Brute

5.Max

Il n'en croyait pas ses yeux, c'était bien elle. La rencontre de tout à l'heure était pour le moins embarrassante, Max n'a pas réfléchi avant de sortir les mots. Visiblement, elle n'a pas aimé ce qu'il a dit, elle a fait semblant d'être quelqu'un d'autre.

C'est en passant devant l'hospitalité de Ferrari qu'il la revoit, arborant un grand sourire et discutant avec son rival du moment. Il voulait s'excuser pour ce qu'il avait dit, mais le moment était mal choisi.

Il a fait deux pas vers eux, mais dès qu'ils se sont regardés, son visage s'est décomposé. Il l'a vue dire quelque chose à Charles et partir brusquement, manifestement quelque chose n'a jamais changé.

Elle resterait toujours la fille méprisante qu'elle était, il ne l'avait jamais vue sans un air renfrogné. Il décida d'aller parler à Charles de toute façon, ils avaient une histoire, ils se battaient pour le titre mais cela ne voulait pas dire qu'ils seraient méchants l'un envers l'autre.

"Tu y était aujourd'hui!" s'exclame Charles.

"Merci, mais tu as quand même gagné." Max a ri. "Alors, qui était-ce?"

"Oh tu vas faire comme si tu ne connaissais âs Sulky Kalki." Charles leva les yeux au ciel.

"Eh bien, je voulais dire qu'est-ce qu'ellefaisait ici?" demanda-t-il encore.

"Quelqu'un est très curieux aujourd'hui." Charles l'a taquiné, "Elle m'a raconté que sa mère ne s'intéressait pas du tout à la Formule 1 et qu'elle m'adorait."

"Tu deviens populaire parmi les femmes de nos jours, n'est-ce pas?"

"Je ne me plains pas." Charles haussa les épaules.

"Très bien, bonne discussion. On se voit le week-end prochain pour manger de la terre." Max lui a donné une tape dans le dos avant de s'élancer au loin.

Il aperçoit Evi qui l'attend dans le garage, elle le prend dans ses bras et ne le lâche que lorsqu'il lui dit qu'il a mal aux côtes. Ils ont parlé un moment de la course, puis elle lui a posé une question.

"Qui est Kalki?"

"Quelqu'un que je connaissais, avec qui j'étais en compétition et que je ne supportais pas du tout." Il se moque.

"Et maintenant ?"

"Elle est toujours aussi cruelle et désagréable qu'avant."

"Il ne faut pas porter de jugement hâtif sur quelqu'un." Elle lui fait remarquer.

"Oui, mais je peux le dire, dans mes os. Qu'elle n'a pas changé du tout."

"Je ne veux pas me battre avec toi pour ça." Elle roule des yeux. Elle s'occupa de rassembler ses affaires et de dire au revoir aux mécaniciens et aux autres membres du personnel qui avaient rendu cette expérience agréable.

"Es-tu fâché?" demanda-t-il en essayant de lui faire un câlin.

"Non, je ne le suis pas." Elle a dit visiblement ennuyée.

"Tu sembles vraiment en colère, que s'est-il passé ?"

"La façon dont tu parles d'elle. Pourquoi dois-tu être si irrespectueux ? Je n'aime pas ça ?"

"Bien. Je serai respectueux envers ce monstre." Il a rayonné.

Evi secoua la tête et laissa tomber, il avait déjà pris sa décision et il n'y avait pas moyen de la changer. Il était probablement en train de s'en vouloir dans sa tête de ne pas avoir gagné, la dernière chose qu'elle avait besoin de faire était de lui ajouter du stress indésirable.

"Je n'ai pas envie de faire la fête aujourd'hui." Il prend enfin la parole. Jusqu'à présent, le trajet jusqu'à l'hôtel avait été étrangement calme.

"J'ai pu m'en rendre compte. Qu'est-ce que tu veux faire à la place ?" demanda-t-elle.

"Dîner et longue route". Il a répondu en un clin d'œil.

"Bien vu !" Elle rayonne.

Ils passèrent leur soirée de la manière décontractée que Max souhaitait, ils dînèrent dans un petit restaurant et roulèrent ensuite dans les rues sans destination finale. Il y avait beaucoup de questions qu'elle voulait lui poser, elle voulait savoir ce qu'il se passait dans sa tête.

Mais malheureusement, il avait ses murs très hauts, il n'aimait pas baisser sa garde. Au début, elle s'est sentie insultée qu'il ne lui fasse pas confiance, mais ils ont vite compris que ce n'était pas une question de confiance, il a juste été élevé de cette façon- mal à l'aise avec les émotions, qu'elles soient positives ou négatives.

Ne pouvant rien faire, elle s'est assise à côté de lui, la main sur la sienne, et a regardé la route devant elle. De temps en temps, ils se regardaient l'un l'autre, et elle pouvait voir l'expression de son visage. Il ne disait rien, mais cela ne signifiait pas que son esprit était silencieux. Il pensait probablement à un million de choses à la fois, mais n'allait certainement pas en parler.

Il la regarda, il savait qu'elle mourrait d'envie de savoir ce qui se passait dans sa tête. La vérité, c'est qu'il ne le savait pas non plus. Cette journée l'avait bouleversé, mais il ne savait pas ce qui le bouleversait le plus : être si près de la victoire et pourtant si loin, ou revoir Kalki. Peut-être était-ce les deux à la fois.

Quoi qu'il en soit, un sentiment très étrange monta en lui. C'était comme un fantôme du passé, ce mélange de colère et de tristesse n'avait pas été traité depuis des années et il n'avait pas choisi le pire moment pour refaire surface. Il le nota mentalement, voulant analyser pourquoi il le ressentait et d'où il venait.

Il n'a pas réalisé combien de temps cela avait duré, c'est quand il a reçu un appel de son manager qu'il a réalisé qu'ils étaient partis pendant des heures.

"Oui, nous sommes en route." Il a répondu.

"Tu as intérêt à être responsable ! Tu profites du fait que je ne peux pas voyager avec toi tout le temps." Il a grondé Max.

"C'était une fois." Il a réprimandé.

"Ah. Je vois. Prend ton temps pour te calmer Max, je m'occupe des médias." Son manager a mis fin à l'appel.

"Vous parvenez à obtenir votre chemin de toute façon n'est-ce pas?" Evi rit.

"Tu arrives quand même à faire ce que tu veux, n'est-ce pas ?" Evi rit.

"Je suis simplement honnête. Alors j'obtiens ce que je veux." Il haussa les épaules.

Elle entrouvrit les lèvres pour dire quelque chose, mais s'arrêta presque instantanément. Il savait ce qu'elle allait dire et il était content qu'elle s'arrête, car il n'avait pas de réponse à la question de savoir pourquoi il ne pouvait pas être honnête avec elle.