Pdv Extérieur
Clémence pénétra dans la salle des professeurs, une tasse de café à la main, espérant trouver un moment de répit avant son prochain cours. Cependant, l’atmosphère tendue de la pièce attira immédiatement son attention. M. Martin, professeur d'anglais, discutait à voix basse avec la directrice et deux autres membres de l’administration. Leur posture fermée et les regards préoccupés trahissaient une certaine gravité.
Clémence s’approcha lentement, hésitant à interrompre. Mais lorsque la directrice, Mme Cornelle, lui fit un signe pour qu’elle s’approche, elle comprit que quelque chose de sérieux se passait.
— « Clémence, » commença Mme Fournier d’un ton calme mais préoccupé, « je suis contente que vous soyez là. Cela concerne certains élèves de vos classes, et nous pourrions avoir besoin de votre avis. »
Intriguée, Clémence posa sa tasse et s’assit près de M. Martin.
— « Il semblerait qu’il y ait des tensions entre plusieurs élèves, » reprit la directrice. « Nous avons reçu des rapports concernant un comportement… disons, inapproprié, entre certains d’entre eux. Rien de confirmé pour l’instant, mais les rumeurs se répandent, et cela pourrait dégénérer. »
Clémence fronça les sourcils, une certaine appréhension montant en elle.
— « Et que disent ces rapports ? » demanda-t-elle.
M. Martin échangea un regard avec Mme Cornelle avant de répondre :
— « Apparemment, il y aurait des conflits personnels impliquant un petit groupe d’élèves. Ils semblent s’être disputés récemment, et cela pourrait avoir des répercussions sur leur comportement en classe. Nous devons rester vigilants. »
Clémence hocha la tête, tentant de ne pas laisser transparaître son malaise. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à Milia. Était-elle impliquée ? Si oui, dans quelle mesure ?
— « Si je remarque quoi que ce soit, je vous en informerai, » assura-t-elle.
Après cette discussion troublante, Clémence se dirigea vers sa salle de classe, tentant de se recentrer sur son rôle d’enseignante. Lorsqu’elle entra dans la pièce, elle balaya les rangées du regard, mais Milia n’était pas là.
— Où est-elle ?
Elle sentit une pointe d’agacement monter en elle. Ce n’était pas la première fois que Milia arrivait en retard ou manquait un début de cours, mais aujourd’hui, cela l’agaçait particulièrement. Décidant de ne pas perdre davantage de temps, elle referma la porte et commença son cours.
Le rythme était fluide, les élèves attentifs, mais une partie de son esprit restait distraite. À mi-parcours, un bruit sec interrompit le flux de ses explications. Quelqu’un toquait à la porte.
Clémence se retourna et vit Milia entrer, visiblement essoufflée.
— « Désolée pour le retard, madame, j’avais un rendez-vous important. »
Clémence arqua un sourcil, scrutant son élève. L’excuse semblait plausible, mais le léger sourire en coin de Milia lui donnait l’impression qu’elle jouait avec elle.
— « Très bien, McCarter. Installez-vous, mais vous resterez un moment après le cours. Nous devons parler de votre ponctualité. »
Un éclat malicieux passa dans les yeux de Milia, et elle répondit avec nonchalance :
— « Désolée, madame, mais je n’ai pas que vous comme professeure, » avant de prendre place avec un sourire en coin.
Clémence sentit une vague d’irritation monter en elle, mais aussi une pointe de curiosité. À quoi pouvait-elle bien penser ?
Lorsque la sonnerie annonça la fin de la classe, Milia fut l’une des premières à ranger ses affaires. Clémence fit un pas vers elle, mais Milia s’éclipsa rapidement, jetant un dernier regard amusé à sa professeure avant de quitter la salle.
— Elle me teste, c’est sûr, pensa Clémence, agacée et troublée.
Restée seule, elle soupira profondément, s’appuyant contre son bureau. Les mots échangés avec M. Martin et la direction plus tôt lui revenaient en mémoire.
— Je dois rester professionnelle. Ne rien laisser transparaître.
Mais au fond d’elle, Clémence savait que les regards et les mots de Milia n’étaient pas aussi anodins qu’ils semblaient. Et ce jeu qu’elles semblaient avoir commencé était bien plus dangereux qu’elle ne voulait l’admettre.
Alors qu’elle rassemblait ses affaires pour quitter la salle, Clémence sentit une présence dans l’encadrement de la porte. Levant les yeux, elle aperçut Juline, qui la regardait avec une expression inquiète.
— « Tout va bien ? » demanda Juline en entrant doucement.
Clémence hésita avant de répondre.
— « Oui, tout va bien. Juste une journée... compliquée. »
Juline s’approcha, croisant les bras.
— « Tu as l’air tendue. Ça a un rapport avec ce qu’on a évoqué ce week-end ? »
Clémence détourna le regard, feignant de ranger des copies sur son bureau.
— « Non, pas du tout. C’est juste... les élèves, tu sais comment c’est. »
Juline ne semblait pas convaincue, mais elle n’insista pas.
— « D’accord. Mais si tu as besoin de parler, tu sais où me trouver. »
Clémence hocha la tête, offrant un faible sourire à son amie.
— « Merci, Juline. Je vais m’en sortir. »
Une fois Juline partie, Clémence resta seule un moment, regardant par la fenêtre de la salle. Les élèves passaient dans les couloirs en riant, insouciants, mais son esprit restait fixé sur une seule personne : Milia McCarter.
Une pensée intrusive traversa son esprit : Et si tout ça allait trop loin ? Et si je perdais le contrôle ?
Elle secoua la tête, se forçant à repousser ces idées. Mais en refermant la porte derrière elle pour rejoindre la salle des professeurs, une seule chose persistait dans son esprit : le regard insolent et malicieux de Milia, et le trouble qu’il faisait naître en elle.
Pourtant, ce n’était pas seulement le regard de Milia qui l’obsédait, mais cette idée sournoise qui murmurait au fond de son esprit : peut-être qu’elle n’avait pas envie de reprendre le contrôle. Pas cette fois.
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À suivre......
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Entre Deux Feux
RomanceDans une université américaine où la passion pour le sport et les ambitions académiques se croisent, Milia Mc Carter, une jeune étudiante italo-américaine de 19 ans, navigue entre ses études, ses responsabilités en tant que capitaine de l'équipe de...