Chapitre 4 : La solitude du vilain qui n'aimait que les belles.

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Germain était le premier patient de ce lundi matin. Il avait pris soin de prendre rendez-vous quelques jours plus tôt pour être le premier et ne pas devoir casser sa journée bien chargée d'agriculteur.

Il était en forme, il était de bonne humeur. Il venait simplement chercher sa prescription de prise de sang pour surveiller que son cancer n'était pas de retour. Il annonça aussi au docteur qu'il allait participer à une émission pour rencontrer une femme ! Le Docteur connaissait cette stupide émission, il la détestait parce qu'il ne comprenait pas pourquoi elle n'existait pas avec des Médecins ! C'était pourtant, selon lui, plus normal de vouloir épouser un Docteur qu'un fermier ! Mais soit, il fit mine de se réjouir pour Germain et il regarderait l'émission en se moquant. Le fermier était content, sa fille allait mieux. Elle avait été très malade et avait perdu vingt kilos sur un mois précédemment, pour une raison qui lui échappait totalement. Le petit docteur l'avait rassuré : elle n'avait pas de cancer - Il avait bien gardé le secret de la grosse au régime -  elle avait repris vingt-cinq kilos le mois suivant.

Cindy était aussi passée ce jour-là, elle était déprimée et affolée car elle pensait que son mari avait eu vent de ses infidélités mais par qui ? Le bon Docteur, d'un air triste et désemparé lui dit qu'il est vrai qu'à jouer avec le feu, on risque toujours de se brûler et, dans les petits villages, tout finit toujours par se rapprendre, on est toujours vu !

S'il n'avait pas eu, par le passé, des sentiments pour cette femme qui l'avait toujours totalement ignoré, peut-être aurait-il eu de la tristesse pour ce couple : Lui, déprimé par l'indifférence de la mère de ses enfants et elle déprimée aussi à l'idée qu'il apprenne ses infidélités et ne veuille vendre leur belle maison.Mais qu'y pouvait-il ? Ce n'était pas ses affaires. Ces deux-là consommaient bien aux antidépresseurs, les plus chers, pour être sûrs qu'ils aillent mieux, au plus vite.

Rien, pas même l'once d'humanité qui subsiste en tout assassin, plus rien ne lui donnait envie d'aider quiconque. Il savait que cet état était dangereux. Dangereux pour lui et, surtout, pour les autres. Lui n'aidant plus vraiment, lui visant à leur faire consommer des médicaments chers dont il percevait l'entièreté des bénéfices. Ces traitements si bien conçus par des industries à la fois tueuses et sauveuses. Ces "remèdes" qui créent en vous soit une dépendance vous rendant client à vie, soit vous assassinent un autre organe qui devra être soulagé par un produit-frère, enfant de cette même industrie qui vous a rendu malade.

LeDocteur George savait que les sociétés pharmaceutiques avaient tout compris, tout pouvoir. Il savait, étudiant que s'il eut souhaité devenir riche, il aurait dû s'orienter vers la pharmacologie, cours dans lequel, il excellait d'ailleurs, dans ses souvenirs. Ceci lui permettait aujourd'hui de créer ses propres préparations médicamenteuses : efficaces et rentables !

Toutefois, jeune, il avait opté pour la Médecine. Rencontrer les gens, les écouter, comprendre leur mal et tenter de les aider. Voilà comment il se voyait il y a quinze ans d'ici. Stupide naïveté ! Celle qui vous dessine un parcours de vie logique où vous aurez été un bon petit soldat : Je fais mes études, j'ai de bonnes intentions, je fonderai une famille ... Mais de la théorie à la pratique, il y avait une sacrée différence. Ce qu'on imagine, c'est le burger sur l'image dans les fast-foods et ce qu'on vit, en faisant de son mieux, c'est celui qu'on nous sert ! Bien-sûr, il savait que c'est pareil pour tout le monde et qu'il faut avancer, malgré tout, et toujours viser à améliorer sa situation, s'adapter à ce burger racrapoté mais... seul... Il savait qu'une compagne lui eut été « bénéfique ». Il avait eu des filles dans le passé mais aucune n'était restée. Il n'aimait que les belles. Le fait d'être Médecin, pallie souvent un physique ingrat, une chance pour lui. Cela dit, ces jolies dames n'avaient jamais fait long feu : Soit elles souhaitaient sortir - sans lui car il étudiait toujours, selon lui- soit elles se lassaient de lui, trop sérieux.

LE DOCTEUR GEORGEWhere stories live. Discover now