Émilie avait quitté Toulouse au petit matin, emportant avec elle un mélange de souvenirs doux et amers. Dans le train qui la ramenait à Bordeaux, elle s'était efforcée de ne pas penser à la nuit qu'elle venait de passer avec Louis. Pourtant, c'était impossible. Chaque instant de cette soirée semblait gravé dans son esprit : leur complicité, leurs rires, et ce lien qu'elle n'avait jamais ressenti avec personne auparavant.
Louis, lui, avait repris sa vie avec une apparente normalité. Après une courte nuit de sommeil, il avait enchaîné avec une journée chargée à la brigade, se concentrant sur les rapports à rédiger et les patrouilles. Mais même au milieu de ses collègues ou lors d'une intervention, il se surprenait à penser à elle. Son sourire, la douceur de sa voix, et cette façon qu'elle avait de le regarder comme si elle voyait au-delà de ses silences.
Les jours qui suivirent leur séparation furent marqués par quelques messages, courts et prudents.
Émilie : Salut, bien rentré ? Merci encore pour la soirée... c'était vraiment agréable.
Louis : Oui, bien rentré. Et toi, Bordeaux n'a pas trop changé depuis hier ?
Ces échanges, bien que banals en apparence, étaient teintés d'une certaine mélancolie. Ni l'un ni l'autre ne savait comment aller plus loin, ni même si c'était une bonne idée. Alors, les conversations s'espacèrent.
Pour Émilie, cela devint de plus en plus frustrant. Elle se surprenait à attendre un message de lui, à espérer une attention ou une initiative. Mais Louis restait distant, comme enfermé dans son monde.
De son côté, Louis était aux prises avec ses propres doutes. Il avait apprécié leur rencontre, et plus encore, cette nuit. Mais l'idée d'une relation entre eux semblait impossible. La distance géographique, leurs vies professionnelles opposées, tout cela le décourageait.
Au fil des semaines, leur communication s'éteignit progressivement. Émilie avait tenté une ou deux fois de relancer la conversation, mais elle sentait qu'il était ailleurs, préoccupé. Alors, elle laissa faire, bien que cela la peinât plus qu'elle n'osait l'admettre.
Pour combler ce vide, elle se concentra sur ses études de diététique. Les cours et les stages accaparaient tout son temps, mais parfois, le soir, alors qu'elle feuilletait ses notes ou rédigeait un dossier, ses pensées dérivaient vers lui. Elle se demandait ce qu'il faisait, s'il pensait encore à elle, ou si elle n'avait été qu'une parenthèse dans sa vie.
Louis, lui, s'efforçait de noyer ses pensées dans son travail. Être gendarme demandait une discipline constante, et il aimait cette rigueur qui l'empêchait de trop réfléchir. Mais lorsqu'il rentrait seul chez lui, l'appartement semblait plus vide que jamais. Il aurait voulu lui écrire, lui dire qu'elle lui manquait, mais il n'osait pas.
C'est au cours de ces mois de silence qu'Alyzée entra dans la vie de Louis. Elle était infirmière dans un hôpital voisin, et ils s'étaient croisés lors d'une intervention. Alyzée avait immédiatement été attirée par Louis. Elle trouvait chez lui une sérénité rassurante, une sorte de force tranquille.
Petit à petit, elle s'était rapprochée de lui. D'abord par des conversations anodines sur leur travail respectif, puis par des moments partagés en dehors des horaires de service. Louis se laissa porter par cette relation naissante, appréciant la simplicité et la douceur qu'Alyzée apportait dans sa vie. Ce n'était pas la même intensité qu'avec Émilie, mais c'était stable, confortable.
Pendant ce temps, Émilie rencontrait Adrien. Ils s'étaient connus lors d'un stage, et il avait immédiatement cherché à la faire rire. Adrien était charmeur, extraverti, et semblait toujours de bonne humeur. Leur relation commença doucement, presque par hasard, mais finit par s'installer dans une routine agréable.
Malgré cela, ni Louis ni Émilie n'oublièrent complètement leur nuit à Toulouse. Elle restait un souvenir qu'ils gardaient pour eux-mêmes, comme une flamme vacillante qui refusait de s'éteindre.
Une nuit, alors qu'elle feuilletait de vieilles photos sur son téléphone, Émilie tomba sur une image prise à Toulouse, cette fameuse soirée. Ce n'était pas une photo de Louis, mais d'un détail quelconque : une rue, une lumière tamisée, un verre sur une table. Pourtant, cette image fit remonter une vague d'émotions qu'elle croyait oubliées.
Elle hésita un moment, puis ouvrit leur conversation, laissée à l'abandon depuis des mois. Ses doigts glissèrent sur le clavier, mais aucun mot ne semblait juste. Après plusieurs minutes d'hésitation, elle referma l'application.
Louis, de son côté, avait aussi conservé des souvenirs. Il s'était surpris un soir à chercher son nom sur Instagram, sans vraiment savoir ce qu'il espérait. En voyant ses photos récentes, il ressentit une étrange sensation de nostalgie, presque douloureuse.
Finalement, la distance entre eux devint une évidence. Ils s'étaient croisés au bon moment, mais aussi au mauvais. La vie continuait, et leurs chemins semblaient désormais destinés à rester séparés.
Pourtant, dans leurs cœurs, ils savaient qu'il restait quelque chose d'inachevé. Une histoire suspendue dans le temps, en attente d'un futur qui leur offrirait peut-être une seconde chance.
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Le pacte
RomanceParfois, les rencontres les plus marquantes ne sont pas celles qui s'inscrivent dans la durée. Parfois, elles ressemblent à des étoiles filantes : un éclat bref, intense, et pourtant suffisant pour transformer une vie. Pour Émilie et Louis, ce fut e...