– 200 euros pour 30 minutes... C'est une arnaque !
– Bah quoi ? Tout travail mérite salaire, monsieur. Vous m'avez bien pris 500 € la dernière fois pour me ramoner la chaudière... D'une certaine façon, on fait le même boulot. Sauf que là, c'est moi la chaudière, et je suis moins chère.
– Ouais, enfin, moi, je suis plombier. Quand on paye pour un boulot, après, il reste quelque chose. Et c'est pas comparable avec votre... job de prostituée. Moi, y'a une garantie de satisfaction.
– Ah, la satisfaction, parlons-en. Vous croyez que je donne pas de garantie ? Si mes clients reviennent, c'est qu'ils en ont pour leur argent, non ?
– Oui, mais... Moi, je répare des trucs. Vous, vous vendez du vent. Enfin, pas exactement du vent mais... tu vois l'idée.
– Alors là, monsieur, pas du tout. Déjà, je travaille avec mes mains. Je redonne vie à des corps fatigués. Et franchement, pour ce que vous faites... Vous limez des tuyaux toute la journée et, de temps en temps, vous taillez des pipes dans les toilettes.
– Euh... ouais, mais... Moi, au moins, c'est un métier reconnu, réglementé.
– Vous croyez que la plomberie, c'est un art ? Vous êtes un technicien, pas un artiste. Moi, au moins, j'amène du rêve. Et si vous voulez parler de régulations, on peut aussi discuter de vos petits extras sans facture. Hein ? Monsieur au-black.
– Ok, c'est bon, touche pas à ça. Restons pro, d'accord ?
– Pro ? C'est marrant, venant d'un mec qui facture 100€ pour changer un joint, ça sonne creux. Mais allez, on va pas chipoter. Si ça vous va pas, je peux doubler mon tarif. Vous aimez bien ça, non, rajouter une ligne en douce ?
– Non, non... Finalement, ça ira.
– Parfait. Et je vous garantis que vous allez revenir.
– Mouais... Argument validé. Bon, sinon, c'était comment ?
– La prochaine fois, évitez de me coller de la tuyauterie souple. Je préfère quand c'est un peu plus rigide.
– On parle de votre prestation ou de la mienne, là ?
– Qui sait, mon petit bonhomme... Qui sait.
