7.

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Pdv Milia

Après le départ de Coach Harris, je restai allongée, fixant le plafond. Mille questions se bousculaient dans ma tête, mais aucune réponse ne semblait venir. Pourquoi avais-je été ramenée ici ? Et pourquoi ma professeure, d’habitude si distante, s’était montrée à la fois si attentive et troublée ?

Je n'avais pas le choix : il fallait que je me lève et me prépare. La douleur lancinante dans ma tête s’était un peu estompée, mais je me sentais toujours faible. En me redressant lentement, je remarquai un sac posé sur une chaise près du lit. À l’intérieur, mes vêtements étaient pliés soigneusement. On y avait ajouté une petite note, écrite d'une main que je ne connaissais pas :

“Repose-toi bien et ne te pose pas trop de questions. – J.”

Cette initiale ne laissait guère de doutes : c’était de Coach Harris, Juline. Mais cette recommandation m’irritait plus qu’elle ne me rassurait. J’avais besoin de comprendre ce qu’il s'était passé, mais pour l’instant, la priorité était de rentrer chez moi et de reprendre le cours de ma vie.

Après m'être habillée, je descendis lentement les escaliers. La maison était plongée dans un silence étrange, comme si elle retenait son souffle. Je passai devant ce qui semblait être un salon, et entendis des éclats de voix étouffés provenant d’une pièce adjacente. En me penchant discrètement pour écouter, je reconnus encore une fois la voix de Clémence.

— « Juline, tu penses vraiment qu'on a bien fait ? » dit-elle d’une voix plus inquiète que jamais.

— « Oui, on n’avait pas le choix, » répondit Coach Harris. « On ne pouvait pas la laisser seule. Et puis, tu as vu ce que j'ai vu... ces marques... »

Mon cœur fit un bond. Quelles marques ? De quoi parlaient-elles ? Mais avant que je ne puisse m'attarder davantage, une porte s’ouvrit brusquement et je me retrouvai nez à nez avec Lucas, le colocataire.

— « Ah, tu es enfin réveillée, la Belle au bois dormant ! » lança-t-il avec un sourire charmeur.

Je tentai de lui répondre avec un sourire, mais mon malaise devait se lire sur mon visage.

— « Allez, viens. Les filles sont dans la cuisine, elles t'attendent pour le petit-déjeuner, » dit-il avant de m'escorter.

Je pénétrai dans la cuisine, où Clémence et Juline étaient assises à une petite table, discutant à voix basse. À mon arrivée, leur conversation cessa immédiatement. Un silence pesant s’installa. Juline fut la première à briser la glace.

— « Comment tu te sens, Milia ? »

— « Ça va... Je crois, » répondis-je, évitant le regard perçant de Clémence. « Mais j’ai toujours mal à la tête. »

Clémence hocha la tête, visiblement soulagée que je sois capable de parler normalement.

— « On est vraiment désolées pour ce qui s'est passé, » dit-elle, sa voix regagnant un peu de sa fermeté habituelle. « Tu t’es évanouie à cause d’un choc. On ne voulait pas te laisser seule, donc on t’a ramenée ici. »

Je m'assis en face d'elles, essayant de digérer cette explication. Quelque chose ne collait pas, mais je ne pouvais pas encore mettre le doigt dessus.

— « Et ces... marques dont vous parliez tout à l’heure ? » lançai-je d’un ton plus agressif que prévu.

Les deux femmes se figèrent, échangèrent un regard lourd de sous-entendus. Finalement, Juline soupira et prit la parole.

— « Milia, on a remarqué que... tu avais des cicatrices. Sur ton dos, tes bras, tes jambes... »

Le sang quitta mon visage. J’avais toujours fait attention à cacher ces marques. C’étaient des souvenirs du passé que je voulais oublier, des choses que je n’avais jamais partagées avec personne, pas même Emma.

— « Je ne veux pas en parler, » dis-je sèchement, tentant de garder mon calme.

— « Très bien, » répondit Clémence, adoucissant son ton. « Sache juste que si jamais tu as besoin de parler, on est là. »

Un silence lourd tomba à nouveau. Juline tenta de le briser en me tendant une tasse de café.

— « Bois un peu, ça t’aidera. Ensuite, on te ramène au campus pour tes cours. »

Après le petit-déjeuner, Clémence insista pour me raccompagner en voiture. Le trajet fut silencieux, marqué par une tension palpable. Je n'osais pas lui poser plus de questions, et elle ne semblait pas vouloir en dire davantage.

Lorsque nous arrivâmes devant le bâtiment principal de l’université, elle se tourna vers moi.

— « Milia... Je ne sais pas ce qui t’est arrivé dans le passé, mais sache que tu es plus forte que tu ne le crois. »

Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. Sa compassion était sincère, mais elle me mettait mal à l’aise. Pourquoi soudainement ce revirement ? Pourquoi s'intéressait-elle à moi maintenant ?

Je sortis de la voiture sans un mot de plus, mais à peine avais-je mis un pied sur le trottoir que je tombai nez à nez avec Emma.

— « Milia ! Enfin ! J'étais tellement inquiète, tu n’as répondu à aucun de mes messages ! Où étais-tu passée ? »

Je la pris dans mes bras, réalisant que je n'avais pas vérifié mon téléphone depuis la veille. Emma me serra fort, puis recula pour me regarder dans les yeux.

— « Tu as l’air épuisée... Qu'est-ce qu'il t’est arrivé ? »

Je cherchais une réponse, mais les mots refusaient de sortir. Finalement, je secouai la tête.

— « Rien... C’est juste que je me suis évanouie à l'entraînement. Madame Mahieur et Coach Harris m’ont ramenée chez elles pour que je me repose. »

Le visage d’Emma se crispa légèrement.

— « Chez elles ? Elles t’ont emmenée sans te demander ton avis ? »

Je haussai les épaules, tentant d’alléger la situation, mais au fond de moi, je savais qu’elle avait raison : il y avait quelque chose d’étrange dans toute cette histoire.

Alors que nous marchions ensemble vers notre salle de cours, une pensée me traversa l'esprit. J'avais encore beaucoup de questions sans réponse. Que savaient réellement Clémence et Juline à mon sujet ? Pourquoi cette étrange réaction en découvrant mes cicatrices ? Pourquoi ai-je vu autant de compassion dans leurs regards ? Pourquoi m'ont elles réellement amené chez elles et pas appelé les secours ?

Et surtout... qu'allais-je découvrir d'autre sur ces deux femmes qui n'était qu'une toute petite partie de ma vie ?

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À suivre…

Je crois que je vais essayer de publier 2 chapitres tout les 2 à 4 jours, alors bonnes lectures.

Entre Deux FeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant