Entre Deux Feux

75.

PDV Clémence

J'avais un mauvais pressentiment. Depuis que nous étions revenus au car, quelque chose clochait. Milia n'était toujours pas là. Marine non plus. Ni Robin. Et je savais pertinemment que si ces deux-là se retrouvaient seuls avec Milia, rien de bon ne pouvait en ressortir.

Mon cœur battait trop vite alors que je lançais un regard vers Emma et Alice. Elles savaient. Elles savaient que quelque chose n'allait pas. Et elles savaient aussi que j'allais intervenir.

— Restez là, murmurai-je avant de quitter le car en vitesse.

J'avançais à grands pas vers la station-service, mon regard balayant les alentours. Je ne savais pas exactement où chercher. Jusqu'à ce que j'entende un bruit. Un bruit étouffé. Puis des mots, prononcés d'une voix glaciale.

— Oh Milia... tu sais depuis combien de temps j'attends ça ?

Je me figeai immédiatement. Mon sang ne fit qu'un tour. Sans réfléchir, je me précipitai vers l'origine du son, et ce que je vis me fut insoutenable.

Marine. Robin. Et Milia, plaquée contre un mur, en larmes.

Marine qui...

Je ne réfléchis plus.

— Marine.

Ma voix claqua comme un fouet dans l'air. Le corps de Milia se tendit immédiatement, comme si elle était à bout de souffle. Marine se détacha légèrement d'elle, levant les yeux vers moi avec un sourire satisfait. Robin, lui, relâcha instantanément son emprise sur Milia.

Il avait peur.

Il savait.

Il savait que je n'allais pas laisser passer ça.

Je fis un pas vers eux, mon regard glacial, prêt à tuer.

— T'as vraiment osé.

Ma voix était calme. Beaucoup trop calme. Marine ne perdit pas son sourire et haussa les épaules.

— Oh Clémence, ne fais pas cette tête.

Elle osa poser une main sur le bras de Milia.

— On s'amusait juste un peu, pas vrai, Milia ?

Le corps de Milia tressaillit violemment.

C'en fut trop.

J'explosai.

Je bondis sur Marine sans même réfléchir, la saisissant par le col et la plaquant violemment contre le mur.

— Tu vas regretter ça.

Marine perdit son sourire. Son arrogance s'effaça instantanément quand mon poing s'écrasa contre son visage. Elle lâcha un cri de douleur et s'effondra au sol, sonné.

Robin, lui, recula d'un pas.

— Mme Mahieur, attendez-

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase.

Je me retournai vers lui et l'attrapai par le col, mon regard chargé de haine.

— Si tu veux pas que je te fasse pire, dégage.

Robin hésita.

Puis il détala comme un lâche, laissant Marine au sol.

Je revins immédiatement vers Milia, qui s'était recroquevillée contre le mur.

Elle tremblait.

Elle pleurait.

Et elle semblait tétanisée.