Je suis celle qu’on attendait,
Celle qu’on façonne dans l’ombre des sacrifices.
Une promesse vivante,
Un futur gravé sur la peau des gens
Qui m’ont mise au monde,
Pour m'offrir un avenir tout tracé,
Sous le poids des rêves qu'ils n’ont jamais réalisés.
On m’a dit que tout avait un prix,
Que ma réussite serait leur fierté,
Mais comment trouver ma voie
Quand le monde pèse sur mes épaules,
Quand la voix qui me guide est celle d’une histoire
Où mes ancêtres ont dû plier,
Se sacrifier pour que je sois là,
Pour que je sois celle qu’on attend.
Et puis, on me dit que le monde avance,
Mais quel monde, vraiment ?
Celui où les enfants se cachent derrière des sourires,
Où la guerre, les violeurs, les cris,
Ont plus de place que les rêves, que les rires ?
Celui où les hommes se battent pour du pouvoir,
Où la haine tue plus que l’amour,
Où l’on meurt dans des rues sombres,
Parce qu’on est trop brisé pour marcher sous le soleil.
Je suis fille d’immigrés,
Je suis fille de ce pays
Où les rêves sont des chaînes,
Et la liberté, une illusion
Que l’on essaie de m’offrir à coups de sacrifices.
Je suis là, mais suis-je réellement moi ?
Ou suis-je juste ce qu’on veut que je sois ?
La pression des mots, des regards,
Des attentes qui ne cessent de grandir,
Et la peur que, si je m’arrête, tout s’effondre.
Les hommes parlent d’évolution,
Mais où est cette évolution,
Quand le monde meurt chaque jour un peu plus ?
Quand l’avenir que l’on me promet
Ne m’offre que des ruines et des ombres ?
Je ne suis pas juste un reflet des sacrifices d’autrui.
Je suis l’écho de mes propres rêves.
Je suis celle qui refuse de se faire oublier
Dans un monde qui oublie trop souvent de voir.
