𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒕𝒓𝒐𝒊𝒔

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EMERIA

Après le petit-déjeuner, une femme âgée arriva. Quand elle entra dans le salon, les gardes présents, Piper et Sebastian, se placèrent aussitôt contre le mur.

La nouvelle arrivante était habillée aussi richement que pour un bal. C'était la conseillère royale Féolane, et également la grand-tante du roi. Avant mon mariage, je l'avais déjà vue une fois, alors que j'accompagnais mon père durant sa mission au palais d'Ellysis.

— Vous ne portez pas votre diadème, reine Emeria, dit-elle en guise de bonjour.

Je fronçai les sourcils.

— Est-ce vraiment important ? Je veux dire, personne ne me voit excepté mes gardes et Crystal.

— C'est très important ! aboya-t-elle. Vous devez être présentable en toute occasion.

Sa manière de s'offusquer, comme si j'avais commis une faute digne de déclencher une guerre, me donnait envie de rire. Je haussai un sourcil.

— Même quand je dors ?

Derrière la conseillère, Sebastian pinça les lèvres et fit de gros yeux. Il retint un rire, et Piper lui frappa le bras pour le gronder.

Lady Féolane, elle, prit un air outré.

— Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton, jeune fille ! s'exclama-t-elle.

Elle prit place dans le canapé, face à Crystal et moi, et lissa le tissu de sa robe de ses doigts croulant de bagues.

— Je vois que je ne suis pas venue pour rien, enchaîna-t-elle d'un ton plus calme. J'ai du pain sur la planche.

Je croisai le regard de Crystal. Elle semblait comprendre à quoi la conseillère faisait référence, mais je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait.

— De quoi parlez-vous ? demandai-je.

— Des cours d'étiquette, voyons donc ! répliqua Féolane. Vous pensiez vraiment que j'allais vous laisser déambuler parmi la royauté, avec vos manières rustres du peuple ? La petite démonstration que vous venez de nous offrir prouve bien la nécessité de mon travail. Vous tiendriez à peine deux minutes avant d'offusquer un souverain sans mes bons soins.

Je pensais à une blague, quand une domestique m'en avait parlé à mon arrivée, mais le regard blasé de Sebastian me fit comprendre que c'était sérieux. Allait-on vraiment m'apprendre quelle fourchette utiliser en fonction de mes plats ?

— La première leçon portera donc sur la conversation. Cela me semble judicieux. Crystal, étant donné que vous avez plus d'expérience que votre consœur, je vous encourage à l'aider.

Je compris à l'air de Crystal qu'elle avait subi ces fameux cours d'étiquette dans son propre royaume, et ce depuis probablement de longues années, si pas depuis sa naissance. Décidément, vivre dans la royauté n'avait pas l'air d'être une partie de plaisir. Y naitre, encore moins.

Pendant près de deux heures, je fis la conversation avec Crystal. À chaque fois que je disais quelque chose qu'il ne fallait pas – c'est-à-dire, presque à chaque fois que j'ouvrais la bouche – Féolane claquait de la langue avant de lancer une remarque désapprobatrice.

Mais le plus étrange, ce fut qu'après autant de tant à discuter avec Crystal, je n'avais rien appris sur elle, si ce n'est des choses que je savais déjà : elle avait deux sœurs et un frère, son père était le roi consort Atlas, et sa mère était la reine d'Aderi, Ismene. Elle portait souvent du violet et adorait lire.

Rejoins-moi au crépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant