. Un cas suivant un autre, le commissariat était très occupé. Vendredi soir, après une semaine compliquée, Florence proposa à l'équipe de se réunir le lendemain midi chez elle histoire de boire un verre et de se détendre tous ensemble, compagne et enfant étaient les bienvenus dit elle à l'attention de Jean Paul et Nicky. Pascal restait silencieux. Tout le monde remercia la commissaire et vaqua à ses occupations avant de rentrer chez soi promettant de se retrouver le lendemain fin de matinée.
Florence retourna dans son bureau prête à finir la paperasse en retard quand elle reçut un appel du procureur Chappaz. Ce dernier souhaitait la féliciter pour la résolution rapide de cette enquête particulièrement difficile. Elle le remerciait chaleureusement et l'invita lui et sa femme à venir également le lendemain chez elle. Elle raccrocha et s'apprêtait à partir quand elle remarqua que la lampe du bureau de Pascal était encore allumée. Pensant qu'il avait oublié de l'éteindre en partant elle entra dans le bureau et manqua lui rentrer dedans. Pascal était assis sur son fauteuil dos à la porte.il avait l'air soucieux
- Vous faîtes quoi tout seul dans le noir
- Je réfléchissais
- Quelque chose ne va pas capitaine ?
- Ça va ... par contre, je ne suis pas sûr de pouvoir venir demain midi ...
- Pourquoi ?
- Ma sœur débarque, je dois aller la chercher à la gare
- Venez avec elle
- Je ne suis pas certain que nous serons de bonne humeur
- Vous allez au cimetière ?
Il leva la tête et plongea son regard dans celui de Florence. Elle avait deviné, bien sûr qu'elle savait. L'anniversaire de la mort de son père coïncidait avec l'anniversaire de son arrivée à Annecy. Elle s'approcha de lui, s'agenouilla devant lui et lui pris les mains. Elle lui sourit
- Venez les enfants seront là, vous n'allez pas perdre l'occasion de faire rire votre petite fille et votre sœur aura certainement envie de la voir aussi
- Je vais voir avec elle mais je ne vous promets rien
Elle se releva, le regarda droit dans les yeux, lui sourit et l'embrassa doucement sur la joue
- La journée ne sera pas la même sans vous. Faites au mieux pour vous et votre sœur mais vous êtes les bienvenus si le cœur vous en dit et je serais heureuse de vous avoir à la maison.
Elle sortit du bureau. Pascal resta encore un moment puis rentra chez lui. La journée de demain allait être compliquée pour lui et il le savait déjà. Tous les ans, il appréhendait cette journée, presque plus que celle de l'anniversaire de la mort de sa mère, pourtant les deux étaient morts brusquement sans même lui laisser le temps de se préparer à leur absence. Il prépara ses affaires pour le lendemain et chercha dans sa cave une bonne bouteille à amener à Florence le lendemain, il voulait assister à cette fête même si le cœur n'y était pas trop. Mais comment refuser de passer du temps avec sa fille, sa petite fille et sa commissaire !
