Tw : scarification, manipulation émotionnelle.
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Quand j'ai réalisé que j'avais des sentiments pour mon amie, j'ai eu l'impression que mon monde s'écroulait. Non seulement j'avais découvert il y a peu que je pouvais aimer les filles et les garçons, mais en plus, voilà que la première personne dont je tombe amoureux soit une fille, et plus spécifiquement Splash, mon amie que je connaissais depuis 4 ans. J'ai essayé de réfréner ce que je ressentais pour elle. Là aussi, j'espérais qu'il ne s'agisse que d'une passe. Sauf que ça allait bien plus loin que ça. Je l'aimais tellement que j'aurais pu mourir pour elle. Et bête comme je suis, je l'aidais à régler ses problèmes de couple avec l'autre bourgeoise. Nous étions sur un groupe Messenger tous les 3, avec en plus un ami de cette fille, tout aussi détestable qu'elle mais pour d'autres raisons. Tous les jours, je voyais Splash et sa copine faire des allusions sexuelles et parler de ce qu'elles feraient quand elles se verront en vrai. Je me sentais mal. Je voyais bien qu'elle aimait sa petite amie, et je ne voulais pas la priver de ça. Pour rien au monde j'aurais souhaité qu'elles se quittent. Je voyais qu'elle était heureuse, et je voulais qu'elle le reste.
Mais ça devenait de plus en plus douloureux pour moi. Quand j'allais dormir chez Splash, elle et moi étions dans le même lit et elle passait sa main dans mes cheveux pour m'aider à m'endormir. Cette proximité était, de son point de vue, purement amicale sauf que moi, ça faisait battre mon cœur à toute allure. Car Splash était quelqu'un de très tactile, que ce soit avec moi ou avec les autres.
J'ai enduré ça jusqu'au lycée. Durant 1 an, je n'ai rien dit, et j'ai fait comme si de rien n'était. Mais je commençais sérieusement à en avoir marre de la petite amie de Splash qui se montrait irrespectueuse avec elle. Et un jour, alors qu'elle faisait sa valise pour un énième voyage en Chine, elle nous avait demandé sur le groupe si elle devait emporter avec elle des préservatifs "au cas où". Quoi ? Au cas où elle trompait sa copine ? Ce qui est dingue, c'est que Splash ne lui a rien dit. Visiblement, je n'étais pas le seul à être idiot et amoureux.
Étant dans des lycées différents, Splash et moi on commençait à moins se voir, même si on continuait de temps en temps à s'inviter chez l'un et l'autre le week-end. Mes sentiments étaient en train de me bouffer. J'allais mal, et il y en a un qui en a profité. Vous vous souvenez de ce garçon qui était avec nous sur le groupe ? Celui qui était détestable, oui. Et bien si il l'était, c'était parce que ce type était un gros pervers relou, toujours à faire des blagues ou des remarques gênantes sur la poitrine des filles... Et la mienne. Il a commencé à me tourner autour et moi comme un con, je jouais le jeu. C'était des blagues, rien de sérieux. Deux gamins de 16 ans qui s'ennuyaient et qui trouvaient ça marrant de faire des plaisanteries sur le sexe et qui employaient des mots japonais comme oppai ou hentai. Je ne sais pas vraiment pourquoi je ne lui ai pas mit un stop dès le début. Ma dépression et mes émois amoureux devaient sans doute avoir un rôle là-dedans. Je le voyais comme un pote, rien de plus.
Et puis un jour, il a commencé à me demander des photos de ma poitrine, toujours sous le ton de l'humour. J'ai refusé d'abord une première fois, ne le prenant pas au sérieux, puis une deuxième, et une troisième. À chaque fois, il faisait passer ça pour une mauvaise blague. Et à force d'insister, j'ai craqué. Je lui ai alors envoyé une photo de moi en sous-vêtements, et c'était la première fois que je faisais une chose pareille. Je me souvient parfaitement de cette photo. Je l'avais prise devant la porte de ma chambre et on voyait en fond mon sac aux couleurs du drapeau américain. Mon visage était rouge de stress.
Je n'avais pas envie de le faire. Mais mon "ami" me le demandait tellement, que j'ai cru qu'il allait finir par m'abandonner si je ne le faisais pas.
"Et si il ne me trouvait pas drôle ? Après tout c'est pour rire, c'est ce qu'il m'a dit. Et si il voulait arrêter d'être mon ami à cause de ça ? Ce n'est qu'une photo, ce sera finit après ça."
J'ai tout de suite regretté de lui avoir envoyé cette photo. Surtout lorsqu'il m'en a envoyé une de son entrejambe en retour. Et même si je n'ai pas vu ce qu'il y avait en dessous car il l'avait censuré avec un trait dessiné au doigt, je me suis senti sale. Je n'ai jamais dit aux autres que c'était arrivé. J'avais beaucoup trop honte. Et puis ça avait marché : il avait arrêté de me demander des photos vu qu'il avait eu ce qu'il voulait.
Plus je lisais les messages sur ce groupe messenger, et plus j'avais envie de vomir. Entre lui, et son amie qui faisait du mal à Splash, je commençais à avoir envie de mettre fin à tout ça. Je me rendais enfin compte que ça me mettait dans le mal. J'ai eu cette prise de conscience suite à une discussion avec mon frère.
Cela faisait peu de temps que j'avais rencontré Thon, la fille qui se mutilait les bras au lycée. Elle disait qu'elle le faisait parce qu'elle n'allait pas bien et moi aussi, je n'allais pas bien. La preuve : je pleurais tous les soirs. Alors un jour, alors que ça n'allait pas bien du tout, j'ai repensé à elle et ce qu'elle faisait. J'ai bêtement cru que ça pourrait m'aider moi aussi. Alors j'ai prit le ciseau dans la chambre et j'ai enfoncé la pointe dans ma peau. J'y ai laissé 7 marques rouges, mais pas une goutte de sang. Mon frère s'en ai rendu compte et est venu me voir le soir, pour en parler. Et c'est là que je lui ai raconté pour Splash. Il m'a fait promettre de ne plus jamais me refaire du mal. Et pour m'en dissuader, il a attrapé le ciseau et s'est ouvert le bras. Il m'a dit que si je recommençait, il se le ferait lui aussi. Ce soir là, ce n'était pas son sang que j'avais prévu de voir.
***
J'ai beaucoup réfléchi les jours qui ont suivit. Une part de moi ne voulait pas tourner le dos à mes amis. Pour arriver à passer le cap, il y a eu la goutte de trop.
Splash était venue à la maison pour une après midi jeux vidéos avec moi et mon frère. Et tandis que nous jouions à Minecraft, j'ai remarqué que la bourgeoise essayé de contacter sa copine sur le groupe. J'ai alors averti mon amie qui lui a répondu :
"Désolé, Ali ne voulait pas que j'utilise mon téléphone".
Ah. C'est donc ça. Je l'ai regardé abasourdi et je lui ai demandé pourquoi elle avait été dire une chose pareille. Ce à quoi elle s'est défendu : "mais c'est toi qui a demandé à ce que je sois moins sur mon téléphone quand on se voit".
Je ne vais pas passer quatre chemins : j'ai explosé. Enfin pas littéralement, sinon je ne serais pas là pour écrire tout ça. Non par exploser, je veux dire que j'ai eu un craquage de nerf tellement énorme que je l'ai insulté de tous les noms et que j'ai cassé le boîtier du jeu en marchant dessus quand je me suis rué dans ma chambre pour pleurer. Moi qui faisais tout pour que sa copine ne me voit pas comme une menace et qui jouais même les conseillers conjugaux. Tout ça, ruiné par une phrase.
Mes propos avaient été très violents et avaient dépassés ma pensée. Alors pour essayer d'arranger les choses, mon frère a avoué toute la vérité à Splash.
On s'est revu une semaine plus tard, pour une après-midi piscine avec mon frère. C'était la première fois que Splash et moi on se revoyait depuis qu'elle savait que je l'aimais. Et cette journée a été l'une des plus gênante de ma vie. Notre relation avec beaucoup changée. Elle se montrait toujours tactile avec moi, comme à l'époque, à la différence que ça me mettait encore mal à l'aise qu'avant. Entourer ses bras autour de moi tandis que nous étions en maillot de bain n'était peut-être pas la chose la plus appropriée après ce qui est arrivé. Alors je sais, elle voulait faire comme avant, pour me montrer que mes sentiments ne changeaient rien à notre amitié. Ce qui, évidement, part d'une bonne intention. Mais c'était trop tôt. Bien trop tôt.
La journée avait été gênante, autant pour elle que pour moi. Elle, parce qu'elle tentait de se rapprocher et de retrouver notre complicité d'avant. Et moi, car j'essayais de prendre mes distances. Finalement, je me suis éloigné et j'ai finit par arrêter de lui parler à elle et les autres. Ça avait été une décision difficile à prendre, mais je pensais que c'était la meilleure chose à faire sur le moment. Car pour une fois, j'ai arrêté de me soucier des autres pour m'occuper de moi. Et après tout ça, j'ai décidé de faire une croix sur l'amour.
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Un Journal Intime Pas Très Intime
No FicciónL'autobiographie d'un petit gars en galère pas si petit que ça. Queer, et autiste, j'ai réuni tous les carnets anecdotiques que j'ai écrit durant mes années de lycée afin de rédiger cette autobiographie. Plusieurs thèmes abordés : multiplicité, dép...