Si j’étais un homme,
Est-ce que ma force se mesurerait à ma capacité de dominer,
Ou à ma sagesse de respecter ?
Est-ce que ma dignité tiendrait dans la violence de mes actes,
Ou dans la noblesse de mes choix ?
Si un refus devenait pour moi un affront,
Quelle valeur aurais-je encore en tant qu’être humain ?
Suis-je un roi, légitime par ma grandeur d’âme,
Ou un tyran, incapable de maîtriser ses flammes ?
Comment pourrais-je prétendre à l’humanité,
Si je réduis l’autre à un objet sans volonté ?
Si je me plais à prendre ce qui ne m’appartient pas,
Qu’ai-je donc gagné, sinon une honte éternelle ?
Est-ce là le sens de mon existence,
Dévorer des cœurs et briser des silences ?
Et si l’amour est une offrande,
Pourquoi le souiller par la contrainte,
Pourquoi détruire ce qui ne demande qu’à fleurir ?
Si j’étais à leur place,
Dépossédé de mon corps, réduit à une plaie,
Que penserais-je de celui qui m’a infligé ce poids ?
Pourrais-je encore regarder le monde sans colère,
Sans douleur, sans un cri étouffé dans l’air ?
Si je prétends être un homme,
Pourquoi me conduire en lâche ?
Pourquoi laisser mes pulsions guider mes mains,
Quand ma raison pourrait tracer un chemin ?
Est-ce vraiment la marque d’un homme accompli,
De semer la peur là où il aurait pu bâtir l’harmonie ?
Alors, si je suis un homme,
Que reste-t-il de ma grandeur si je trahis ?
Qu’ai-je à offrir au monde, sinon le mépris ?
Le respect n’est pas une option,
C’est la condition de l’existence,
Et ceux qui l’oublient ne laissent derrière eux
Que ruines et silence.
