STUCK

14. Cris Bestiaux

SCREAMIIING !
Ce chapitre omg quelle pépite (je l'aime ce bouquin snif.)

⚠️TW: Angoisse, Violence, Blessure, Traumatisme

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Ma vision se brouille.

Oh non.
Je rêve.
C'est impossible.

Je hurle.

— Agnes ? AGNES ! Mon Dieu ! AGNES !

Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je pense frôler l'infarctus d'un instant à l'autre.
Mon visage se décompose, ma lèvre tremble.

Agnes est allongée sur le ventre, baignant dans une marre de sang. Je me retourne, pour voir d'où provient la balle.

Rien.

Personne en vue. Même pas l'ombre d'un mouvement. C'est comme si j'avais imaginé la scène.

C'est un cauchemar.

Mes sanglots redoublent d'intensité.
Les larmes dévalent mes joues, tel de l'eau d'une cascade dévalerait un rocher.

— À L'AIDE ! je hurle à m'en briser les cordes vocales.

Tout effort est vain. Nous sommes seules.
S'il-vous-plaît.
Non.
Non !
Tout mais pas ça !
TOUT MAIS PAS ÇA !

Je m'agenouille près d'Agnes, retourne son corps. Sa tunique autrefois blanche est noyée dans un flot de sang. Les yeux d'Agnes sont grands ouverts.
Elle gémit, hurle, pleure, se tord.
Je caresse sa joue, les doigts tremblants. Ça me fais si mal de la voir comme ça.
Si mal.

— Agnes. AGNES ! AGNES PARLE MOI ! Parle moi... je gémis.

Elle ne répond rien.
Ses paupières se closent lentement, mais je m'y refuse.
Je pleure.
Je soulève sa tunique précipitamment, l'arrachant presque à son corps. Son bassin est couvert d'un sang si sombre qu'il parait noir. Il coule à flot. La balle doit être logée dans son intestin. J'ai un mouvement de recul devant tant d'horreur.

Et soudain, une détonation retentit. Mon torse est transpercé. Je hurle alors que je suis projetée en avant. Je m'écroule lourdement à quelques mètres du corps d'Agnes. La douleur m'aveugle. Le sang coule à flot. Je ne vois que ça.

***

8 Mai 1838

— Messieurs ! Approchez ! Approchez ! Je vous fais un bon prix pour ces françaises compétentes.

Je tremble de toutes part. Je suis nue, menottée, entourée de tant de gens. Mon corps d'adolescente se révolte sous tant de honte, recroquevillé. Je suis presque roulée en boule, rouge de honte. Mes pensées sont embrouillées.
Que se passe-t-il ?

Mes yeux parcourent l'endroit où je me trouve debout. Une grande place, pavée de dalles d'un blanc éclatant. De hauts bâtiments aux murs de marbre minutieusement gravés. Ma tête tourne.
Que j'ai mal !

— Messieurs ! Approchez ! Venez assister à la fabuleuse prestation de cette jeune française, tout droit sortie du Nord. Messieurs ! Approchez !

Mers jambes se mettent à trembler dangereusement.
Que se passe-t-il ?
Est-ce de moi qu'il parle ? Envisage-t-il de me vendre ?
De me tester ?
Le monde se met à tourner autour de moi.
J'ai peur. Mon Dieu que j'ai peur.
Que se passe-t-il ?