Brute

22. Max

Ce qu'elle a dit a effectivement perturbé son sommeil la nuit, pourquoi Kalki a-t-elle qualifié son enfance de déprimante ? Bien sûr, il se souvenait de certains passages, mais pas de tout. Max était sûr d'avoir eu de bons moments, mais pour une raison ou une autre, son cerveau ne se souvenait que des moments moins agréables, et il n'arrivait pas à dormir. Il essayait de se rappeler de bons souvenirs, mais les seuls qui lui venaient à l'esprit étaient les vacances, en particulier celles qu'il passait avec sa mère et Victoria.

Vous : Tu es réveillé, j'ai quelque chose à te dire

Sulky Kalki : ça peut attendre demain matin ? Je conduirai pour que tu puisses parler de ce que tu ressens.

Vous : Je vais essayer mais c'est juste... trop.

Sulky Kalki : ok, essaie de dormir un peu ou de tenir un journal, à demain matin.

Elle s'est déconnectée, et il s'est fait peur. Que venait-il de faire ? Allait-il dire à la personne qui s'était montrée si hostile à son égard, à peu près tout ce qu'il vivait ? Il a longuement réfléchi à qui d'autre il pourrait parler, puis il s'est rendu compte qu'en poursuivant son rêve, il était devenu seul. Il n'avait jamais eu besoin de compagnie qu'après les courses, pour les fêtes, ce qui n'était pas trop difficile quand on avait de l'argent et de la célébrité - on avait toujours un public.

Il n'a pas fermé l'œil, les oiseaux chantent déjà. Il était temps pour lui d'y aller, il était complètement endormi par le peu de repos que son cerveau lui avait permis d'avoir. Max commanda un petit déjeuner au lit, s'habilla pour la journée et se rendit dans le hall. Il décida de quitter l'hôtel et de régler les factures avant que Kalki n'arrive. La vieille femme à la réception était très aimable avec lui, lui demandant comment allait la femme qui l'accompagnait, il la regarda d'un air confus mais la remercia pour son agréable séjour.

"Prêt à t'épancher, princesse ?" Kalki le salue.

"Arrêtes de m'appeler princesse." Max roule des yeux.

Le trajet du retour s'est déroulé dans le calme, étrangement calme. Il ne pouvait pas se résoudre à dire ce à quoi il pensait, mais en même temps, il voyait les regards de Kalki qui le poussaient à dire ce qu'il voulait dire.

"Tu as dit que mon enfance était déprimante."

"Je suis désolé, je ne voulais pas te blesser. Je n'avais pas les idées très claires." Elle grimace.

"Non, ne t'excuses pas, cela m'a empêché de dormir et m'a fait réfléchir. J'ai réfléchi pendant un bon moment en fait, j'essayais de me rappeler les bons moments." Il soupira.

"Continues." dit-elle.

"Et je me suis rendu compte que je ne me souvenais d'aucun bon moment, seulement de l'humiliation, des bagarres et de la confusion." Il se surprend à bégayer.

"Confusion à propos de quoi ?"

"En fait, c'est vraiment n'importe quoi, maintenant que j'y pense". Il glousse. "Si tu ne gagnais pas une course ou si tu n'étais pas performant dans une course de karting, que faisaient tes parents ?"

"Mon père m'accompagnait la plupart du temps sur les pistes, il me laissait me débarrasser de toutes mes émotions négatives. Il ne disait pas un mot, me laissait le serrer dans mes bras et pleurer. Une fois que je me sentais un peu mieux, il s'asseyait et analysait les images de la course." Elle dit, Max voit un léger sourire se dessiner sur son visage, elle se souvient de ces jours avec tendresse.

Max a ressenti une douleur dans la poitrine, comme si elle était comprimée par ses côtes, et sa gorge s'est mise à trembler, comme si aucun mot ne voulait s'échapper de sa bouche. Mais il s'y est quand même résolu : " Imagines que tu as six ans, que tu n'as pas gagné une course et qu'au lieu d'être consolé ou de recevoir un " tu feras mieux à la prochaine ", tout ce que tu obtiens, c'est une gifle. Pour la première fois, tu reçois une gifle en pleine figure et tu ne comprends pas pourquoi il a fait ça." Sa voix s'éteint.