13.

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Pdv Milia

Les dernières semaines avaient été un enfer. Entre les cours, les entraînements de basket et mon nouveau boulot au bar, je ne m’en sortais plus. Mes journées commençaient avant l'aube et finissaient bien après minuit. Le manque de sommeil et le stress accumulé commençaient à sérieusement peser sur mes épaules. Mes notes, autrefois irréprochables, s’effondraient comme un château de cartes.

Aujourd'hui, c'était encore pire. Je venais de finir un cours avec Madame Mahieur et je sentais son regard peser sur moi durant toute l’heure. À la fin du cours, alors que tout le monde s’apprêtait à sortir, elle s'adressa à moi d'une voix autoritaire :

— « Milia, tu restes. »

La classe se vida lentement, laissant derrière elle un silence oppressant. Les élèves me jetèrent des regards curieux en partant, mais je fis semblant de ne pas les remarquer. Une fois seule, je restai assise, le cœur battant, tandis que Madame Mahieur s'approchait. Sa démarche était assurée, presque féline, avec une aura intimidante et en même temps étrangement attirante.

Elle s’arrêta juste devant moi, ses talons claquant légèrement contre le sol. Ses yeux fixaient les miens avec une intensité qui me fit frissonner.

— « Milia, explique-moi. » Sa voix était douce, mais ferme, un mélange de sévérité et d'inquiétude. « Tes notes dégringolent alors que tu as toujours été l'une des meilleures élèves. »

Je déglutis, mes doigts jouant nerveusement avec le bord de mon cahier. Elle se pencha légèrement en avant, réduisant encore la distance entre nous.

— « Je veux une réponse sincère, » murmura-t-elle.

Je pris une profonde inspiration, hésitant. Devais-je vraiment lui dire ? Après un long moment de silence, je finis par lâcher, à demi-mots :

— « Je... Je n’y arrive plus. Entre le basket, le travail et les cours, je n’ai plus une minute à moi... Je suis... épuisée. »

Elle sembla surprise par ma réponse, ses yeux s'écarquillant légèrement. Je n'avais jamais vu cette expression sur son visage. C'était comme si, pour la première fois, elle me voyait vraiment. Elle se redressa lentement, croisant les bras.

— « Milia, tu ne peux pas continuer ainsi. Tu es en train de te brûler les ailes. » Sa voix se fit plus douce, presque inquiète. « Pourquoi t’infliger tout ça ? »

Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. Pourquoi s’inquiétait-elle autant pour moi ? Depuis quand ma professeure, qui s'était toujours montrée froide et distante, se préoccupait-elle de mon bien-être ?

Mais alors que je me perdais dans mes pensées, j’eus un choc en relevant les yeux. Le regard de Madame Mahieur avait changé. Il passait de mes lèvres à mes yeux avec une intensité troublante, presque... désirante ? Mon cœur manqua un battement. Ce regard, cette proximité... Je ne savais plus quoi penser.

— « J’ai... j’ai un autre cours, je dois y aller, » balbutiai-je, me levant précipitamment.

Avant qu'elle ne puisse répondre, je quittai la salle en vitesse, mon cœur battant à tout rompre. Ses mots, son regard, tout cela restait gravé dans mon esprit comme une brûlure. Que voulait-elle vraiment de moi ?

Pdv Clémence

Je restai un moment seule dans la salle, le regard fixé sur la porte par laquelle Milia venait de s'enfuir. Mon esprit était en ébullition. Pourquoi est-ce que je me souciais autant d'elle ? Pourquoi est-ce que son bien-être m’importait à ce point ? Je secouai la tête, essayant de chasser ces pensées.

Je décidai de prendre une pause et me dirigeai vers la salle des profs. Peut-être qu'un café et un moment de calme m'aideraient à y voir plus clair. En entrant, je trouvai Martin, un de mes collègues, en train de feuilleter des dossiers.

— « Salut Clémence, » lança-t-il avec un sourire. « Alors, ça va mieux avec Milia ? »

Je serrai la mâchoire, me contentant de hocher la tête sans répondre. Il n'avait pas besoin de savoir que ma relation avec cette élève devenait de plus en plus compliquée, pour des raisons que moi-même, je n’arrivais pas à comprendre.

— « Clémence ? » insista-t-il en me dévisageant.

— « Je dois y aller, » répondis-je brusquement. « J’ai... un rendez-vous. »

Sans lui laisser le temps de réagir, je sortis de la salle, refermant la porte derrière moi. Mon esprit était en chaos total. Pourquoi Milia occupait-elle toutes mes pensées ? J'avais besoin de m’éloigner de tout ça.

Je rentrai plus tôt que prévu à la colocation. Juline était affalée sur le canapé, une série tournant en fond sonore.

— « T'es déjà rentrée ? » demanda-t-elle en levant un sourcil. « T’es censée être en cours, non ? »

Je l'ignorai, me dirigeant directement vers ma chambre sans un mot. À peine avais-je fermé la porte que je sentis mes jambes céder. Je m’adossai au mur, essayant de reprendre mon souffle.

Quelques minutes plus tard, la porte de ma chambre s’ouvrit doucement. Juline entra, me trouvant assise par terre, les yeux dans le vague.

— « Clémence, qu’est-ce qui s’est passé ? »

Je la regardai, ouvrant la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit. Les mots me manquaient, comme si tout ce que j'avais à dire restait coincé quelque part entre mon cœur et ma gorge.

Juline se rapprocha, s’accroupissant devant moi.

— « Clémence, parle-moi, » murmura-t-elle doucement.

— « Je... » commençai-je, mais ma voix se brisa avant même que je ne puisse terminer ma phrase.

Un silence pesant s’installa entre nous, laissant mes émotions tourbillonner dans la pièce, chaotiques et incontrôlables.

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À suivre...

Chapitre plus long que le précédent 😝😁. Bref bonne lecture

Entre Deux FeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant