Chapitre 6

111 15 2
                                    

Le lendemain, sur Terre, je décidai de faire une liste pour me souvenir de tout ce que je savais sur le monde mystérieux qui semble hanter mes rêves.

Le soir, je rentrais et m'aventurais encore une fois dans les bras de Morphée jusqu'à rejoindre le monde tant rêvé.

En arrivant, je me retrouve devant le manoir. Personne ne m'attend, je cherche Mélodie du regard mais ne la trouve pas.

C'est pour moi le moment de tenter ma chance. Je n'ai pas la surveillance de Mélodie ou encore une autre créature qu'il faudrait que je connaisse. Je peux enfin retourner au grenier en toute tranquillité. Je rentre dans l'immense château et monte jusqu'au grenier où je rampe comme la dernière fois. Cet endroit me paraît toujours aussi lugubre avec ses toiles d'araignées et les tas de poussière. Je ne serais pas étonnée si une chauve-souris me volait dessus ou si on m'apprenait qu'un monstre ressemblant à Hulk était juste derrière moi prêt à m'attaquer. J'arrive enfin à la porte menant au couloir après quelques minutes qui m'ont semblées interminables. Je pousse la porte noire en tremblant. Ça y est. J'y suis, je vais enfin découvrir le monde du malheur que tout le monde cherche à me cacher. J'ouvre mes yeux que j'avais fermés sans m'en rendre compte. Et je ne vois rien. Seulement du noir. Un espace rempli de noir et rien d'autre. Comme un long tunnel sombre sans fin. J'ai presque l'impression que si j'entre, je tomberais dans le vide ou que je poserais les pieds sur une surface humide et que la fin du tunnel ne serait qu'un mirage. Mais rien de tout cela ne se passe et quand je pose un pied puis l'autre, je tombe, mais pas dans le vide. Mon corps atterit sur une surface rugueuse qui me fait glisser le long d'un tunnel à la verticale qui a une fin. Je ne comprends pas ce qu'un toboggan fait dans le monde du malheur. Un toboggan noir, certes, mais un toboggan quand même. J'arrive en bas dans une chute douloureuse. Je me relève ensuite avec difficulté et remarque un monde... spécial. Tout est lugubre. Comparé au monde du malheur, le grenier, c'est le monde des bisounours !

Le sol est noir et dur, un brouillard est présent constamment et l'air est oppressant. Le ciel est sombre même en pleine journée et je crois sentir les gouttes de pluie dégouliner sur mon corps pendant que le vent souffle tellement fort que j'ai l'impression que je peux m'envoler à tous moments. Le froid, le vent et la pluie me glacent le corps. Tout est désert. Mais où sont ces personnnes terrifiantes...

Ces chose qui font que ce monde s'appelle le monde du malheur. Ces choses dont on m'a parlées brièvement. Je m'attendais vraiment à des monstres m'arrachant la jambe dès que je serais arrivée sur leur territoire. Voilà ce à quoi je m'attendais mais... il n'y a rien de tout cela. D'ailleurs, il n'y a rien. À part un sombre paysage et un courant d'air froid qui me fait frissonner, il n'y a strictement rien.

Et en un coup, un bruit sourd. Un cri grave ou un claquement de porte, mais en bien plus terrifiant. Un bruit qui me surprend et me fait sursauter. Dans le silence qui emplit le lieu, dans le calme de l'univers, ce bruit me réveille inconsciemment. Cet endroit étrange et sombre n'est plus à la portée de ma vue.

Sans la savoir, sans le contrôler, je ferme les yeux. Si fort que j'en ai mal au paupières. Le noir est présent plus que jamais dans ma vision. Je me sens bizarre. Je me sens comme... vide. C'est comme si je n'avais plus d'organes, plus d'os, plus de muscles, mais surtout, plus de sentiments, plus de peur, plus d'espoirs, plus de rêves, plus de coeur. Je ne suis plus qu'une espèce de peau sans vie. Je ne sais pas comment je tiens debout ni si je tiens toute seule, sans appuis. Dans un effort vain, je tente d'ouvrir mes yeux mais rien n'y fait, je n'ai aucun contrôle sur moi-même. Le silence envahit mes sens et une horrible de jasmin emplit l'espace où je me trouve. Je ne sais pas où je me trouve, je n'ai pas le contrôle de mon corps, je ne sais pas ce qu'il se passe, je ne sais pas si je suis encore sur l'île du malheur, je ne sais pas dans quelle position je suis, je ne sais pas s'il y a quelqu'un autour de moi, plus aucune odeur n'atteint mes sens, plus aucun son. C'est simple, je ne sens rien, je ne sais rien et j'ignore tout. Et par-dessus tout, je ne sais pas quoi faire bien que si je le savais, je n'aurais pas l'occasion de pouvoir le faire.

Et aussi brutalement que ce seul bruit dont je me souviens, je me sens revivre. C'est comme un aterrissage soudain. Je sens une surface dure et rugueuse sous mon dos. La chair de mon corps me pique en des milliers de fourmillements. Mes paupières se retrouvent légères et je peux ouvrir les yeux. Je visualise la pièce et me rends compte que je me trouve dans mon lit douillet. L'horloge affiche 2h du matin et je vois clairement la lune à travers mes rideaux transparents. Je distingue à nouveau le son des cliquetis de la pluie mélangés au bruit des aiguilles de l'horloge. Une nouvelle odeur de jasmin plus légère que la première envahit mon nez. Je cligne plusieurs fois des paupières.

J'ai du mal à me rappeler et à croire mes souvenirs. Mon coeur bat à une vitesse anormale comme si je ressortais d'un marathon. Je me frotte le visage avant de laisser tomber ma tête sur l'oreiller.

Après de nombreux essais, je n'arrive pas à me rendormir. On dirait que ma nuit est finie.

Mais ce monde, ce bruit sourd et grave ainsi que tout le reste de la soirée m'intrigue énormément.

Malgré ce vide ressenti en moi, je donnerai n'importe quoi pour revivre cette sensation. C'est... apaisant et tranquille, loin de tous les problèmes de la vie et même de ceux des rêves.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2015 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Un monde féerique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant