Pdv Milia
J’étais assise sur le banc, la glace comprimée contre mon genou. Mon esprit était ailleurs, embrouillé par les paroles de Madame Mahieur : « Donne-moi une chance de te prouver que je ne suis pas ton ennemie ». Comment pouvait-elle dire ça après tout ce qui s’était passé ? Après ces jours de silence glacial, après m’avoir poussée à bout ? Maintenant, elle voulait que je la croie sur parole ?
L’entraînement se poursuivait sans moi, mais mon attention était ailleurs. Les rires, les encouragements, les rebonds des ballons résonnaient autour de moi sans parvenir à dissiper le tumulte dans mon esprit. Je ne pouvais pas m'empêcher de repenser à ce moment où elle avait soigné mon genou. Sa voix douce, presque suppliante... Ce n’était pas la Clémence Mahieur que je connaissais, celle qui se tenait toujours si droite, si autoritaire.
Quand l’entraînement prit fin, Emma vint me rejoindre, l’inquiétude dans ses yeux.
— « Comment tu te sens ? » demanda-t-elle.
— « Ça ira, » répondis-je, plus pour me convaincre que pour la rassurer.
Mais même après qu’elle m’ait aidée à rentrer chez moi, les mots de Clémence résonnaient encore dans ma tête. Cette nuit-là, je ne trouvai presque pas le sommeil, tourmentée par un mélange de colère, de confusion, et d’une étrange culpabilité que je ne comprenais pas.
Le lendemain matin
Me voici à l'école, avançant avec difficulté sur mes béquilles. Mon genou était enveloppé d'un bandage, et chaque pas me rappelait l'entraînement de la veille. Les élèves que je croisais me lançaient des regards curieux, certains me demandaient ce qui m'était arrivé, mais je me contentais de répondre vaguement.
Quand j'arrivai devant la salle de cours de Madame Mahieur, mon cœur s’accéléra malgré moi. Les souvenirs de notre confrontation étaient encore frais, mais je n'étais pas prête à baisser la tête. Si elle pensait que je resterais silencieuse, elle se trompait lourdement.
Je m'installai au fond de la classe, espérant passer inaperçue. Mais à peine le cours commencé, je sentis son regard perçant se poser sur moi. Je levai les yeux et croisai son regard. Elle détourna immédiatement les yeux, mais je vis une lueur étrange dans son regard, quelque chose qui ressemblait à de l'hésitation, ou peut-être du regret.
Pdv Madame Mahieur
Le cours avançait, mais je ne pouvais m'empêcher de sentir la tension électrique dans la salle. Milia était là, assise au fond, le visage fermé mais les yeux fixés sur moi comme un défi silencieux. Ses béquilles étaient posées contre le mur à côté d'elle, et son bandage était visible sous la table. Chaque fois que je croisais son regard, je sentais une vague de culpabilité me submerger.
Je m'efforçais de rester concentrée, mais son attitude provocatrice rendait cela impossible. Chaque fois que je posais une question à la classe, elle trouvait le moyen d’y répondre avec un ton tranchant, presque moqueur.
— « Mademoiselle McCarter, avez-vous une explication à nous offrir sur ce passage ? » demandai-je, espérant la mettre en difficulté.
Elle me fixa sans ciller avant de répondre, son ton imprégné d'une assurance défiant.
— « Je suppose que, tout comme vous, Madame, ce passage parle d'une personne qui cache des choses. Des choses qu’elle préfère taire. »
La classe entière s'était tue. Je pouvais sentir leurs regards passer de Milia à moi, curieux de voir comment j'allais réagir. Mon cœur battait la chamade, mais je me refusai à montrer la moindre faiblesse.
— « Intéressant point de vue, » répondis-je d’un ton glacial. « Mais n’oubliez pas que l’interprétation ne remplace pas les faits. »
Elle esquissa un sourire narquois, visiblement satisfaite de m’avoir provoquée.
Le reste du cours se déroula dans un silence tendu. À chaque fois que je posais une question, Milia ne se privait pas d’ajouter des sous-entendus cinglants, comme si elle cherchait désespérément à me pousser à bout. J’essayais de rester impassible, mais à chaque remarque, une partie de ma patience s’effritait.
Finalement, la sonnerie retentit, marquant la fin du cours. J’avais rarement été aussi soulagée d’en finir avec une leçon. Les élèves se levèrent et sortirent rapidement, mais Milia resta assise un instant de plus, me lançant un dernier regard chargé de défi avant de quitter la salle sur ses béquilles.
En rentrant chez moi, je sentais la fatigue peser sur mes épaules. La confrontation avec Milia avait drainé toute mon énergie. Dès que je franchis la porte, Lucas et Juline étaient là, m’attendant avec des regards inquiets.
— « Alors, ça s’est passé comment aujourd’hui ? » demanda Juline.
Je soupirai en laissant tomber mon sac sur le canapé.
— « Elle ne m’adresse toujours pas la parole, sauf pour me lancer des piques en plein cours, » répondis-je en me laissant tomber sur une chaise.
Lucas, toujours celui qui tente de détendre l’atmosphère, lança :
— « Peut-être qu'elle t'aime bien en fait. Tu sais, l’amour vache. »
Je le fusillai du regard, mais cela ne fit que le faire rire davantage. Juline, cependant, semblait plus sérieuse.
— « Tu devrais peut-être essayer d'avoir une vraie conversation avec elle, Clémence. Si tu continues à l’ignorer ou à jouer à ce jeu, ça n’ira jamais mieux. »
Je savais qu'elle avait raison. Mais comment pouvais-je me rapprocher de Milia alors qu'elle semblait me voir comme une ennemie ? Et puis, il y avait ce mystère autour de ses blessures... Je ne pouvais pas m'empêcher de m’inquiéter pour elle, mais chaque tentative d'approche semblait aggraver les choses.
— « Je vais y réfléchir, » dis-je en me massant les tempes, épuisée par cette journée émotionnellement éprouvante.
Juline me donna une tape amicale sur l'épaule.
— « Allez, demain est un autre jour. Tu trouveras bien un moyen. »
Je hochai la tête, mais au fond de moi, je savais que rien ne serait simple avec Milia.
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À suivre...
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Entre Deux Feux
RomanceDans une université américaine où la passion pour le sport et les ambitions académiques se croisent, Milia Mc Carter, une jeune étudiante italo-américaine de 19 ans, navigue entre ses études, ses responsabilités en tant que capitaine de l'équipe de...