Un monde féerique.

Chapitre 4

À cet instant, je m'arrête, je ne bouge plus, je suis comme pétrifiée. De nombreuses questions tournent dans ma tête et je finis par la secouer de droite à gauche en espérant les chasser de mon esprit. Je suis Mélodie en tremblant à l'idée de voir quelque chose, ou quelqu'un, que j'aurais préféré ne pas voir. En faisant quelques pas à l'intérieur, je remarque que la grotte est recouverte de feuilles d'or. Tout est doré, du sol, sur les murs, jusqu'au plafond où se trouve des flammes jaillissant sur des torches comme dans les films d'aventure que j'ai l'habitude de regarder.

- Essaie de faire le moins de bruit possible !

Je sursaute à l'entente de la voix de la licorne juste devant moi, et hoche la tête en guise de réponse positive. J'avance sur la pointe des pieds en continuant de m'émerveiller. Après avoir traverser un long tunnel, une grille se présente à nous. Je m'apprête à soupirer et à repartir dans l'autre sens quand Mélodie pose un de ses sabot sur un cercle en terre cuite qui se trouve au sol. Instantanément, la grille monte et nous laisse libre accès à ce qui se trouvait, avant, derrière un obstacle. Nous continuons donc notre chemin quand Mélodie m'arrête.

- Nous sommes presque arrivées. Quand tu verras le lieu où je nous emmène et surtout quand tu verras la créature qui s'y trouve, tu as le droit d'être choquée ou émerveillée, mais pas un bruit. Tu dois rester en silence, pas un son ne doit sortir de ta bouche. Compris ?

- D'accord.

Nous continuons quelques pas puis, deux chemins opposés s'offrent à nous. Mélodie prend le chemin de droite et je la suis. En arrivant au bout, le même cercle en terre cuite est au sol, devant une grande porte en bois. Mélodie pose à nouveau son sabot et la porte s'ouvre d'un coup sec qui me fait fermer les yeux. En rouvrent mes yeux peu à peu, d'abord l'un puis l'autre, je remarque seulement une sorte de grande salle avec des étagères recouvertes de babioles, un lustre en cristal accroché au plafond et, toujours le sol ainsi que les murs et le plafond recouverts d'or. J'ouvre grand mes yeux d'étonnement et d'émerveillement. Je vois ensuite une tête sortir d'un placard. Je crois voir cette tête ramper suivie d'un corps long et fin... un serpent. Sans aucune hésitation, je fais un pas de recul.

- Bonjour, Mélodie et...Bonjour ?

- É-Émilie.

- Bonjour Émilie.

Ce serpent parle. Il parle d'une voix chevrotante et basse, comme un chuchotement. Il fait le tour de la pièce jusqu'à venir à mes pieds. Il fixe son regard sur mes yeux et je fais de même.

- Tu es humaine ?

- Euh... o-oui.

- Et que fais-tu là ?

- Je l'ignore.

Il détourne son regard du mien et observe Mélodie.

- Tu penses que...

- Que c'est le cycle qui se répète, oui, assure le serpent.

Je ne comprends plus rien. Un cycle qui se répète ? Parlent-ils de l'histoire que m'avait racontée Mélodie ? Dans ce cas, y aura-t-il une guerre ? Et qui la déclenchera ? Que se passera-t-il ? Ou bien, y a-t-il quelque chose que je ne sais pas ? Je scrute Mélodie, puis le serpent, puis je reporte à nouveau mon regard sur Mélodie. Mes yeux se bloquent et le serpent parle à nouveau.

- La nuit va bientôt tomber.

- Oui, on y va.

Mélodie repart puis je me débloque enfin et je la suis. Nous empruntons le même chemin jusqu'à revenir hors de la grotte. Dehors, un fine lueur de lumière me parvient. Je me tourne pour apercevoir un ciel rosé parsemé de nuages qui couvrent un soleil orangé. Un coucher de soleil. J'admire le ciel quelque instants, puis je rattrape la licorne qui est déjà bien loin sur le chemin.

- Je ne comprends rien. Qui est ce serpent ? Et de quoi avez-vous parlé ?

- C'est un mélange de serpents rares. Il a survécu à la guerre dont je t'ai parlé. Depuis, on ne le nomme pas, c'est comme un signe de respect, ici. Je ne peux pas répondre à ta deuxième question pour l'instant.

- Il y aura une autre guerre, pas vrai ?

- Il se peut que oui mais peut-être que non si la chance nous parvient.

En marchant encore un bon bout de temps, j'aperçois une porte blanche tout au fond. Nous l'ouvrons et nous nous retrouvons dans le couloir en un pas de plus. Nous retournons ensuite dans le grenier puis, hors de la maison après avoir descendu les plusieurs étages d'escaliers.

En étant dehors, je ferme mes yeux. Il s'est passé tellement de choses aujourd'hui. Je n'ai rien compris mais je suppose que je comprendrai un peu mieux plus tard. J'ai découvert tellement de choses, surtout tellement de personnes. Mais je suis tellement inquiète par rapport à une guerre qui pourrait arriver. Et j'ai aussi tellement envie de voir l'île du malheur.

Toujours les yeux fermés, je respire un grand coup l'air frais qui se propage dans mes poumons. Le soleil qui se couche au loin brûle mes paupières closes. Mais quand je rouvre les yeux, je découvre un soleil qui se lève. Je me trouve dans un lit, dans ma chambre humaine.

Et voilà une journée complètement normale et ennuyante qui commence...