Entre Deux Feux

22.

Pdv Milia

Le vent froid me fouettait le visage alors que je courais à toute vitesse, mes baskets frappant le sol dans un rythme effréné. Mes poumons brûlaient, mais je n'avais pas l'intention de ralentir. Ce besoin de fuir, de m'échapper, de laisser derrière moi tout ce qui me tourmentait, me poussait à avancer. Pourtant, chaque foulée était une confirmation de ce que je savais déjà : tout avait changé. Tout.

Les souvenirs qui m'avaient échappé ces dernières semaines m'envahissaient peu à peu, mais d'une manière étrange. Ils ne venaient pas en un flot continu, mais par bribes, comme des éclats de verre qu'on essaie de remettre ensemble, mais qui glissent entre les doigts à chaque tentative.

Clémence. Le nom m'avait frappée avec une telle force ce matin que j'en avais presque trébuché. Clémence... Cette femme qui me hantait. Son visage était un tourbillon d'émotions que je n'arrivais pas à démêler. C'était la seule image nette parmi ce brouillard de souvenirs qui se dérobaient sous mes doigts. Mais ce visage... il n'était pas comme les autres. Il portait un poids, un lien invisible que je ne pouvais pas encore comprendre.

J'avais besoin de courir pour me vider la tête. Il y avait quelque chose dans cette répétition de mes pas, cette monotonie, qui m'apaisait. Mais, en même temps, chaque coin de ce campus semblait me rappeler à l'ordre, comme si tout ce que j'avais fui était là, à portée de main.

Le prénom Paloma se bousculait dans ma tête. Ce n'était pas un souvenir que je pouvais facilement balayer. Non, il était trop fort, trop présent. Mais pourquoi était-il si flou ? Qui était-elle ? Paloma... Je savais que ce prénom me liait à quelque chose, à quelqu'un. Un visage que je n'arrivais pas à replacer. Je m'arrêtais quelques secondes pour reprendre mon souffle, mais cette pensée me persécutait, m'empêchant de retrouver ma concentration.

Je n'avais pas oublié. Pas tout. Je savais qu'il y avait un match cet après-midi. J'avais senti cette urgence dans ma poitrine, cette tension qui m'attrapait dès que je pensais à l'équipe, à mes coéquipières, au terrain. Je dois être prête. Il fallait que je sois prête.

Je me sentais confuse, mais il y avait une clarté, un éclat, qui devenait de plus en plus fort à chaque instant. Je me souvenais enfin de mon corps sur le terrain, de la sensation de la balle dans mes mains, des cris de mes coéquipières, de l'excitation de la compétition. Le basket était quelque chose que je n'avais jamais oublié. Mais quelque chose me gênait toujours. Cette sensation de déconnexion avec le reste de ma vie, de ne pas pouvoir me raccrocher à certaines choses, à certaines personnes... Et puis, il y avait Clémence.

Je me sentais comme une étrangère dans ma propre peau, comme si le puzzle de ma vie avait été mélangé, et que je tentais de remettre chaque pièce à sa place, mais qu'il m'en manquait encore. Pourquoi n'arrivais-je pas à la remettre en place, elle ?

Je n'avais pas eu le courage de tout dire à Emma au téléphone. J'avais commencé à lui parler, mais au fond de moi, je savais que je n'étais pas prête. Pas encore. Elle allait s'inquiéter, et je ne pouvais pas gérer ça maintenant. J'avais déjà assez à faire avec moi-même.

Le soleil était encore bas dans le ciel lorsque je revins au campus, et je n'avais pas remarqué à quel point j'étais épuisée. Mais je n'avais pas le temps de réfléchir à ça. Pas maintenant. Je devais me préparer pour le match.

Je pouvais entendre mes pensées s'éteindre peu à peu alors que je pénétrais dans le vestiaire, le bruit des chaussures sur le sol m'accompagnant. Mes coéquipières discutaient de stratégie, de préparation, mais je n'avais pas l'esprit à ça. Mon esprit errait toujours, revenant sans cesse à cette image de Clémence. Je savais que je devais me concentrer sur l'équipe, sur le match, mais il y avait cette voix dans ma tête, celle de Clémence, que je n'arrivais pas à oublier.

Je pris une grande inspiration et me préparai à entrer sur le terrain. Peu importe ce que je ne me souviens pas. Peu importe ce que j'ai oublié. Je vais jouer. Et peut-être qu'en jouant, je retrouverai enfin ce qui me manque.

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À suivre...

Chapitre un peu court désolé.