Le son des roues sur les pavés, mêlés du bruit des sabots claquant le sol, m'apaisent autant que me terrifient. Mes yeux se baissent sur la robe à peine rosée que m'a confectionnée Agnes.
Un corset blanc, décoré de dentelles, et de manches qui m'arrivent à peine aux épaules. Le jupon est un peu plus foncé, et me cache entièrement les jambes, à la demande exaspérante de Sullivan.
Parce qu'une dame de mon rang se doit de couvrir ses jambes.
Seulement, je ne peux détacher le regard de la merveille qu'a crée Agnes. Elle s'est réellement surpassée, et dépasse de loin mes minces attentes.
Après trois jours de voyage en calèche, Florid Rian m'annonce lassement notre arrivée au Manoir, qui, semble-t-il, ne lui appartient pas. Le soleil commence à peine à se coucher, et darde sur nous ses rayons ardents.
— Nous sommes sur la propriété du Duc d'Oberlaine, m'informe Sullivan.
Et bien, ces gens n'habitent pas sur leur propre terrain. Ils sont dépendants d'une personne.
Mais tu dépends aussi d'eux.
Oh... ferme-la.Les chevaux s'arrêtent, le cocher descend de son siège, et je le vois du coin de l'œil, s'étirer en grognant de contentement.
Il arrive à m'arracher un léger rictus, qui disparaît rapidement lorsque Florid ouvre grand la porte de la calèche, à la façon d'un gentleman.Je n'aime pas l'homme auquel je suis liée.
C'est une des choses qui me rendent furieuse contre moi même.Je n'accepte pas la main qu'il me tend, et descends de la charrette sans demander mon reste.
Et puis quoi encore ? Rire à ses plaisanteries et lui faire la conversation ?
J'entends Florid grommeler son mécontentement dans sa barbe.
Je caresse distraitement les chevaux en étudiant le paysage qui s'offre à moi.Un grand portail de fer m'empêche d'avoir la vision claire, mais je distingue un océan de fleurs et d'arbres qui sévissent derrière le beau et grand portail.
Je crois apercevoir un bout de mur en pierres blanches, dissimulé derrière le feuillage d'un grand arbre trapu.
Un immense claquement sonore me sort de ma rêverie. Je sursaute.La grande porte est ouverte.
J'entends le ricanement moqueur de Sullivan, puis je fais volte-face en traversant lentement le domaine, la tête haute.
Le chemin qui mène au Manoir me semble s'étendre sur des kilomètres. La terre battue qui le constitue est agréable au toucher. Je crois que je vais apprécier cet endroit, alors même que j'en devient prisonnière.
***
Enfin, j'ai une vue panoramique du Manoir, qui est six fois plus grand que ce que je m'étais autorisée à imaginer.
Le Manoir me fait plus penser à un château, au vu de sa superficie, qui dépasse l'entendement. Les murs sont construits hauts et élégamment, en briques blanches. De grandes fenêtres laissent passer la lumière à l'intérieur du Manoir, illuminant le riche mobilier. Une porte à double battants de bois n'attend qu'à être ouverte et passée.
Le toit est à peine visible de là où je me trouve, mais j'aperçois de belles tuiles grises dépasser de la gouttière.
Du lierre taillé à la perfection s'enroule un peu partout sur les murs.
Le Duc doit être bien plus riche que son rang ne l'indique.Florid Rian me bouscule de l'épaule, m'invitant à avancer. Je grince des dents en serrant les poings.
Je l'ai énervé.
Colombine, 1. Florid, 0.

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Storie d'amoreVengeance... vengeance... vengeance. Ce même mot qui tournait en boucle dans son crâne sans jamais s'arrêter. Un véritable monstre qui l'empêche d'avancer. Car son nom signifie « paix » mais elle apportera vengeance. Chaque jour, chaque heure de sa...