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Pdv Milia

La sonnerie retentit avec son éclat strident, marquant le début d’une nouvelle journée de cours. Je me sentais à la fois nerveuse et fatiguée. La veille, après mon étrange réveil chez Coach Harris et Madame Mahieur, j'avais passé la nuit à ruminer ce qu'elles m'avaient dit... et surtout ce qu'elles ne m'avaient pas dit. J'étais encore troublée par tout ce que j'avais entendu, par ces marques sur mon corps que je pensais avoir soigneusement cachées, par les questions sans réponse.

Assise dans l’amphithéâtre pour mon premier cours de la journée, j’essayais de me concentrer sur les notes que le professeur inscrivait au tableau. Mais mon esprit vagabondait sans cesse vers Clémence Mahieur. Son attitude si changeante me perturbait. Comment était-il possible qu’elle soit si différente lorsqu’elle était sur le terrain et en dehors ?

Je secouai la tête pour chasser ces pensées et me forçai à me concentrer. Il fallait que je me recentre sur la journée à venir, surtout que j'avais cours avec elle cet après-midi. Ce n’était pas le moment d’être distraite.

L'après-midi arriva plus vite que je ne l'aurais souhaité. Je me dirigeai vers la salle de classe avec Emma à mes côtés, qui ne cessait de me poser des questions sur ce qui s'était passé la veille.

— « Écoute, je t’ai déjà dit que je m’étais juste évanouie à l’entraînement, » lui dis-je, exaspérée. « Pourquoi tu insistes autant ? »

— « Parce que, » répondit-elle en me dévisageant, « je te connais, Milia. Tu ne m'as pas tout dit. »

Je me contentai de hausser les épaules, préférant ne pas lui en dire plus pour le moment. Emma était tenace, mais je ne savais toujours pas quoi penser moi-même de cette histoire. Pas besoin d’y ajouter ses doutes.

Lorsque nous entrâmes dans la salle, Madame Mahieur était déjà là, debout devant le tableau, les bras croisés. Son regard scrutateur se posa immédiatement sur moi, mais je soutins son regard sans ciller. Après quelques secondes, elle détourna les yeux pour commencer son cours.

— « Aujourd’hui, » annonça-t-elle d’un ton sec, « nous allons aborder un sujet essentiel que vous ne maîtrisez toujours pas correctement, d'après ce que j'ai vu dans vos derniers devoirs. »

Toute la classe poussa un soupir collectif, déjà fatiguée à l'idée d'affronter un autre cours intense avec elle.

Au bout de trente minutes, je sentais ma concentration fléchir. Le discours autoritaire de Clémence, son ton toujours si incisif, m’agaçaient aujourd'hui plus que jamais. Chaque remarque qu’elle faisait à la classe résonnait comme une pique personnelle. Peut-être que j'exagérais, mais après ce qui s’était passé, j'avais du mal à rester impassible face à elle.

— « McCarter, » lança-t-elle soudain en me fixant, interrompant mes pensées, « peut-être que tu pourrais nous expliquer la démonstration, puisque tu sembles si absorbée par autre chose ? »

Je levai les yeux, surprise. Tout le monde me regardait maintenant, attendant que je réponde.

— « Je... euh, je pense que la démonstration repose sur la formule précédente, » dis-je d’un ton hésitant.

Un sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres.

— « Vraiment ? » Elle tapota le tableau avec sa craie. « Pourtant, tu ne sembles pas très sûre de toi. Si tu ne veux pas faire l’effort de suivre, je te suggère de quitter la classe. »

— « Peut-être que si vous étiez un peu plus claire dans vos explications, on comprendrait mieux, » répliquai-je sans réfléchir, poussée par un élan de colère.

Un silence lourd tomba dans la salle. Les yeux de Clémence se rétrécirent, et je savais que je venais de franchir une ligne.

— « Je vous demande pardon, McCarter ? » Sa voix était froide, presque glaciale.

Emma, à côté de moi, me donna un coup de coude discret pour me dire de me taire, mais c’était trop tard. Je ne pouvais plus faire marche arrière.

— « Vous m'avez bien entendue, Madame Mahieur. Peut-être que crier et humilier vos élèves n’est pas la meilleure façon de leur apprendre quelque chose. »

Le visage de Clémence devint écarlate. Elle posa sa craie avec force sur le bureau.

— « Sortez, » dit-elle en me pointant la porte du doigt. « Tout de suite. »

Je me levai, attrapant mon sac avec un geste brusque. Alors que je me dirigeais vers la sortie, elle ajouta d’une voix sifflante :

— « Et si vous revenez avec cette attitude, McCarter, je vous garantis que vous regretterez de m'avoir défiée. »

Je ne répondis pas, mais mon cœur battait à tout rompre. J'avais l'impression que tout le monde me regardait avec une sorte de fascination horrifiée. En claquant la porte derrière moi, je sentis mes yeux me piquer, mais je refusai de pleurer. Pas ici. Pas maintenant.

En sortant dans le couloir, je tentai de calmer ma respiration. Qu’est-ce qui m’avait pris de parler ainsi ? Une partie de moi était fière d’avoir tenu tête à cette femme, mais une autre savait que j’avais sûrement aggravé ma situation.

Je me dirigeai vers un coin reculé du bâtiment, espérant éviter tout le monde pour le reste de la journée. Mais à peine avais-je tourné le coin que je tombai nez à nez avec Clémence Mahieur, qui m'avait manifestement suivie.

— « Milia ! » Sa voix n'avait plus le ton autoritaire de la salle de classe. Elle semblait… inquiète.

— « Qu’est-ce que vous me voulez ? » crachai-je, toujours sur la défensive.

Elle s’approcha lentement, comme si elle craignait que je ne prenne la fuite.

— « Écoute... je sais que ça a été une journée difficile, et je suis peut-être allée trop loin. Mais tu dois comprendre que ce n’est pas aussi simple que tu le crois. »

Je fronçai les sourcils, déconcertée par ce changement de ton.

— « Qu'est-ce que vous essayez de dire ? Que c’est normal de me crier dessus et de m’humilier devant tout le monde ? »

Elle secoua la tête, ses yeux se posant brièvement sur mes poignets. Je réalisai qu’elle regardait les cicatrices que j’avais toujours tenté de cacher.

— « Milia, » dit-elle d’une voix plus douce, presque suppliante. « Il y a des choses que tu ne sais pas encore. Des choses sur toi, sur ce qui t’est arrivé... et sur moi. Mais pour l'instant, je veux juste que tu te concentres sur tes études et sur le basket. Promets-moi de ne pas tout gâcher par colère. »

Je la fixai, troublée. Cette femme, qui m'avait toujours semblé si froide et impassible, me parlait maintenant avec une chaleur inattendue.

— « Pourquoi est-ce que ça vous importe autant ? » murmurai-je, encore méfiante.

Clémence hésita, puis posa une main hésitante sur mon épaule.

— « Parce que je vois en toi la même rage que celle que j’avais à ton âge... et que je sais où cela peut mener. »

Puis, sans un mot de plus, elle fit volte-face et s'éloigna, me laissant là, perdue dans mes pensées.

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À suivre...

Finalement je crois que je vais juste poster quand j'en aurai envie, alors voici pour le huitième chapitre un peu en avance.

Bonne lecture 😁

Entre Deux FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant