Le soleil matinal perçait doucement à travers les rideaux de la chambre d'Émilie, projetant des ombres dorées sur les murs clairs. La pièce était baignée d'une sérénité fragile, comme si elle retenait son souffle pour ne pas perturber ce moment suspendu dans le temps.
Louis ouvrit lentement les yeux, encore enveloppé par la chaleur de la nuit passée. Il sentit la présence d'Émilie près de lui avant même de la voir. Elle était là, la tête posée sur son torse, son souffle régulier caressant doucement sa peau.
Il leva une main pour effleurer ses cheveux, appréciant leur douceur. Ce geste, si naturel, lui fit réaliser l'ampleur de ce qu'ils avaient partagé. Ce n'était pas qu'une nuit. Ce n'était pas que du désir.
C'était autre chose. Quelque chose de plus profond.
Émilie bougea légèrement, attirée par le mouvement de Louis. Elle ouvrit les yeux, croisant son regard. Ils restèrent ainsi quelques secondes, sans parler, juste à se regarder.
— Salut, murmura-t-elle enfin, un sourire timide sur les lèvres.
— Salut, répondit-il, sa voix encore empreinte de sommeil.
Il y avait quelque chose d'étrange dans cette simplicité. Ils avaient traversé une nuit pleine d'intensité, et pourtant, ce matin, tout semblait presque... normal. Comme si cela avait toujours été leur place : ensemble, ici, dans ce lit.
Émilie se redressa légèrement, s'asseyant sur le bord du lit. Elle attrapa une couverture pour couvrir son corps, un geste à la fois pudique et adorable aux yeux de Louis.
— Ça va ? demanda-t-il en se redressant à son tour.
Elle hocha la tête, mais son sourire s'effaça légèrement.
— Oui... enfin, je crois.
Il fronça les sourcils, cherchant à comprendre.
— Émilie, si tu veux en parler...
Elle secoua la tête, coupant sa phrase.
— Ce n'est pas ça, Louis. C'était... incroyable. Mais maintenant que c'est arrivé, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que ça signifie.
Louis resta silencieux. Il comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire.
Ils passèrent la matinée ensemble, partageant un petit-déjeuner improvisé dans la cuisine d'Émilie. Le moment était doux, presque trop parfait pour être vrai. Ils parlaient de tout et de rien, évitant soigneusement d'aborder les questions plus profondes qui flottaient dans l'air.
À un moment, alors qu'Émilie riait à une blague maladroite de Louis, il se surprit à la regarder comme s'il la voyait pour la première fois. Sa façon de sourire, la lumière dans ses yeux... il se demanda comment il avait pu passer cinq ans sans elle.
Mais il savait aussi qu'il ne pouvait pas tout effacer d'un coup.
Alyzée. Le nom de sa compagne flottait dans son esprit comme une ombre. Il ne pouvait pas l'ignorer.
Alors qu'ils finissaient leur café, Émilie posa sa tasse avec un soupir.
— On doit parler, Louis.
Il hocha la tête, redoutant ce moment mais sachant qu'il était inévitable.
— Oui, je sais.
Elle croisa ses bras sur la table, le regardant droit dans les yeux.
— Hier soir... je ne regrette rien, vraiment rien. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que ça implique. À toi, à moi, à elle...
Louis baissa les yeux, incapable de répondre immédiatement.
— Émilie, commença-t-il doucement, je ne sais pas ce que tout ça signifie. Je sais juste que... tu comptes pour moi. Tu as toujours compté.
Elle hocha la tête, ses yeux brillants de larmes qu'elle refusait de laisser couler.
— Mais tu es toujours avec elle, n'est-ce pas ?
Il ferma les yeux un instant avant de répondre.
— Oui.
Le mot resta suspendu entre eux, lourd de conséquences.
Ils passèrent les heures suivantes dans une étrange proximité. Aucun d'eux ne voulait briser le moment, mais ils savaient tous les deux qu'ils ne pouvaient pas rester ainsi indéfiniment.
— Louis, dit Émilie alors qu'il s'apprêtait à partir, je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit. Mais je ne peux pas être celle qui détruit ta relation.
Il se tourna vers elle, la douleur visible sur son visage.
— Et si c'était toi que je voulais ?
Elle secoua doucement la tête.
— Alors tu dois être sûr. Parce que je ne peux pas être un choix par défaut, Louis.
Ses mots le frappèrent de plein fouet. Il hocha la tête, incapable de répondre autrement.
Quand il quitta l'appartement, il se sentit à la fois plus proche et plus loin d'elle qu'il ne l'avait jamais été.
Louis prit la route pour Toulouse, le cœur lourd. Chaque kilomètre qui le rapprochait de chez lui semblait le distancer un peu plus d'Émilie. Il savait qu'il ne pouvait pas continuer à vivre dans cette incertitude.
De son côté, Émilie fixait un point invisible assise sur son canapé, ce même canapé où la veille elle s'était donné à lui, à l'homme qu'elle aime. Elle se sentait vide, comme si quelque chose lui avait été arraché.
Ils savaient tous les deux qu'ils avaient atteint un tournant. La question maintenant était de savoir dans quelle direction ils allaient aller.
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Le pacte
RomanceParfois, les rencontres les plus marquantes ne sont pas celles qui s'inscrivent dans la durée. Parfois, elles ressemblent à des étoiles filantes : un éclat bref, intense, et pourtant suffisant pour transformer une vie. Pour Émilie et Louis, ce fut e...